Prisonnier du Temps 86

Chapitre Quatre-vingt-six : Une princesse chat


Comme c'était un ordre de Shi Jian et ajouté à son attitude angoissée, le meilleur vétérinaire spécialiste des félins de l'étoile capitale de la Fédération fut rapidement mandé à la chambre d'hôtel où logeait temporairement le commandant en chef.

Le docteur chevronné repéra adroitement l'odeur résiduelle d'encens dans la pièce. Après avoir ausculté le chat, il en conclut que ce n'était pas un problème grave mais des chaleurs provoquées par l'encens. Comme ce n'était pas un processus naturel, ce serait plus inconfortable et plus difficile à soulager. Ce chaton était bien trop jeune et faible. Le docteur reconnut au premier coup d'œil qu'il ne s'agissait pas d'un chat ordinaire aussi n'osa-t'il pas donner à Yan Tuo de médicaments pour réprimer les chaleurs par crainte des effets secondaires. Il put seulement recommander de surveiller en permanence l'état du chat et d'accompagner patiemment ce petit gars pendant cette période.

Shi Jian acquiesça, la mine sombre. Quand le vétérinaire partit, il remit son manteau et prit le petit être dans ses bras avant de quitter la chambre. Son chauffeur et ses intendants étaient toujours en attente en dehors de l'hôtel. Il était venu ici à la base pour se reposer temporairement mais à présent que son chat était de retour, il ne pourrait se sentir tranquille qu'une fois qu'il aurait ramené son bébé chez eux.

Dans la voiture volante, le petit gars ne cessa de miauler et de se frotter contre lui. Sa petite tête se frottait contre lui et pour une fois ce n'était pas parce qu'il faisait le mignon. Il était évident que le chaton n'était vraiment pas bien.


Shi Jian était si paniqué qu'il tint le petit être serré contre lui et caressa son petit corps, tentant de soulager la douleur de son petit bébé.

Il avait eu ce chat pendant dix ans mais ce n'était pas un chat comme les autres. Shi Jian n'avait jamais voulu stériliser son chaton et pendant ces dix années, son bébé n'avait pas connu une seule chaleur. Lui qui s'était inquiété que son bébé se sauve un jour avec une femelle et ne veuille plus de lui, cela ne s'était jamais produit. Son bébé était toujours resté comme un chaton à peine sevré qui ne grandissait jamais. Il était resté ignorant, curieux, lui tournant sans cesse autour et se comportant de manière mignonne ou dominatrice avec lui.

Du coup Shi Jian ignorait totalement comment aider son bébé qui était en chaleur. Il pouvait seulement laisser le chaton se frotter contre lui en tenant son petit corps d'une main et en caressant sa fourrure de l'autre.


* * *

Le véhicule volant s'arrêta devant sa demeure dans la banlieue de la ville. Shi Jian remit sa casquette militaire, enroula le petit être dans son manteau et porta rapidement le chaton dans sa chambre pour le déposer sur son lit. Pendant qu'il se douchait, il enveloppa le chat dans une couverture et le déposa sur une étagère de la salle de bain. En gros il s'assurait que le petit être restait dans son champ de vision — ce qui s'était passé cinq ans plus tôt l'avait profondément traumatisé. Il avait été hanté par les regrets pendant ce temps. S'il n'était pas parti à ce moment, il aurait dû rester dormir avec son bébé dans ses bras ou bien il aurait pu descendre avec le petit gars. Pourquoi s'était-il montré si imprudent juste parce qu'il était chez lui ? Pourquoi avait-il quitté son bébé des yeux... ?

Depuis, Shi Jian s'était juré que si son bébé revenait, il ne le laisserait plus jamais s'éloigner de plus d'un pas de lui.


Shi Jian se lava le plus vite possible, enfila un pantalon pyjama doux puis retourna au lit avec le chat dans ses bras.

Il se rappelait encore que son bébé n'aimait pas qu'il dorme tout habillé : il avait toujours l'habitude d'ouvrir le haut de son pyjama pour se faufiler dedans et se rouler en boule pour dormir confortablement contre son cou. Ensuite Shi Jian réalisa que son chat se donnait du mal pour écarter ses vêtements tous les soirs alors il prit l'initiative de déboutonner son haut pour laisser le petit gars dormir contre lui. Plus tard, du moment que Shi Jian pouvait se mettre en pyjama pour dormir J'imagine qu'il veut dire quand il dormait à la maison et non à la caserne ou pendant la guerre. (1), il s'habitua à dormir torse nu.

Par habitude il n'avait pas mis non plus de haut de pyjama cette fois et prit directement le chat dans ses bras et mit la couverture sur eux.


Il fut incapable de s'endormir. Premièrement c'était parce que son bébé qui était perdu lui était subitement revenu, ce qui le rendait extatique comme s'il y avait de nouveau de l'espoir en ce monde ; deuxièmement parce qu'il restait une foule de mystères autour de la disparition de son chat et du fait qu'il pouvait tout à coup se changer en humain ; troisièmement le fait de voir son chat si mal en point l'angoissait terriblement. Tant qu'il ne serait pas certain que son petit bébé allait bien, il n'aurait pas l'esprit tranquille.

Shi Jian garda les yeux mi-clos et caressa gentiment le doux pelage du chaton dans ses bras. Il cajola et apaisa le petit être sans oser s'endormir pour de bon.

Il voulait vraiment trouver un moyen d'aider son bébé à surmonter cet inconfort. Après tout puisque le chaton était en chaleur, il devrait trouver un moyen de se soulager et de passer cette période. Cependant le chat était visiblement épuisé, il ne roulait plus et ne miaulait plus misérablement comme au début. Il se contentait de se frotter un peu contre lui en émettant un ou deux petits bruits.


* * *

Yan Tuo se réveilla sous une bouffée de chaleur. Il sentait une gêne dans tout son corps et une irritation inexplicable. Cependant la personne qui le serrait contre lui était très confortable, et le corps rafraîchissait son propre corps chaud et émettait une bonne odeur qui le mettait à l'aise.

Pas totalement réveillé, il ne réagit pas à l'endroit où il se trouvait ou à ce qui s'était passé. Il ne put que passer ses bras autour de l'homme, l'esprit dans le brouillard, et presser ses lèvres chaudes sur la joue froide de l'autre homme...


Shi Jian sentit soudain que la forme qu'il tenait avait changé. Il ouvrit les yeux et vit que son bébé était redevenu le jeune homme d'avant. Ses joues rouges et ses yeux noirs, ronds et brillants étaient remplis d'inconfort et de doléances. Il le regardait d'un air ignorant et confus, un peu hébété et de toute évidence pas pleinement conscient.

Après un moment, ces yeux noirs chagrinés qui étaient les mêmes que lorsqu'il était un chat se refermèrent et le petit être fut aussi collant et délicat que lorsqu'il était un chat : il s'accrocha à lui et murmura vaguement des mots comme :

« Deviens ma princesse. »

« Je n'ai jamais eu quelqu'un avant toi alors tu seras mon seul et unique compagnon. »

« J'assumerai mes responsabilités envers toi. »

« Je te promets que tu seras ma princesse alors tu n'as qu'à me suivre. »

et ainsi de suite.


Shi Jian l'écouta avec perplexité et beaucoup d'impuissance. Il se dit en lui-même : Bien sûr que tu n'as eu que moi, qui d'autre tu voudrais ? Pendant toutes ces années je me suis occupé de toi et je t'ai donné de bonnes choses à manger. À part moi, qui d'autre prendrait soin de toi comme ça ? Avec un sourire ironique, il se demanda où son petit chat, si innocent et délicat, pouvait bien avoir appris des mots pareils.

Mais en y réfléchissant de nouveau, il avait emmené son chat consulter plusieurs vétérinaires avant et tout ce qu'ils avaient pu lui dire, c'était que son chat était une sorte de chat mutant sans parvenir à déterminer la catégorie et l'espèce de son bébé. Les analyses de l'examen clinique ne se rapprochaient jamais complètement des espèces répertoriées alors en conclusion ce chat était certainement une nouvelle variante de la race.


Shi Jian se demanda soudain si tous ceux de la même espèce que son bébé pouvaient se transformer en humain et se cachaient dans la société humaine sans jamais se dévoiler. Seul son bébé s'était stupidement sauvé, avait heurté son pied et s'était fait recueillir par lui. Peut-être même que le petit gars était un petit prince dans ce clan de chats, voilà pourquoi il était si fier, difficile et qu'il pouvait dire ce genre de choses.

Mais son bébé était si mignon sous sa forme humaine. Aucun chat ne pouvait être aussi mignon que lui et même si les autres chats pouvaient aussi se transformer en humains, ils ne seraient jamais aussi mignons que lui.

Son petit bébé qu'il aimait tant, qu'il avait perdu et maintenant retrouvé se frottait contre lui sans arrêt. Shi Jian ne put s'empêcher de tendre la main pour enlacer la taille et lui interdire de bouger à nouveau.


Yan Tuo se sentit encore plus lésé. Il tendit les bras pour le serrer contre lui et ne le lâcha plus. Il leva la tête en gémissant et embrassa le visage de l'autre homme.

« Tu es vraiment... »

Avec réticence, Shi Jian rendit son baiser à son petit prince.

« Quand tu es un chat, tu es si doué pour agacer les gens et c'est encore pire maintenant que tu es humain. »

Comme lorsque son chat était encore un jeune chaton, il l'embrassa sur tout son corps, son ventre doux et poilu, ses petites pattes blanches aux coussinets roses, ses yeux noirs brillants, son adorable petit nez, ses petites oreilles, la petite queue qu'il essayait toujours de cacher, la petit tête qui se frottait sans cesse contre lui. Il l'embrassa partout car il trouvait que son chat était trop mignon et qu'il le séduisait adorablement et en permanence.

Maintenant que c'était un humain, son chat était toujours aussi adorable à ses yeux mais ces baisers n'avaient plus la même signification qu'avant.


Shi Jian en fut obsédé et ne parvint pas à s'extirper de l'étreinte avec un Yan Tuo confus pendant qu'ils s'embrassaient. Ses yeux s'assombrirent et une voix résonna de plus en plus fort dans son cœur. Cette voix ne cessait de clamer :

« Possède-le, fais-le tien complètement. Peu importe qu'il soit un humain ou un chat, il t'a toujours appartenu. Si tu le possèdes totalement, il ne te quitte plus jamais, il ne disparaîtra plus, il sera entièrement à toi et t'appartiendra pour toujours... »

La voix finit par remplir tout son esprit et le moindre mot dégageait une tentation incomparable.

Shi Jian ferma les yeux, secoua la tête frénétiquement et déglutit. Il finit par chasser ces sombres pensées et cette voix tentatrice.


Puis il rouvrit les yeux et regarda le petit bébé qui s'accrochait désespérément à lui. Il caressa ses cheveux noirs et courts et déposa un baiser affectueux sur son nez droit. Il murmura ensuite contre son front :

« Bébé, je serai ta princesse, d'accord ? Je vais t'aider à te sentir mieux. Pas seulement cette fois, je t'aiderai ensuite chaque fois à l'avenir. Mais si tu acceptes, tu dois prendre tes responsabilités avec moi désormais. Tu ne dois plus demander à servir d'autres humains et tu ne dois plus t'associer à des chats, même de belles et mignonnes chattes. Tu es d'accord ? »

Le jeune homme écouta sa voix sans forcément tout comprendre. Il hocha simplement la tête désespérément, promit tout ce que lui demanda l'autre homme et pleurnicha dans ses bras.

Il allait bien quand il était un chat mais après être devenu humain, Yan Tuo semblait encore plus torturé par la sensation dans son corps.


Il n'a aucune idée de ce qu'il fait. Il s'est simplement vendu. Je profite de cet homme, ou plutôt de ce chat. Shi Jian soupira en se morigénant intérieurement. Néanmoins il baissa la tête et embrassa l'autre sur les lèvres.

Quoi qu'il en soit, cela ne changerait rien au résultat.

Il ne laisserait pas son bébé s'enfuir. Quoi qu'il arrive, son bébé ne pouvait être qu'à ses côtés.


Notes de Karura : Finalement, c'est toujours Yan Tuo qui séduit Shi Jian, non ? Sauf que pour une fois Shi Jian n'a pas manigancé le tout. Ou bien peut-être que oui ?

À un concours de chat où Shi Jian est le juge...

Shi Jian : Trop moche. Trop moche. Trop moche.

Les chats éliminés quittent la scène en pleurant de dépit.

Yan Tuo (humain) qui passait par là...

Shi Jian : Ça, c'est le plus mignon de tous les chats ! (le prend dans ses bras)

Les autres chats, indignés : Hé, ce n'est même pas un chat !

Yan Tuo se transforme en chaton blanc et tout mignon.

Les autres chats : La vie ne vaut plus la peine d'être vécu, snif !



Notes du chapitre :
(1) J'imagine qu'il veut dire quand il dormait à la maison et non à la caserne ou pendant la guerre.






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