Prisonnier du Temps 65

Chapitre Soixante-Cinq : Un fripon de chat


Shi Jian se mit à réfléchir au moyen de nourrir son chat tous les jours avec des aliments frais.

En elles-mêmes, les conditions sur la planète Mutian n'étaient pas favorables pour faire pousser des ingrédients frais et naturels. Tous les ingrédients frais devaient être importés d'autres planètes alors le prix était en conséquence. De plus la planète Mutian était assez développée et les revenus de ses habitants étaient relativement élevée, alors les prix de base étaient chers ici, de même que les loyers. Même le campus de l'académie était hors de prix pour lui qui dépensait presque tout dans ses frais de scolarité. Voilà pourquoi il avait dû se résigner à loger dans un endroit miteux comme celui-là.

Heureusement les transports publics étaient très complets sur la planète Mutian et ne coûtaient pas très chers. Il n'avait donc aucun mal à faire l'aller et retour entre l'académie, son travail et son appartement tous les jours.


Il était orphelin de naissance et avait grandi dans un orphelinat. Il n'avait vraiment aucune famille. Quand il était parti à l'âge de seize ans, il ne possédait rien à part ce qu'il avait sur le dos. Les deux années suivantes, il avait travaillé et économisé de l'argent mais tout avait à peine suffi à payer les frais de scolarité à l'école militaire — la Première Académie Militaire Fédérale était principalement financée par la Fédération mais elle était ouverte à tous les étudiants de l'Univers, y compris ceux de l'Empire. Seuls les élèves appartenant à la Fédération pouvaient prétendre à des prêts étudiants et des bourses d'étude financés par la Fédération, et les nouveaux étudiants qui avaient d'excellents résultats pouvaient aussi faire une demande pour des bourses de première année.

Cependant Shi Jian provenait d'une planète indépendante au fin fond de l'Univers et ce n'était que grâce à leur politique d'ouverte et d'éducation pour tous qu'il avait pu intégrer la Première Académie Militaire Fédérale. Bien évidemment, Shi Jian n'était pas du tout qualifié pour prétendre à ces aides étudiantes. Ce n'était qu'après leur admission que ceux qui avaient d'excellents résultats pouvaient demander une bourse d'étude.


L'école venait juste de commencer. Il n'avait pas encore touché le premier versement de sa bourse et les cours lui prenaient la majeure partie de son temps. Il n'avait donc plus vraiment le temps de prendre un petit boulot. L'argent qui restait sur son compte suffirait à peine à lui permettre d'acheter les moins chers des nutriments afin de tenir le coup jusqu'à la fin du mois.

Et là, il avait adopté un petit gars difficile et capricieux, quelle idée.

Bien qu'il pensait ainsi, Shi Jian n'avait absolument pas l'intention d'abandonner ce petit trésor ni même de le forcer à devenir moins difficile. Malgré ça, la triste réalité était qu'il n'avait même pas assez d'argent pour lui acheter du poisson.


En y songeant, Shi Jian prit son communicateur et composa un numéro.

« Je t'appelle pour savoir si je peux venir travailler demain, » fit-il d'une voix très calme.

Yan Tuo l'entendit parler et accourut au bord de la table pour se rapprocher de lui, les oreilles tendues. Voyant cela, Shi Jian le prit aussitôt dans ses bras.

À ce moment une autre voix un peu rauque émana du communicateur :

« Hein ? Tu n'es pas déjà inscrit à l'école militaire ? Tu as dit que tu ne ferai plus jamais ce genre de choses.

– Je n'ai pas le choix, répondit Shi Jian en caressant le chaton dans ses bras. J'ai besoin d'argent là parce que j'ai une autre bouche à nourrir chez moi.

– Quoi ? Alors... tu t'es marié ? » demanda l'autre homme avec curiosité.

Shi Jian ne répondit pas et la voix n'insista pas plus. L'autre homme accepta avec joie :

« Okay, je vais arranger ça. À demain. »

Shi Jian le salua aussi puis mit fin à la communication.


Yan Tuo était vraiment très intrigué. Il leva la tête pour faire face à Shi Jian et miaula. Il ne savait pas ce que ce dernier comptait faire mais cela avait l'air d'un travail pour gagner sa vie.

Shi Jian le porta pour le poser sur ses épaules. Il se leva pour récupérer le reste de soupe et de poisson de Yan Tuo et mettre le tout dans un sac plastique avant de ranger ça au réfrigérateur. De cette manière, il n'aurait qu'à le réchauffer demain pour que son chat ait encore à manger. Il alla ensuite à côté pour rendre le récipient et le bol et remercier à nouveau sa voisine.

Après avoir tout rangé, il souleva Yan Tuo, l'examina puis décida de lui donner un bain. Après tout, il avait seulement nettoyé en gros le chaton après l'avoir ramassé dehors.

Alors il caressa les oreilles du chaton et fit d'un ton calme :

« Sois sage, bébé, je vais te donner un bain. »

Yan Tuo resta docilement dans ses bras et miaula doucement.


* * *

L'évier était rempli d'eau. Yan Tuo s'était d'abord dit que ce ne serait rien de prendre un bain et il avait vraiment besoin de se laver. Sauf qu'une fois face à l'eau, il ressentit une terreur immense — il ignorait si les autres chats réagissaient pareil en présence d'eau. Du coup il ne voulait plus prendre de bain et en plus il se disait... Il y avait vraiment trop d'eau et il était si jeune, est-ce que Shi Jian comptait le noyer ?

Il se mit à miauler vivement mais Shi Jian, impitoyable, saisit ensemble ses deux pattes avant d'une main. Yan Tuo leva les yeux vers l'autre homme tout miaulant, une supplique dans les yeux noirs, ronds et larmoyants.

Bébé, tu es si jeune que tu n'as pas pu déjà voir de l'eau, non ? Pourquoi ça te fait si peur ?

Shi Jian resta un moment figé puis fit d'un ton patient :

« Ne t'en fais pas, bébé, je vais te tenir. Je vais juste mouiller un peu ton corps et rien de mal ne t'arrivera. N'aie pas peur. »

Cependant Yan Tuo secoua la tête désespérément, refusant d'écouter ou de relâcher ses griffes.


C'était la première fois que Shi Jian le voyait si accroché alors il ne put rien faire. Au bout du compte il le reposa sur la table et humidifia et frotta un peu son pelage avec de l'eau dans sa main.

Yan Tuo savait que son pelage était humide et il se sentit aussitôt mal à l'aise. Pressé par Shi Jian, il ne pouvait pas bouger mais il ne cessa pas de miauler et sa petite tête se tortillait sous la paume de l'homme. Il s'opposait de toutes ses forces et ne montrait pas la moindre coopération. Cela dura tant que Shi Jian le lava soigneusement, le posa sur sa main et utilisa un sèche-cheveux pour sécher le pelage.

Sous le souffle de l'appareil, Yan Tuo se débattit à nouveau et alla se cacher dans les bras de Shi Jian, allant même jusque dans son T-shirt. Shi Jian posa le sèche-cheveux, le prit dans ses bras et le déposa sur le lit. Il lui dit de bien dormir sagement avant de retourner dans la salle de bains pour sa propre toilette.


Yan Tuo ne resta pas sagement à dormir. Dès que Shi Jian fut hors de vue, il se leva, marcha jusqu'aux vêtements de Shi Jian, tourna et retourna les vêtements proprement pliés dans tous les sens puis se roula dessus.

À cause de sa vie précédente, il éprouvait une méfiance et un rejet instinctif envers la Fédération. Toutefois, même en sachant que l'homme qui l'avait adopté à présent allait devenir plus tard la force la plus importante de la Fédération, Shi Jian n'était encore qu'à l'école militaire et il semblait se montrer gentil avec lui en tant que chaton. Il n'était qu'un chat alors il ne pouvait pas faire grand-chose à l'autre homme. Il en était réduit à lui faire des farces et défouler une partie des griefs accumulés dans son cœur.

Il semblerait qu'après être devenu un chaton, son esprit était aussi retombé en enfance.

Étant donné qu'il ne pouvait pas faire grand-chose pour le moment, Yan Tuo décida de suivre le flot et de rester avec Shi Jian pour le moment tout en attendant une bonne occasion. Au moins la Première Académie Militaire Fédérale était un endroit très réputé, il pourrait peut-être y trouver le moyen de redevenir lui-même.


* * *

Quand Shi Jian sortit de la salle de bain en ressuyant ses cheveux avec une serviette, il vit son chaton se tenir fièrement sur ses vêtements propres qui étaient tout emmêlés. Le chaton levait fièrement la tête pour le regarder et il miaula comme s'il venait d'accomplir un exploit.

En le voyant venir, le petit gars se coucha et roula de nouveau sur les vêtements. Puis il se redressa, saisit le vêtement le plus léger entre ses dents et courut triomphalement vers l'oreille pour se glisser à l'intérieur de la taie.

Shi Jian se rendit compte que le petit trésor avait pris son caleçon... Effectivement, la chemise et le pantalon étaient trop gros et lourds pour lui, il n'aurait pas pu les soulever.


« Bébé, sors de là, » le gronda Shi Jian à la tête du lit.

Le petit corps remua sous la taie puis fit la sourde oreille.

Shi Jian réalisa que ce chaton était étonnamment intelligent mais aussi faible, volontairement douillet, exigeant et fripon.

Il ne dit plus rien, s'assit directement sur le lit et tendit la main pour extraire le chaton de sous la taie d'oreiller. Il découvrit alors que son caleçon avait été abandonné depuis longtemps sous la taie. Il ne s'en souciait guère. Il allongea le chat sur ses genoux et donna la fessée sur son derrière poilu avec deux doigts.

Le chaton savait que la situation se présentait mal à partir du moment où Shi Jian l'avait tiré de la taie d'oreiller. Après avoir été posé sur les genoux de l'homme, il tenta de se relever en enfonçant ses petites griffes dans la chair, en vain. L'homme lui donna la fessée. Il se mit alors à miauler misérablement et tourna la tête pour essayer de contempler l'homme de ses grands yeux noirs larmoyants.


Shi Jian savait qu'il ne lui faisait quasiment pas mal, c'était juste que le chaton était trop douillet et qu'il ne cessait de faire son mignon. Après deux tapes de plus, il s'arrêta et fit :

« Tu comprends ce que tu as fait de mal ? Tu comptes encore être vilain plus tard ? »

Le chaton l'ignora, souffla et sauta de ses genoux. D'un pas vacillant, il courut à l'intérieur de l'oreiller et s'allongea pitoyablement. Sa queue s'agita et tenta de pousser la taie d'oreiller pour le recouvrir.

Shi Jian soupira et alla prendre une autre taie dans sa commode. Puis il se changea et s'allongea. Il serra le chat près de son cou puis le recouvrit de la nouvelle taie en disant :

« D'accord, arrête de te fâcher et viens au lit. »


Cette position était idéale : même s'il se retournait accidentellement au cours de la nuit, il ne risquait pas d'écraser le chaton. Naturellement il valait mieux que son bébé se repose avec lui la nuit plutôt qu'il fasse le fou autour du lit la nuit — d'après ce qu'en avait vu Shi Jian, il en avait déduit que le petit trésor n'oserait pas sauter du lit tout seul. Tant qu'il le laissait posé sur le lit, le chaton resterait sagement dessus et il en était de même pour la table. Il soupçonnait que son bébé avait le vertige.

Le chaton miaula doucement une fois couvert de la nouvelle taie, comme s'il était content. Le petit corps se déplaça dans sa direction.

Shi Jian caressa son doux pelage blanc avec satisfaction puis s'endormit avec son chaton.

Yan Tuo conservait toujours sa routine d'humain alors il ne risquait pas de faire le fou la nuit comme s'était imaginé Shi Jian. Yan Tuo était revenu à la vie et avait enduré de nombreuses mauvaises expériences, en particulier son corps qui s'était transformé en chat. Après une journée il n'en pouvait plus et s'endormit rapidement. Par contre Shi Jian ne dormit pas tranquille. Il se réveilla après un moment pour vérifier que le chaton allait bien. Il avait peur de l'écraser et que son bébé était si petit qu'il ne pourrait pas esquiver. Finalement il tendit la main et installa le chaton sur son torse. Il se coucha sur le dos et s'endormit à nouveau.







Commentaires :


:

:

Pour insérer des émojis dans le message, appuyez sur la touche Windows et ; de votre clavier (pour Windows 10).

Derniers chapitres parus :
La Renaissance du Suprême Immortel 345 et 346
Le Prince Solitaire alternative 5.2 partie 3
Comment élever un sacrifice 5.19 et 5.20
Cent façons de tuer un prince charmant 316 et 317

Planning des mises à jour :
Samedi : Cent façons de tuer un prince charmant
Comment élever un sacrifice
Dimanche : La Renaissance du Suprême Immortel
Le Prince Solitaire