Chapitre 10
C’était vraiment n’importe quoi que d’aller voir celui qui avait voulu vous tuer jusque dans la session précédente. C’était plus qu’absurde, il y avait vraiment de quoi se mettre en colère. Demander à Kei de s’allier à Schumach alors qu’il se rappelait de la dernière session, cela ne pouvait que sembler être une insulte envers Kei.
Bon, hé bien, si je dois mourir ici, ainsi soit-il…
Nigel était prêt à mourir. Fort heureusement, Kei haussa les épaules au lieu de dégainer son épée.
« J’imagine que vous cherchez à me faire tuer, » fit Kei d’un ton nonchalant.
Pendant un moment, une anxiété instinctive s’empara de Nigel.
Kei avait beau dire que cela ne le dérangeait pas, si on y réfléchissait vraiment, Nigel risquait de mourir au moindre de mot de travers.
Le Kei qui se trouvait à présent en face de Nigel n’était pas le jeune adolescent innocent de dix-sept ans qui avait quitté son village natal pour se rendre dans la capitale. C’était le personnage principal épuisé qui avait vécu un nombre incalculable d’années.
Mais ce n’était vraiment pas une trahison. Nigel n’avait aucune intention de tuer Kei et pour être honnête, ce dernier s’était toujours montré gentil avec lui. Nigel redressa la tête fièrement :
« Tu crois ? Tu n’as pas plutôt l’impression que je t’ai sauvé ? Je t’ai déjà tellement aidé.
– C’était… c’était… »
Cela n’avait pas coûté grand-chose à Nigel que de leur fournir un logement, de la nourriture et des vêtements. Hormis ça, si on regardait bien dans le passé, Nigel leur avait également apporté son soutien et fourni des armes. Il les avait même aidés avec des quêtes. Et le plus important était que lorsqu’Inas avait tenté de le tuer il y avait peu de temps, Nigel avait tenté de le sauver. Ce n’était pas ainsi que se comporterait quelqu’un qui voudrait le tuer.
« Je vais être honnête avec toi, fit Nigel.
– Je vous écoute.
– Comme je ne savais pas ce que le futur allait me réserver, j’ai songé à me tourner vers Schumach ou toi. Au final, n’est-ce pas toi que j’ai choisi ? »
Il valait toujours mieux dire la vérité que de se chercher des excuses qui ne tenaient pas la route. La pire possibilité envisagée avait déjà été lancée à son visage, alors quoi qu’il arrive après, cela ne pouvait être que mieux. Kei, qui resta un moment sans voix après son honnêteté, éclata soudain de rire.
« Qu’est-ce qui vous a pris ? Vous n’avez pas eu tort, mais…
– Je n’ai pas tous mes souvenirs pour commencer, juste ceux des quelques dernières sessions. Et contrairement à toi, je n’ai aucune force. Mon corps est si faible que j’arrive déjà à peine à tenir une épée. Alors plus j’ai de possibilités de survivre, mieux c’est, non ? »
Kei réfléchit un moment à ses paroles, puis hocha la tête.
« Hé bien, j’imagine que oui.
– Alors tu me comprends ?
– Oui. Vous vous êtes déjà servi de moi une ou deux fois, et j’ai fait la même chose avec vous aussi, » déclara Kei avec un sourire brillant.
Ses paroles sous-entendaient quelque chose d’un peu désagréable, mais Nigel n’était guère en position de discuter, alors il décida de laisser tomber ça pour le moment.
« Alors on va au manoir de Schumach, fit Kei. Voyons voir, si on prend ce tunnel… on devrait arriver pas loin de chez lui. »
Dès que la décision fut prise, Kei décida aussitôt du chemin. Ces tunnels souterrains formaient presque un labyrinthe mais cette fois encore, Kei n’eut aucun mal à s’orienter et à en sortir.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
« Puisque mes amis et moi n’avons pas pu quitter la capitale tandis que Schumach était envoyé un peu partout dans le royaume, je pense qu’il a déjà dû retrouver au moins trois parties de l’épée à l’heure qu’il est. Grand maximum, il en a quatre. Je ne pense pas qu’il a déjà toutes les cinq parties.
– Je suppose… »
Contrairement à Kei qui parlait calmement, Nigel se sentait plutôt nerveux. Kei avait beau avoir dit que ça lui était égal, cela dérangeait un peu Nigel que Schumach et Kei se rencontrent. Il l’avait suggéré uniquement parce qu’il n’avait pas d’autre solution, mais il se demandait à présent s’il avait vraiment bien fait.
« Tu es sûr que ça ne te dérange pas de voir Schumach ? Après tout, il… »
Si le jeu avait suivi sa route normale, Kei aurait lutté contre Schumach dans un combat à mort. Kei semblait avoir gagné la plupart du temps, mais il lui était forcément arrivé de se faire tuer par Schumach.
Pourtant, le jeune homme hocha la tête comme si de rien n’était.
« Ça m’est vraiment égal. Après tout, je me suis allié une fois avec lui.
– Vraiment ?
– Oui, c’est quand Inas Idenbach a conquis le monde.
– … »
Tu m’as dit l’autre fois que si je voulais, tu pourrais conquérir le monde pour moi. Tu l’as donc vraiment fait une fois ?
En plus, il semblait qu’Inas avait agi pour lui-même, pas pour Nigel. Quel genre de roi avait-il bien pu être ?
« Le type le plus dangereux à l’époque était Inas. Bon, en tout cas, c’était l’un des pires gars. »
Sans blague. Puisque Inas s’était subitement mis à conquérir le monde, il n’avait sans doute pas été un bon roi.
Nigel ne put s’empêcher de lâcher un léger gémissement. Il savait dans sa tête qu’Inas était mauvais, mais cela restait difficile à accepter. Bien entendu, cela n’avait rien à voir avec le fait que Nigel l’estimait toujours comme un chevalier exemplaire.
L’image d’Inas comme un chien abandonné restait gravée dans son esprit. Nigel secoua la tête pour refouler sa compassion inutile et illusoire.
« Et qu’est-ce que je faisais à ce moment ? s’enquit-il plutôt.
– J’ai entendu dire que vous étiez presque constamment malade quand Inas est parti conquérir le monde.
– Malade ?
– Oui. D’autres disaient que vous étiez emprisonné dans le palais… Pour être honnête, je ne sais pas très bien ce qui s’est passé. J’ai été enfermé dans un cachot souterrain pendant presque toute cette période, puis le temps est revenu en arrière. »
Il était vrai que Nigel était souvent malade, mais… Il était impossible qu’il ait été malade tout le temps pendant qu’Inas se lançait à la conquête du monde. Était-il vraiment emprisonné ?
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En pleine confusion, Nigel sentit le regard de Kei qui l’observait.
« C’est amusant.
– Quoi donc ?
– Cela fait longtemps qu’on se connaît, mais je crois bien que c’est la première fois qu’on se parle honnêtement comme ça. Bon, on ne s’est pas vus tant que ça mais si on cumule en termes de temps, on peut dire qu’on s’est vus pendant des centaines d’années.
– … Des centaines d’années ?
– Oui, des centaines d’années. Est-ce que vous savez combien de fois nous avons répété ce cycle, mon seigneur ? »
Impossible.
Nigel secoua la tête.
« Je ne sais pas combien de fois cela s’est répété, reprit Kei, mais en termes de temps, cela doit faire au moins dix mille ans.
– … Dix mille ans ? »
Ébahi, Nigel s’arrêta net.
« Oui, au moins dix mille ans. Je n’en suis pas tout à fait sûr. Je ne sais pas vraiment combien de fois on a fait ça. Il y a eu une fois où le monde a été détruit en seulement moins de trois jours après le point de recommencement. Alors si on compte le nombre de cycles, ce doit être considérable.
– Comment… détruit en moins de trois jours, que diable était-ce ?
– Inas a déchaîné une pluie de météorites sur le monde entier. L’humanité a été complètement anéantie. »
Aussitôt, un frisson glacé remonta le long de son dos.
Tous les niveaux des compétences d’Inas étaient à 100 [Maître].
Même l’archimage Arthal Rubal, que Nigel avait vu au banquet, n’avait que le niveau 2 en Pluie de Météorites. Alors même que cet homme avait dû massacrer en tout des milliers d’hommes avec cette magie durant la guerre, son niveau n’était que 2.
Plus le niveau était élevé, plus cela demandait de l’expérience. Cela avait été pareil quand il avait chassé des monstres dans la plaine avec Inas : au départ, son niveau avait augmenté à peine avait-il attrapé un simple pokoring, un monstre de type slime, mais par la suite, son niveau n’avait plus augmenté même après en avoir capturé des dizaines. Autrement dit, plus son niveau était élevé, plus il fallait tuer d’ennemis pour passer un niveau.
Pour que la Pluie de Météorites, qui était encore au niveau 2 même après avoir tué des milliers de gens, puisse passer au niveau 100 et être maîtrisée, combien de gens avait tués Inas pour ça ?
« … »
Non, pour commencer, quel était l’intérêt d’avoir continué à répéter cette action inutile et d’avoir augmenté sa magie à un tel niveau ?
Nigel n’aurait su le dire.
Il n’avait même pas envie de le savoir…
Mais les spéculations lui vinrent naturellement : Inas avait souvent recours au meurtre pour résoudre une situation. Qu’il s’agisse de dizaines ou de millions de personnes, il se souciait guère de leurs morts parce que tout ça n’était qu’un jeu pour lui. Ce n’était pas la réalité, ce n’était qu’un monde à l’importance des plus infimes.
Kei détecta la peur et la méfiance dans le regard de Nigel, puis il tourna lentement la tête.
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Ils sortirent finalement des tunnels souterrains non loin du manoir de Schumach. Nigel était épuisé, à deux doigts de s’effondrer.
« Vous allez bien ? s’inquiéta Kei.
– Je vais bien.
– Vous n’en avez pas l’air… »
En toute honnêteté, il n’allait pas bien du tout, alors il eut un sourire embarrassé. Bien qu’il se soit appliqué à augmenter son niveau, ses stats restaient insignifiantes. Son niveau était semblable à celui d’un soldat avec des connaissances de base en combat, mais sa force physique était d’un niveau moitié moins que celui d’une autre personne au même niveau. On aurait dit qu’il était né pour être faible et n’avoir aucun talent pour le combat.
« J’espère que sire Schumach nous fournira ce dont nous avons besoin.
– Oui, c’est vrai… » soupira Kei.
Il aida ensuite Nigel à monter l’échelle.
De nuit, la capitale était enveloppée dans les ténèbres. Nigel était nerveux à l’idée de se faire repérer mais en réalité, à cause de l’augmentation récente des monstres, il n’y avait que peu de gens qui sortaient la nuit. Cela leur permit d’arriver devant le manoir de Schumach sans se faire repérer par qui que ce soit.
Nigel regarda à distance le manoir qui n’avait ni garde, ni domestique. C’était bien beau d’être arrivé là, mais c’était la première fois qu’il se rendait dans un manoir sans un serviteur, alors il ne savait pas quoi faire.
« Nous sommes venus de si loin… Devrions-nous toquer à la porte ?
– Entrons, c’est tout. »
Complètement insouciant, Kei ouvrit la porte. La première chose qui l’accueillit tout de suite fut la pointe d’une dague.
Nigel eut un rire jaune mental en voyant la lame, qui s’était arrêtée sous le nez de Kei, et son propriétaire.
« Sire Schumach… c’est moi. »
Schumach n’était pas quelqu’un qu’il pouvait saluer de manière aussi familière, pourtant Nigel décida de se montrer audacieux.
« Que se passe-t’il ? » demanda Schumach sans pour autant relâcher sa vigilance.
Ses yeux bougeaient de tous les côtés, comme s’il tentait de repérer quelqu’un d’invisible. Afin de le rassurer, Nigel fit franchement :
« Je n’ai pas Inas avec moi, parce que nous sommes justement en train de nous enfuir loin de lui.
– On dirait que vous avez enfin repris vos esprits. »
Ce n’est pas ça du tout… Quoique, depuis que je me suis sorti de cette illusion où je croyais aveuglément tout ce que disait Inas, on peut dire que j’ai un peu repris mes esprits.
Voyant que Nigel gardait le silence, Schumach sembla prendre ça pour une confirmation, alors il baissa sa garde.
« Entrez. »
Le chevalier rengaina sa dague et se tourna pour les conduire à l’intérieur. Tout à coup, l’épée qui pendait à sa ceinture attira le regard de Nigel. C’était une épée enveloppée dans un tissu, mais c’était étrange qu’il la porte alors qu’il se trouvait à l’intérieur.
Malgré ses doutes, Nigel suivit calmement l’autre homme avec Kei.
Il n’y avait guère le temps pour une longue persuasion. Si Inas passait tout à coup à l’action après ce temps d’attente, dans le pire des cas, Nigel serait recherché et ce serait alors impossible de quitter la capitale. Mieux valait se déplacer de nuit pour éviter les regards.
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Inconscient de leur empressement, Schumach conduisit les deux jeunes gens dans le salon. Il apporta une couverture et la posa sur les épaules de Nigel.
« Ah, merci.
– Vous faites peine à voir, mon seigneur. Vos lèvres sont toutes bleues. »
Schumach lui jeta un regard rempli de compassion, puis posa les mains sur la théière. Du pouvoir magique se forma dans ses mains, alors que Schumach n’était clairement pas un magicien, et de la vapeur commença à s’élever de la théière.
Nigel vérifia sa fenêtre d’informations.
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Il n’y avait pas de changements majeurs dans sa fenêtre d’informations, juste le fait que sa profession soit passée de chevalier à successeur d’Ederta. Pourtant…
Aussitôt, Nigel identifia l’épée blanche que Schumach portait à la taille et qui l’avait embêtée depuis le début.
| Épée de Glarus (4 / 5) | |
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C’est l’arme que Glarus a utilisée pour sceller Ederta autrefois. Elle a été fabriquée à partir d’un os de Glarus. Cependant, comme elle a contenu Ederta pendant très longtemps, elle est à présent plus proche du dieu maléfique que de Glarus. Actuellement dans un état où le pouvoir divin et le pouvoir maléfique sont en parfait équilibre. | |
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Elle a le pouvoir de trancher n’importe quelle matière. C’est aussi la clef pour ramener le dieu maléfique Ederta dans notre monde. | |
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Toutefois, elle n’est pas achevée actuellement et tous les effets additionnels ne peuvent donc pas s’appliquer. | |
| Pouvoir d’attaque : | 11 323 + 10 % de la force de l’utilisateur |
| Effets : | quand on attaque un dieu, le pouvoir d’attaque devient 10 %
des HP de l’utilisateur (non appliqué) quand on attaque un être vivant, le premier coup touche toujours l’adversaire et ne lui laisse qu’un point de HP |
La première attaque ne laissait qu’un point de HP et faisait toujours mouche.
C’était vraiment une option de triche. Inas avait beau avoir 90 millions de HP, il ne serait réduit qu’à un seul point après une seule attaque.
Bien sûr, Inas disposait de magie de soin, alors il pourrait vite récupérer. Mais si on l’attaquait assez vite une seconde fois sans lui laisser le temps de se soigner, on pouvait tuer Inas qui semblait pourtant invincible.
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