Comment élever un sacrifice 17

Chapitre 16


Le regard de Nigel passa d’Inas, qui semblait de vilaine humeur, à Schumach, qui se montrait de plus en plus agité, comme si cette mention de méchant avait titillé son mauvais côté.

« Dois-je le tuer parce qu’il est trop bruyant ?

– Non, ne fais pas ça. »

Pour être honnête, Nigel comprenait ce que ressentait Schumach. Contrairement à lui qui avait réussi à passer outre le fait de s’être fait tuer par Inas et menacer par Schumach en se disant ‘de toute façon, je reviendrai à la vie’, c’était pour Schumach une occasion unique dans toute son existence. Et Inas était en train de tenter de le priver de cette occasion. Bien entendu, Schumach était un peu trop prompt à gaspiller sa vie juste pour ça.


Toutefois, Nigel ne voulait pas trop sympathiser avec lui. Il n’arriverait pas à tuer Inas et accomplir la quête s’il se laissait trop émouvoir par Schumach.

« Huh… »

Sa tête commença à lui faire mal. Nigel grimaça et posa une main sur sa tempe. Inas devint encore plus enragé.

« Je n’ai vraiment pas l’intention de vous tuer, fit Nigel. Je vous prie d’y croire. Pourquoi je ferais tout ça si je voulais simplement vous tuer ? Calmez-vous et réfléchissez à tout ça. »

L’autre homme qui fixait Nigel comme s’il voulait le tuer se rendit vite compte que Nigel ne se sentait pas bien. Étrangement, sa fureur se calma et lentement, ses yeux se remplirent de compassion pour lui.

« Je vois.

– Quoi… ?

– Je trouvais déjà qu’Inas Idenbach était louche.

– … Pourquoi ?

– Il se dégage de lui quelque chose de sinistre. C’est une sensation indescriptible. Je savais bien qu’il cachait ses capacités, mais je ne me doutais pas qu’il pouvait employer la magie… »


Dire que quelqu’un était sinistre juste parce qu’il le ressentait, qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Au lieu de poser la question, Nigel décida qu’il appréciait encore moins Schumach.

« Tuons-le, c’est tout. De toute façon, nous pouvons mettre tout de suite un terme à cette session et passer à la suivante.

– Inas ! » le coupa Nigel, abasourdi par ses paroles subites.

Bon sang, n’était-ce pas dangereux de parler de ça maintenant ?

Mais Schumach contemplait Nigel d’une manière bizarre. Inas garda les yeux fixés sur Nigel, sans prêter la moindre attention à l’autre homme.

« … Que lui arrive-t’il ?

– C’est ce qui se passe quand on parle du système. Mais plus important encore, Nigel, je ne sais pas ce que vous avez en tête mais il vaudrait mieux éviter de s’allier avec Schumach.

– Pourquoi ça ?

– Parce que ce type a planté le drapeau avec vous plus de fois que Kei. »


Nigel garda le silence, choqué.

« Alors je vais me retrouver avec Schumach ?

– Ce n’est pas le personnage principal, alors il n’est pas aussi irrésistible que ça. C’est juste une, une métaphore.

– Tu m’as fait peur…

– Mais il a effectivement tendance à tomber amoureux de vous. Je pense que c’est parce que votre visage est à son goût.

– Mon visage ? Il est tout ce qu’il y a de plus normal.

– Non, mon seigneur, » argua fermement Inas.

Nigel savait qu’il n’était pas laid non plus mais qui le trouverait beau comparé à Inas, qui était aussi magnifique qu’une statue ?

Pourtant, Inas secoua la tête frénétiquement, comme s’il ne pouvait pas accepter ça.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

« De toute façon, reprit-il, même si on choisit de le tuer, tout redeviendra normal quand on reloadera la session.

– Reloader ?

– Quand on redémarre la partie. Nous retournons à l’état initial quand nous avons commencé. Au dernier 14 avril sauvegardé.

– Pourquoi vous ne dites plus rien ?! » s’écria soudain Schumach d’un ton suspicieux.

Le regard confus de Nigel passa d’Inas à Schumach. Ne rien dire ? Il était pourtant bien en train de parler avec Inas…

C’était donc ça, la réaction quand les gens ne comprenaient pas alors qu’ils disaient la vérité ?

Nigel avait connu ça indirectement dans la vision qu’il avait eue mais en le voyant pour de vrai, il trouva ça encore plus bizarre et dérangeant.

Une réticence viscérale apparut en Nigel. De la chair-de-poule se répandit sur tout son corps. Il y avait dû y avoir une époque où Nigel réagissait comme ça : comme une poupée qui ne se rendait même pas compte de ce qui se passait devant elle… Une existence clairement limitée, parfaite pour un personnage de fiction.


Nigel recula involontairement de Schumach qui le fixait étrangement.

« Qu’y a-t’il ?

– Aaah… »

En un instant, un mal de crâne vint l’assaillir comme une nuée d’abeilles.

C’était une douleur qu’il avait déjà connue. Bien que l’ayant déjà subie deux fois, Nigel fut envahi par une douleur impossible à surmonter.


<OUBLIE.>


ordonna une voix autoritaire résonnant dans sa tête.


<OUBLIE TOUT.>


Mais c’était un moment qu’il ne pouvait pas oublier. Cette douleur intense qui semblait vous déchirer le crâne…

« Nigel. »

Il y avait aussi le visage inquiet d’Inas juste devant ses yeux.

Nigel ne pouvait pas oublier tout ça. Il ne devait pas oublier. C’étaient des choses qu’il n’avait pas le droit de fuir comme un lâche.


<TU FERAIS MIEUX DE TOUT OUBLIER.>


Malgré les messages répétées, d’anciens souvenirs refirent de nouveau surface.


* * *

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Nigel et Inas se trouvaient au milieu d’un champ de bataille. De la fumée s’élevait et on pouvait entendre des cris venir de tous les côtés. Nigel crut d’abord qu’il s’agissait juste d’une plaine, mais il put voir alors des ruines un peu partout. À en juger par l’escalier en spirale familier à moitié effondré ainsi que le reste du paysage… C’était le duché de Magnus, plus précisément à Montstein, la capitale.

C’était le domaine sur lequel régnait Nigel, là où il était né.

Le Nigel de sa vision était en pleurs. Sanglotant, il était à la fois furieux et triste.

« Comment as-tu pu faire ça ?! s’écria-t’il.

Quelle importance ? »

L’homme en face de Nigel ne réagit pas outre-mesure à sa colère.

« Tu vas tout oublier, de toute façon. »

Les yeux noirs d’Inas étaient aussi sombres et profonds que les eaux déchaînées. Sa voix glaciale trahissait une colère féroce envers Nigel.


Nigel détourna le regard du paysage pour le poser sur Inas qui se tenait devant lui.

Inas était dans un piteux état.

Sa chemise, qui sortait d’on ne sait où, était déboutonnée et montrait tout le torse d’Inas, mais il était couvert de tellement de sang qu’on ne pouvait pas distinguer la peau. Ses cheveux étaient complètement emmêlés et il y avait plusieurs blessures sur son visage. Cela donnait l’impression d’une toute autre personne.

Et par-dessus tout, son expression était différente.

Le Inas que Nigel connaissait était toujours calme et gentil. Cependant, le Inas de sa vision crachait sa colère à l’état pur. Même la voix qu’il avait crue calme, quand il y repensa, elle tremblait en fait avec une foule d’émotions réprimées.

Qu’est-ce que j’ai oublié ?


Le Nigel de la vision, ignorant, argua que la colère d’Inas était injuste, ce à quoi Inas bondit, comme s’il explosait. Le corps de Nigel tomba par terre et Inas monta sur lui à califourchon et en hurlant :

« Tu vas oublier, oublier, oublier et encore oublier ! Peu importe combien de fois je te le dis, tu ne te souviens de rien… Peut-être que la prochaine fois, tu ne seras même pas amoureux de moi… »

Inas exprima sa fureur de tout son corps. Mais même dans ces paroles qu’il hurlaient à Nigel, on pouvait sentir son immense amour pour lui.

Nigel voulut assurer à Inas que non, qu’il ne savait pas pourquoi Inas était aussi bouleversé et il voulait aussi s’excuser tout de suite.

Je n’oublierai plus.


* * *


« Je ne veux plus oublier… » murmura Nigel avec un mal de tête horrible.

Sous ses yeux, la vision disparut comme une bougie qu’on soufflait. Aussitôt des dizaines de fenêtres d’informations apparurent devant lui.


<SYSTÈME : Impossible de corriger l’erreur.>

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<SYSTÈME : Impossible de corriger l’erreur.>

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Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Il sembla y avoir tout à coup un craquement, comme si on tentait de faire entrer de force dans sa tête quelque chose qui ne tenait pas dedans. Nigel s’effondra sur sa chaise, la tête entre ses mains.

« Qu’y a-t’il ? Mon seigneur, que vous… »

La voix inquiète de Schumach flotta en bruit de fond. Cet homme était toujours complètement ignorant de la vérité. Il ne savait rien, tout comme Nigel auparavant.

Au lieu de Schumach qui s’approchait, Nigel tendit la main vers une autre personne :

« Inas… »

Inas était le seul que Nigel voyait. Inas était la seule personne qui comptait. Parce que la seule personne à pouvoir comprendre ce qui arrivait à Nigel, c’était Inas.


Il avait entraperçu un souvenir où Inas avait détruit le manoir et s’était ensuite jeté sur Nigel comme pour le tuer. Mais étrangement, Nigel n’était pas fâché, peut-être parce que le Inas qu’il avait vu était un Inas dans son moment le plus vulnérable, un Inas face à un obstacle qu’il ne pouvait pas franchir après avoir enduré et enduré.

Nigel pouvait vaguement comprendre la solitude qu’avait ressentie Inas, coincé dans une étrange situation que personne ne pouvait comprendre ni même percevoir.

C’était si terrifiant. Le corps de Nigel se mit à trembler sans bien comprendre ce qui l’effrayait autant. Ce n’était pas Inas qui faisait peur. Ce qui faisait peur, c’était tout sauf lui. Nigel ne voulait plus jamais voir une chose pareille. C’était horrible, comme si ses propres fondations étaient assaillies…


« Seigneur Nigel. »

Une voix claire parvint à Nigel dans le brouillard de sa confusion. L’homme qui franchit les nombreux messages d’avertissement prit doucement Nigel dans ses bras.

« Inas…

– Oui, seigneur Nigel. »

Nigel le serra désespérément contre lui. Il agissait avec urgence, comme un homme en train de se noyer. Inas ouvrit aussi un portail spatial en soulevant Nigel dans ses bras.


Note de Karura : Eh oui, Inas n’a pas toujours été d’un calme olympien.






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