Chapitre 2

Nigel fut un peu pris au dépourvu quand il vit son poignet enserré par la main de Kei. C’était comme si son poignet n’aurait pas dû être là-dedans.

« Vous allez bien ?

– Hum, oui… » répondit poliment Nigel tout en jetant un regard à Inas.

Son chevalier avait un air si féroce qu’il aurait pu facilement tuer quelqu’un rien qu’avec son regard. Ses yeux comme des couteaux semblaient prêts à transpercer Kei à mort sur-le-champ. Quand Nigel croisa son regard, la férocité fut recouverte par un masque bien fait, mais son intensité était telle qu’on ne pouvait pas aisément l’oublier.

« Vous avez l’air très fatigué. Vous voulez que je vous aide ? insista Kei.

– Non, tout va bien… » répondit Nigel en déglutissant nerveusement.

S’il laissait Kei l’aider, ce jeune homme risquait de mourir.

Il aurait souhaité que Kei lâche l’affaire. Malheureusement, le jeune homme continua de le fixer d’un air inquiet et ne recula pas.

« Mais vous êtes devenu très pâle…

– Vous allez bien ? »

Même Lana, qui était plus loin, revint en arrière pour se porter à ses côtés, soucieuse.

« Je vais bien… je vous assure. »

Se rappelant du regard meurtrier de tout à l’heure, Nigel tendit la main vers Inas qui se tenait tranquillement à côté, afin d’empêcher la mort de ces deux-là.

« Inas, aide-moi.

– À vos ordres, seigneur Nigel. »

On pouvait sentir le triomphe dans sa voix. Pourquoi n’avait-il rien fait jusque là… ? Cela ne pouvait quand même pas être pour une raison aussi puérile et flippante que d’attendre que Nigel le choisisse de lui-même ? Mais en jugeant par la joie légère que seul Nigel pouvait percevoir, il semblait hélas que cela soit bien la raison.

Inas le puéril souleva Nigel dans ses bras. Cela aurait simplement suffi qu’il le soutienne pour marcher, mais il allait trop loin. Nigel voulut lui demander de le reposer mais d’après son expérience jusque là, il garda la bouche fermée car il savait que ce serait encore plus gênant de se disputer avec Inas ici pour peut-être obtenir gain de cause.

« Le duc semble épuisé alors je vais le porter. Je voudrais que vous trois alliez en avance dans la capitale pour y chercher un carrosse. Ce n’est pas grave si ce n’est pas un carrosse luxueux. Bien entendu, nous paierons le prix. »

C’était une proposition qui ne laissait aucune place à un refus. Lana hocha aussitôt la tête.

« Bien, nous allons faire ça.

– Lana, pourquoi tu acceptes… ! »

La jeune femme fronça les sourcils en voyant Kei furieux.

« Où est le problème à les aider pour ça ? Allons-y, Kei. »

Elle tira Kei par le bras, le jeune homme paraissant très mécontent pour une raison inconnue.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Nigel regarda le groupe de Kei s’éloigner jusqu’à disparaître, puis il soupira.

« Ne sois pas aussi puéril, fit-il à Inas.

– Mais c’est parce que je suis de mauvaise humeur. »

C’était un euphémisme. Nigel plissa les yeux et les leva pour regarder le visage de son chevalier. Inas regardait droit devant lui d’un air glacial. C’était la direction dans laquelle Kei était parti.

« Inas ?

– Je n’aime pas ça. Il y a quelque chose de différent. Je préférerais vous tuer. »

Ce n’était pas normal de le voir marmonner d’un air si morose, alors Nigel lui saisit le bras avec anxiété. Était-ce une mauvaise idée d’avoir proposé qu’ils rentrent tous ensemble ? Inas n’avait pas paru si fâché jusqu’à ce que Kei s’en aille, alors il y avait dû y avoir un problème.

« Inas, calme-toi… Ce n’est qu’un gamin, il n’est pas si puissant.

– Il est dangereux.

– Même s’il est dangereux… » je ne crois pas qu’il serait une menace pour toi.

Malgré ça, la colère féroce du chevalier ne fit pas mine de disparaître. Nigel tira sur son bras car Inas ne le regardait même pas.

« Inas, si tu le tues, le temps reviendra en arrière. Sois patient.

– Je peux le tuer, le tuer, le tuer et le tuer encore. De toute manière, si je ne tue qu’une personne, je ne reviens pas tout de suite en arrière. »

Nigel avait bien conscience que la session ne se terminerait pas tout de suite, mais il avait été effrayé par la férocité d’Inas. La raison pour laquelle Inas le tuait était parce qu’il pouvait revenir à la vie, mais… Il pouvait simplement tuer les autres sans se soucier qu’ils reviennent en arrière ou pas. La bouche de Nigel devint sèche sous l’effet de la terreur. Il ne voulait pas voir un Inas aussi effrayant.

Il s’empressa de tirer sur son bras.

« Non, Inas. Si tu continues à le tuer, tu ne feras que répéter ce monde encore de toute manière. N’est-ce pas affreux pour toi de toujours revivre les mêmes choses encore et encore ? »

Inas baissa les yeux pour le regarder. Dès que Nigel croisa les yeux noirs de l’autre homme qui le transperçaient, il en eut le souffle coupé. Inas regarda d’un air inexpressif un Nigel surpris, puis il étira les lèvres en un sourire.

« Je peux répéter ce monde des milliers de fois du moment que je t’ai avec moi.

– … Moi, je n’aime pas ça. »

Le faible murmure de Nigel arrêta l’énergie féroce d’Inas, comme coupée net. Le chevalier baissa lentement les yeux vers Nigel, tel un homme dont l’état d’ivresse avait subitement disparu.

« Je hais ça, Inas.

– Nigel.

– Je ne veux pas de ça. »

Il n’avait pas tant connu de répétitions que ça, mais il avait déjà l’impression de devenir fou. Ce n’était pas quelque chose qu’on pouvait faire et refaire en restant sain d’esprit.

Ses paroles parurent faire effet, alors Nigel s’agrippa à Inas et murmura désespérément :

« Sois patient, Inas. Ne gâche pas tout.

– Nigel…

– J’ai horreur de revenir dans le passé et je déteste me faire tuer par toi.

– Mais tu n’as pas dit que tu m’aimais ? murmura Inas d’un ton très peiné. Tu as dit que tu m’aimais.

– Oui, je t’aime…

– Alors tu dois mourir. Mon cher, c’est ce que je souhaite. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Tout en portant Nigel d’une main avec facilité, Inas enroula son autre main autour du cou du jeune homme. Le cou fin fut enserré d’un coup par la grosse main d’Inas.

Le corps de Nigel se raidit sous cette pression dont il pourrait pourtant se défaire avec juste un peu de force. Ce n’était pas juste pour des raisons psychologiques, mais l’énergie intangible qui émanait d’Inas l’étouffait littéralement. C’était comme si l’air autour était devenu subitement trop dense, ce qui l’empêchait de bien respirer et faisait picoter sa peau.

« Tu ne vas pas mourir pour de bon de toute manière, alors pourquoi pas ?

– In-Inas…

– N’aie pas peur. »

Inas se pencha vers Nigel, qui tremblait un peu, et l’embrassa sur les lèvres. Nigel aurait normalement dû se réjouir qu’Inas l’embrasse mais là, c’était plutôt flippant. Bien qu’on soit au printemps, un vent étrangement froid souffla et se pressa contre le corps de Nigel.

« Ughn… »

Nigel trembla de plus en plus. Inas le vit frissonner comme quelqu’un jeté au beau milieu de l’hiver et fit claquer sa langue :

« Inutile d’avoir si peur, Nigel. Je n’essaie pas de vous tuer parce que je déteste le seigneur Nigel. Je le fais parce que je vous aime.

– Tu joues avec les mots…

– Pas du tout, c’est vraiment ce que je pense. »

C’était absurde, totalement absurde. Nigel ravala ses larmes et repoussa Inas de ses mains tremblantes.

« Ne fais pas ça… »

Malgré le fait que Nigel craignait qu’Inas le tue à tout instant, ce dernier retira gentiment sa main. Cependant, même si Inas s’était laissé repousser cette fois, Nigel risquait toujours de se faire tuer aussitôt que Inas changerait d’avis.

« Ne me tue pas… »

Inas dévisagea lentement Nigel et contempla ses larmes sans rien dire. Au bout d’un moment, il soupira et caressa les yeux couleur sang de l’autre jeune homme.

« Nigel, puisque vous détestez autant ça, je ne vous tuerai pas.

– Tu m’as déjà tué, tu sais.

– C’était pour vous, parce que je vous aime.

– N’importe quoi…

– C’est la vérité. Je vous ai tué parce que je vous aime. Si je ne vous aimais pas, je ne vous aurais pas tué.

– …

– Vous ne savez donc pas que je vous aime ? »

Était-ce vraiment de l’amour ?

Nigel voulait y croire, mais il ne pouvait s’empêcher d’avoir des doutes.

Est-ce qu’Inas était vraiment amoureux de lui ?

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

À la fin d’une session avant de revenir en arrière, Nigel n’avait jamais trouvé la moindre considération dans le fait qu’Inas le tuait. C’était juste pour soulager l’anxiété d’Inas et pour sa satisfaction.

Si dans un amour à sens unique, la personne faisait ce qu’elle voulait, ce n’était que de la violence. Il se pouvait que ce qu’Inas ressentait pour lui n’était qu’une simple obsession tordue…

C’était une idée sur laquelle il ne voulait pas s’attarder, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’y penser. Nigel se mordit les lèvres et Inas leva une main pour l’en empêcher.

Nigel aurait bien aimé se noyer dans cette gentillesse.

« Je ne vous tuerai pas, Nigel.

– …

– Je ne vais pas vous tuer, alors ne pleurez pas. »

Je ne pleure pas !

Au lieu de répliquer ainsi, Nigel regarda son chevalier avec un certain désespoir.

« … Tu peux le jurer ?

– Je le jure, Nigel. Je le jure en ton nom, toi qui es mon dieu. »

Le serment que prononça Inas était très embarrassant, juste assez pour donner envie à Nigel de jurer. Pourtant même en cet instant, il se sentit comme possédé par l’affection d’Inas. Il décida donc de laisser passer ça une fois de plus pour le moment. Même s’il avait du mal à y croire, Inas n’avait encore jamais brisé une promesse qu’il avait faite à Nigel.

« … »

Tout à coup, Inas releva la tête en se renfrognant. Nigel se demanda ce qui pouvait bien se passer, alors il regarda dans la même direction que son chevalier mais ne vit rien.

« On dirait qu’il y a eu un problème.

– Quoi donc ?

– Hé bien… »

Marmonnant sans répondre vraiment, Inas reprit sa marche vers la capitale. Sans savoir ce qui se passait, Nigel s’adossa simplement tranquillement contre lui. Il se disait qu’il aurait dû l’interroger pour en savoir davantage, mais son corps lui semblait soudain lourd et très épuisé. C’était comme s’il allait tomber malade.

Environ cinq minutes plus tard, Nigel comprit ce qu’Inas avait voulu dire par ‘problème’.

Un garde de la capitale arriva au galop de loin, avec Kei montant derrière lui. Ce garde avait un air d’urgence sur le visage. Avant même de descendre de sa monture, il s’écria vers Nigel et Inas :

« Vous allez bien ?! »

Nigel se redressa avec du mal.

« Que se passe-t’il ?

– Un immense pouvoir magique vient d’être détecté dans cette zone. Cela pourrait être une antique bête démoniaque ou bien un des serviteurs du dieu maléfique Ederta… »

Le garde, qui venait de parler rapidement et reprenait à présent son souffle, cligna des yeux en voyant les deux hommes qui avaient l’air si tranquilles.

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Il descendit de sa monture.

« Vous n’avez vraiment rien vu ?

– … »

Nigel ne savait pas si cela avait un rapport ou pas avec le dieu maléfique Ederta, mais il savait qui était responsable de cet immense pouvoir magique. Il jeta un regard en coin à Inas. Il y avait peu de temps, une énergie terrifiante avait émané de cet homme. De toute évidence, cela avait été tellement puissant qu’un mage de la capitale avait pu le détecter.

« Je n’ai rien remarqué, » mentit le coupable de manière éhontée.

À cause d’Inas qui avait pu mentir sans broncher, les regards de Kei et du garde se posèrent ensuite sur Nigel.

« … Je n’ai rien remarqué non plus. »

Nigel n’eut pas d’autre choix que de mentir. Il soupira mentalement.

Note de Karura : Je sais qu’Inas semble complètement cinglé et paranoïaque, mais tout cela a une explication.

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