Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Chapitre 11
« À vos ordres, répondit Heize. Quand désirez-vous convenir d’un rendez-vous ?
– Le plus tôt sera le mieux. Peu importe si ce sera de nuit, mais je dois le voir au plus tard demain matin.
– Y a-t’il un problème ?
– Je vous expliquerai plus tard. »
Heize hocha la tête, l’air un peu perplexe. Nigel ne pouvait pas lui expliquer en détail de quoi il en retournait. Ce qu’il allait faire à partir de maintenant était un peu fou à ses yeux.
En tout cas, son fidèle adjudant allait entrer en contact avec Schumach sur-le-champ et il était plus que probable que ce dernier accepterait de voir Nigel.
Voici en gros toute l’histoire de cet incident que Nigel avait découvert durant l’année qui avait précédé cette régression.
Il y avait fort longtemps, durant la Guerre des Dieux Antiques, il existait une épée légendaire maniée par le dieu Glarus quand il scella Ederta, le dieu maléfique. Une partie d’Ederta fut ainsi scellée dans cette épée Le rêve de Schumach était de dominer le monde en rassemblant toutes les pièces de l’épée.
La dernière pièce se trouvait précisément dans un temple oublié dans les environs du duché de Magnus. Kei, qui avait découvert où se trouvaient les pièces de l’épée, s’était également rendu dans ce temple. Malheureusement, Schumach avait déjà récupéré toutes les pièces avant son arrivée.
Au moment où Schumach rassembla toutes les pièces, une immense lumière noire se mit à couler comme une rivière et on pouvait la voir même au pied de la montagne. C’était une scène à la fois impressionnante et de mauvais augure, comme si on assistait à la renaissance du dieu maléfique Ederta. C’était une scène annonciatrice de la fin du monde.
Fort heureusement, comme pour laisser une chance au personne principal, Kei intercepta Schumach alors que ce dernier ne contrôlait pas encore totalement l’épée. Apparemment, l’épée complétée par Schumach détenait un immense pouvoir, mais il fallait un certain temps pour qu’un humain l’assimile. Kei attaqua précisément à ce moment où Schumach était le plus vulnérable.
Après une bataille féroce, Kai vainquit Schumach et scella de nouveau l’épée grâce à l’épée sacrée de Glarus qu’il avait obtenu en Orta. Ce fut ainsi que Kei vint à bout du démon qui avait failli faire sombrer le continent dans le chaos et qu’il devint un héros.
Ce que visait Nigel, ce n’était pas de suivre le cours originel de cette histoire.
Il voulait que Kei n’arrive pas à temps et que Schumach puisse contrôler pleinement son épée.
C’était un artefact qui scellait le dieu maléfique Ederta et qui avait le pouvoir de renverser le monde. Si Schumach maîtrisait à la perfection le pouvoir de cette épée, ne serait-il pas alors en mesure de tuer Inas ?
L’inconvénient, c’était que le monde allait être détruit, mais il n’y pouvait rien. Quand on y réfléchissait bien, tous les mondes devaient bien toucher à leur fin un jour.
« … »
J’ai l’impression que je suis en train de devenir un grand méchant. Dans les histoires, les méchants ont toujours leurs propres justifications. Mais pour les autres, c’est juste le méchant qui essaie de se trouver des excuses…
Nigel secoua désespérément la tête alors que personne ne le regardait.
Non, ce n’est pas ça. Il a dit que le temps allait revenir en arrière, alors du coup…
Il tenta de rationaliser.
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Comme prévu, Schumach envoya tout de suite une réponse positive à la demande d’entrevue de Nigel. Le jeune homme se rendit donc sans attendre dans la résidence de Schumach en carrosse.
D’après les informations de la régression précédente, cela faisait deux mois que Schumach avait mis la main sur la seconde pièce de l’épée de Glarus. C’était avant que Kei ne quitte la capitale.
Ce n’était pas un acte glorieux, alors Schumach agit subrepticement pour obtenir la pièce d’épée. Bien entendu, il y avait eu en cours de route une échauffourée avec les prêtres qui protégeaient l’épée et cela ne s’était pas bien terminé : Schumach les avait tous tués. Il était à présent recherché par le Temple.
Bien que leurs identités restaient secrètes, la force des prêtres et des paladins du Temple de Glarus était de notoriété publique à travers tout le continent. Schumach avait beau être le plus puissant chevalier de tout le royaume, il devait être sur ses gardes à présent qu’il s’était fait un ennemi de ces gens-là.
Et dans une telle situation, Nigel, qu’il connaissait à peine, l’avait soudain contacté. Schumach devait avoir pensé que sa piste avait été retrouvée à un moment donné.
Il pouvait vouloir tenter de faire taire Nigel par la force, mais ce dernier ne s’inquiétait pas trop. Même s’il mourait là-bas, il reviendrait de toute façon en arrière au 14 avril. Ce n’était pas comme s’il voulait expérimenter à nouveau la mort, mais…
Pour commencer, Nigel ne venait pas du tout dans le but d’accuser Schumach.
Sous le couvert de l’obscurité, Nigel descendit du carrosse et fut directement escorté vers une pièce à l’intérieur. En réalité, il s’agissait d’une petite maison avec jusque quelques pièces, alors il n’y avait pas besoin d’aller bien loin une fois gravies les marches du perron. Quand Nigel entra en suivant un serviteur qui semblait être le seul, Schumach était assis et l’attendait. Il se leva de son siège.
« Sire Schumach.
– Duc Magnus, c’est une surprise que vous ayez si subitement demandé à me voir. »
Nigel sourit et s’assit à la place que lui indiquait son hôte. Il ne parla pas tout de suite de ce qui l’amenait ici.
Même dans une demeure si miteuse censée être la résidence du meilleur chevalier de tout le royaume, Nigel conserva ses manières élégantes. Tout en le fixant d’un air étrange, Schumach lui servit du thé et lui tendit la tasse. Nigel l’examina par-dessus le thé.
Des yeux d’un noir profond avec des cheveux gris, il était proche de la quarantaine, soit quatorze à quinze ans de plus que Nigel. Bien que d’origines modestes, il était devenu le plus puissant des chevaliers du royaume à la seule force de son épée. Tel était Mikhail Schumach.
Bien qu’il soit très fier, il était resté clairement conscient de son statut de roturier. Comme il pouvait se montrer impitoyable sur les ordres des nobles, il y avait de nombreux endroits où Schumach n’était guère le bienvenu.
Pourtant, les choses allaient bien mieux quand le précédent roi Roderick était encore en vie, car il appréciait énormément cet homme. Mais quand il était subitement mort et que c’était le premier prince qui lui avait succédé, et non le second prince que Roderick préférait, la position de Schumach était subitement devint instable.
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Ce fut dans une telle situation qu’un accident de carrosse avait subitement eu lieu et que Schumach y perdit toute sa famille restante : sa mère, ainsi que son neveu et sa nièce qu’il avait élevé comme ses propres enfants.
Cet accident avait été suspect. Schumach avait accusé un noble qui l’avait toujours haï. Il y avait même des preuves et des témoins. L’accusation fut pourtant rejetée et Schumach, qui n’avait pas pu faire payer cet homme pour son crime, sombra dans le désespoir.
Un tel malheur suffisait à changer complètement un homme.
Ce fut par pur hasard que Schumach était entré en possession du premier morceau de l’épée, cela relevait presque du destin tragique. Avec un fragment de pouvoir qui pouvait tout faire, il avait ainsi décidé de changer le système de ce royaume en lui-même, quitte à employer un pouvoir interdit.
Ce n’était pas complètement impossible de comprendre les sentiments de Schumach qui avait choisi un moyen si extrême. Nigel, qui était né dans une famille de ducs et avait grandi dans un corps fragile, n’était pas en droit pour commencer de dire qu’il le comprenait ou pas.
Ayant terminé ses réflexions, Nigel ouvrit la bouche :
« J’ai entendu dire que sire Schumach a récemment acquis un objet très précieux.
– De quoi parlez-vous ? » répliqua nonchalamment l’autre homme en se tournant vers lui.
À première vue, cela semblait être un mouvement ordinaire mais en se basant sur l’angle sous lequel le corps du chevalier s’était légèrement tourné, il était prêt à dégainer son épée pour tuer ou capturer Nigel si ce dernier disait un mot qu’il ne fallait pas. Bien que Nigel était incapable de manier une épée, il avait grandi dans une famille qui révérait l’escrime, alors il ne pouvait que savoir cela.
Malgré tout, il posa calmement sa tasse et ouvrit la fenêtre d’informations.
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Que c’était élevé… Considérant qu’au moment où Kei était allé combattre Schumach la dernière fois, son niveau était de 78 et ses HP de 1 100, les niveaux de Schumach étaient clairement supérieurs aux siens. Bien entendu, cela soulevait le problème de savoir s’il ferait le poids contre Inas.
Nigel s’inquiéta d’être venu pour rien, de s’être donné du mal et d’avoir pris des risques sans rien en retour.
« Sire Schumach est-il fort ? demanda-t’il.
– … Je dirais que oui.
– Si vous obteniez l’épée de Glarus, vous deviendriez encore plus puissant. »
Aussitôt, le regard de l’autre homme changea brusquement et s’illumina d’une lueur féroce. La main de Schumach, remplie d’hostilité, fila droit en direction de Nigel pour le saisir au cou. Le jeune homme se retrouva pressé contre la table. Il entendit ensuite à ses oreilles le sifflement de quelque chose qui fendait l’air et une dague aiguisée s’enfonça dans la table.
« Comment vous le savez ? »
Nigel rit sans s’alarmer après ce murmure grave.
« Vous ne devriez pas plutôt commencer par nier ?
– Cela ne sert à rien de nier devant quelqu’un qui est déjà convaincu. Je vous ai demandé comment vous le savez.
– Cela n’a aucune importance. »
De toute façon, Schumach ne le croirait pas même s’il lui disait la vérité.
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Le chevalier se renfrogna suite à la réponse de Nigel, qui était bien trop insouciant alors même que la dague s’était rapprochée de sa gorge.
« Où est passé cet enfoiré qui ne vous quitte jamais ?
– C’est vous, l’enfoiré. »
Il ne pouvait parler que d’une personne : Inas. Même si Nigel était venu voir Schumach pour tuer Inas, il refusait d’entendre quelqu’un insulter son bien-aimé Inas. Schumach rit en voyant Nigel froncer les sourcils en réponse.
« Je suppose que ça n’a aucun rapport avec ce sale type, fit-il.
– … Il y a un problème entre vous deux ou quoi ?
– Il n’y a rien de bon ou de mauvais entre nous. Je trouve juste qu’il y a quelque chose de sinistre chez ce type, » marmonna Schumach en agitant sa dague.
Une lame froide effleura la gorge de Nigel.
« Répondez-moi. Comment êtes-vous au courant pour les pièces de l’épée ?
– Vous n’avez pas besoin de le savoir.
– J’ignore d’où vous vient ce sang-froid, duc. Votre statut ne garantit pas pour autant que je vais vous laisser la vie sauve.
– Vous semblez avoir mal compris, je ne suis pas venu vous accuser de quoi que ce soit. Si c’était le cas, pourquoi serais-je venu en personne ?
– …
– Je veux vous aider. »
Schumach, qui ouvrait la bouche pour dire quelque chose, la referma, n’en croyant pas ses oreilles. Il semblait complètement pris au dépourvu par cette proposition inattendue.
« Sa seigneurie ne sait-il donc pas ce qu’est l’épée de Glarus ?
– Tout le monde sait ce que c’est : l’épée de Glarus qui a servi à sceller le dieu maléfique Ederta. C’était à l’origine une épée sacrée, mais elle a été complètement souillée par Ederta et est devenue maléfique. Elle possède un énorme pouvoir, mais ne peut apporter que le malheur. C’est un objet qui n’apportera rien de bon dans les mains d’une personne.
– Même tout en sachant ça…
– Oui, je suis venu vous voir en pleine connaissance de cause. Je veux vous aider, quoi que ce soit dont vous ayez besoin, » assura Nigel en souriant.
Il prit un air bon et aimable, comme s’il était prêt à tout donner à l’autre personne. Il n’avait pas besoin de trop en dire car il était impossible que Schumach refuse son aide. Bien entendu, quelqu’un de très méfiant irait soupçonner un piège…
La raison pour laquelle Kei pouvait suivre les traces de Schumach à chaque fois était très simple : c’était parce que cet homme, qui n’avait pas d’autre source de revenus que d’être chevalier, ne pouvait pas se concentrer uniquement sur la recherche de l’épée, alors il lui avait fallu beaucoup de temps. Ce genre de chose devait pourtant être faite d’une seule traite. Schumach devait en avoir bien conscience et avec l’aide du duc, cela lui faciliterait énormément la tâche.
En plus, s’il tuait Nigel ici pour le réduire au silence, cela ferait automatiquement de lui un fugitif, ce qui serait encore plus désavantageux pour lui. Du coup, il n’avait pas trop le choix que de serrer la main de Nigel maintenant.
« Vous allez m’aider ?
– Oui.
– Vous êtes sérieux ?
– Je suis sérieux. J’ai une santé fragile alors je ne gaspille pas mon énergie pour des choses inutiles. »
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Schumach fut saisi par un dilemme. Bien entendu, cela ne dura pas trop longtemps. Quelle que soit sa décision, le mieux était de dire qu’il acceptait pour le moment. Schumach hocha donc rapidement la tête, ce qui prouvait qu’il n’était pas stupide.
« Très bien, j’accepte la proposition du duc.
– Bonne décision. »
Nigel fut ravi de cette réponse rapide. Telle une épée qui continuait à viser la gorge de Nigel, Schumach ne lui faisait pas entièrement confiance, mais cela n’était pas grave. Avec suffisamment de temps, Nigel serait en mesure de l’amadouer.
« Alors en quoi pouvez-vous m’aider ? demanda le chevalier.
– Dans tout ce que vous voudrez. Je suis prêt à vous aider en tout, sire. »
En voyant Nigel sourire avec assurance, les lèvres de Schumach se tordirent pour former un sourire à son tour.
« Bien, je vois…
– Vous êtes d’accord ?
– Les rumeurs disaient donc vrai ? »
Au lieu de répondre par oui, Schumach parla de quelque chose qui n’avait pas de sens. Nigel cligna des yeux, confus.
Il y avait tout plein de rumeurs au sujet de Nigel, un duc qui restait principalement dans la capitale au lieu de se rendre dans son domaine glacial au nord pour des raisons de santé. Cependant, la plupart des rumeurs les plus ridicules étaient filtrées par les subordonnés de Nigel, de peur qu’il ne soit trop choqué pour rien, lui qui avait facilement tendance à s’effondrer. Autrement dit, il y avait 100 % de chance que la rumeur dont parlait Schumach était une de ces rumeurs ridicules.
« Il paraît que le duc est amoureux de moi.
– … Quoi ?! » s’écria Nigel, sincèrement ébahi.
La mâchoire de Nigel se décrocha. Il s’était dit que ce serait une rumeur ridicule mais en fait, le contenu était scandaleux.
En voyant le jeune homme si stupéfait, Schumach eut un sourire connaisseur.
« Vous pensiez que je ne le savais pas ? C’est le duc qui m’a aidé après ce tragique accident de carrosse. Et après ça, le duc m’est venu en aide à chaque fois que je rencontrais un problème.
– Non, c’est que… »
C’était juste qu’il se trouvait que Nigel n’avait jamais apprécié le noble qui avait provoqué cet accident de carrosse, alors il avait essayé d’en profiter pour le faire tomber. Quant à cette histoire comme quoi il aurait aidé la troupe de chevaliers de Schumach à chaque fois qu’ils rencontraient un problème… C’était juste que des gens aveugles qui se trouvaient au pouvoir tentaient d’empiéter sur les droits et les prérogatives des chevaliers, qui étaient pourtant essentiels, et que Nigel les avait défendus.
Comment cela avait-il pu aboutir à ce ridicule malentendu ?
« Vous m’avez aidé dans l’ombre et maintenant, vous dites que vous êtes prêt à tout me donner ? »
… Dit comme ça, on pouvait comprendre d’où venait le malentendu. Nigel voulut nier aussitôt, mais il garda la bouche fermée parce qu’il avait peur de se faire blesser par Schumach qui avait retiré la dague plantée à côté de lui. L’autre homme, qui tenait fermement la lame, la contempla un moment avant de la jeter plus loin. Ce ne fut qu’à ce moment que Nigel fut rassuré et ouvrit les lèvres pour parler, mais Schumach le devança :
« Je ne peux pas répondre aux sentiments du duc. »
Non, tu n’as pas du tout besoin d’y répondre.
« Par contre, même si ce n’est plus qu’une coquille vide, je peux vous offrir ceci. »
De quelle fichue coquille vide tu veux parler ? Ça fait partie des conditions pour avoir toute l’épée… ?
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Ce fut juste après ça que Nigel apprit ce que l’autre voulait dire par ‘coquille’, lui qui pensait bien trop loin. Schumach passa doucement ses bras autour de la taille de Nigel et baissa lentement la tête. C’était comme s’il essayait de poser sa bouche sur la sienne.
Nigel en resta choqué un bon moment.
Tout à coup, Schumach disparut devant ses yeux. Et à sa place se tenait désormais Inas, qui arborait un air féroce comme s’il était prêt à tuer tout le monde.
Note de Karura :
Inas : L’alarme de chasteté du seigneur Nigel m’a prévenu du danger !
Nigel, confus : Hum… qu’est-ce qui s’est passé ? Je ne comprends pas…
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