Chapitre 12
« Tu sais vraiment tout ? Au sujet de cette épée et où se trouve la dernière pièce… ? »
Schumach, qui s’était fait avoir par l’arnaqueur, était à présent parfaitement convaincu que Kei était un prophète. Kei hocha la tête d’un air énigmatique.
« Bien sûr que je sais tout. Comment aurions-nous pu réussir à nous enfuir devant Inas Idenbach si je ne savais pas ces choses-là ? »
Schumach referma la bouche, comme si les paroles de Kei lui en avait bouché un coin. Techniquement, Inas les avait laissés partir mais cela n’aurait pas paru plausible à Schumach, lui qui s’était fait bien battre par l’autre chevalier la dernière fois.
« Alors tu peux me dire où est la dernière pièce ?
– Tu sais déjà qu’elle se trouve au nord, pas vrai ?
– … C’est exact.
– Elle se trouve au beau milieu des Montagnes Impies du Nord qui bordent Intusnica, dans un endroit appelé le Temple de l’Éternité. Tu peux y accéder directement depuis la ville de Montstein, qui est la capitale du duché de Magnus. »
Schumach hocha la tête, quoi que toujours rempli de doutes. Même s’il s’était fait avoir par la supercherie de Kei, il restait méfiant à propos du fait que l’autre puisse lui mentir. Il continua de fixer Kei d’un air méfiant.
« Si jamais je découvre que tu m’as menti, je te trancherai en deux.
– Fais comme tu veux. »
Malgré l’hostilité évidente de Schumach, Kei eut un léger rire.
Schumach fit claquer sa langue, puis il se désintéressa de Kei pour se tourner vers Nigel.
« Et vous, où comptez-vous vous rendre ?
– Je dois retourner dans mon duché. Je dois aller vérifier quelque chose là-bas… »
La méfiance s’accrut dans le regard du chevalier en voyant que comme par hasard, leurs destinations étaient les mêmes. Il réfléchit longuement d’un air troublé, puis redressa soudain la tête.
« Un instant, vous dites que vous voulez retourner au duché après vous être enfui d’Inas Idenbach ? Vous êtes fou ou quoi ?
– J’ai quelque chose d’important à faire là-bas.
– Si vous mourez, ça vous avancera bien !
– S’il voulait me tuer, il m’aurait déjà retrouvé dès maintenant. Vous le savez bien. »
Inas avait transporté Schumach par magie dans la mer l’autre fois, puis l’avait ramené dans la capitale qui se trouvait à l’intérieur des terres.
Le visage du chevalier devint tout à coup très grave, comme s’il venait juste de se rappeler de ce fait. Nigel s’inquiéta de se faire jeter dehors à cause de ça, mais Schumach se contenta de soupirer.
« Je vois. Fait-il ça exprès pour jouer avec vous, mon seigneur ? »
Cela aurait été faux de nier, mais Nigel se renfrogna parce qu’il ne voulait pas l’admettre pour autant. Face à son silence, Schumach soupira de nouveau.
« C’est vraiment un type ignoble. Il ose s’amuser avec le fait qu’il contrôle la vie d’un autre… »
Bouillonnant de colère, Schumach grinça des dents. Nigel ne put que sourire vaguement. En fait, tout ceci n’avait sans doute rien d’amusant pour Inas. Il n’était sûrement pas en train d’y prendre plaisir.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Après avoir ruminé un moment, Schumach releva tristement la tête.
« C’est décidé, je viens avec vous.
– Vous êtes sérieux ? »
La conclusion de Schumach était assez surprenante. Quand Nigel lui posa cette question d’un air ébahi, l’autre homme acquiesça calmement :
« Bien sûr.
– Vous avez un autre objectif… nous allons vous déranger.
– Je vais vous aider uniquement tant que cela ne dérange pas mes plans, alors ça ira. »
Nigel jeta un regard à Kei. Il n’avait aucune envie de mettre ensemble le personnage principal et le boss final, mais il ne pouvait apparemment rien faire contre.
Nigel se mit alors à méditer sur son propre rôle : on aurait dit qu’il se faisait simplement entraîner.
Bon, il savait que tout finirait par revenir en arrière de toute manière. Ce n’était donc pas la peine de s’angoisser autant. Qu’il agissait bien ou mal, ce serait comme si rien ne s’était passé, alors pourquoi ne pas tenter le coup ? De toute façon, quoi qu’il fasse, la fin serait la même.
« Alors je vais nous trouver des chevaux. Mieux vaut partir au plus vite. »
Schumach prit sa décision pendant que Nigel était en pleine réflexion et il se prépara à sortir aussitôt. Il enfila une longue cape noire, sûrement pour éviter de se faire remarquer, et prit plutôt une épée portant la marque de l’ordre des chevaliers auquel il appartenait. Nigel se leva pour le suivre.
« Oh, alors je…
– Vous deux, restez ici en attendant. Ça peut prendre un moment. »
Nigel suivit son conseil et se rassit.
Quand Schumach sortit, Nigel se rendit à la fenêtre pour regarder dehors.
Une fois qu’il vit le chevalier s’éloigner du manoir, il retourna à son siège et jeta un regard réprobateur à Kei, qui était resté tranquillement assis.
« Qu’est-ce qui t’a pris ?
– De quoi ?
– Tu as fait exprès d’inciter Schumach à nous accompagner, pas vrai ?
– C’est vrai, mais n’est-ce pas une bonne chose ? Il nous protégera mieux que quiconque.
– C’est vrai, mais toi seul aurais suffi…
– C’est toujours mieux d’être à deux. Ça ne me dérangerait pas si j’étais seul, mais ce ne sera pas facile de voyager avec vous, mon seigneur.
– … »
Nigel ne pouvait vraiment rien redire à ça. Il allait effectivement être le plus gros fardeau durant leur voyage pour le nord, alors il n’avait pas d’autre choix que de se plier aux décisions de celui qui avait bien voulu l’aider. Bien entendu, cela ne voulait pas dire pour autant qu’il croyait tout ce que disait Kei.
Nigel joua avec sa tasse de thé refroidi. Il ne regrettait pas de s’être enfui loin d’Inas, mais il se demandait si c’était vraiment une bonne chose d’aller aussi loin avec le soutien de Kei. Cela aurait été peut-être mieux qu’il tente d’y aller seul, quitte à s’effondrer de fatigue au beau milieu du voyage. Bien entendu, il ne songea à ça qu’un bref instant car il savait parfaitement que s’il avait vraiment essayé de faire ça, il aurait eu de fortes chances de mourir déjà dans les plaines.
« Tout va bien, ne vous en faites pas pour ça. Ça va le faire. »
Sans connaître les pensées de Nigel, Kei ne put que lui dire des choses rassurantes. De frustration, Nigel vida le thé froid d’un coup et reposa la tasse.
« Au fait, qu’est-ce que tu as fait tout à l’heure ?
– Quand ça ?
– Quand tu as évité l’attaque de Schumach. Tu devrais pourtant à présent… » être faible.
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Kei devina sans mal la fin de la phrase du jeune homme et répondit comme si cela allait de soi :
« C’est parce que j’ai retrouvé la mémoire. Mon corps est resté au même niveau, mais ma technique s’est grandement améliorée. En plus, je me suis battu tellement de fois contre Schumach que je peux prédire ses attaques. »
Cela voulait dire que le niveau ne faisait pas tout. Bien entendu, face au surpuissant Inas, Kei se ferait toujours abattre d’un seul coup mais au moins, il n’avait à redouter aucun grand danger durant leur voyage.
« Voilà qui me rassure.
– En effet. Nous sommes bien plus en sécurité sans Inas Idenbach.
– … »
Bien que cela soit la vérité, c’était dur à admettre, alors Nigel garda la bouche fermée. Un silence gênant s’abattit sur la pièce et Nigel joua avec la tasse de thé vide, faute de mieux.
Heureusement, Schumach revint assez vite.
« Que s’est-il passé ? L’atmosphère est très tendue, remarqua-t’il.
– Non, tout va bien, assura Nigel.
– Bon… En tout cas, tout est prêt. Je nous ai trouvé trois chevaux, alors on peut partir tout de suite. Oh, je vais juste prendre deux, trois choses qui nous seront utiles en cours de route.
– Vous avez déjà trouvé des chevaux ? s’étonna Nigel.
– Oui, c’est parce que les écuries de la garde avaient déjà reçu l’ordre. Ce sera considéré comme une requête du commandant des chevaliers. Alors allons-y. »
Schumach franchit la porte le premier après avoir empaqueté quelques-unes de ses affaires. Kei prit la main d’un Nigel encore abasourdi et ils descendirent les escaliers ensemble.
Ce fut très facile de monter à cheval et de franchir les portes de la capitale. Nigel n’était pas encore recherché et comme c’était Schumach qui dirigeait leur groupe, les deux personnes qui le suivaient n’eurent même pas besoin de s’identifier.
Le voyage se déroula sans encombre. Ils se déplaçaient toute la journée à cheval et quand ils étaient épuisés, ils prenaient une potion de régénération. Il y avait souvent des bagarres dans les villages mais cela n’avait pas d’importance, vu qu’ils ne restaient pas longtemps. Le groupe se dirigea vers le nord bien plus rapidement que lorsque Nigel voyageait en carrosse.
Le voyage se fit plus difficile vers la moitié.
« Je ne crois pas qu’on va pouvoir avancer aujourd’hui. »
La pluie qui avait commencé à tomber la veille au soir avait empiré. Ils avaient pensé qu’elle allait s’arrêter, mais elle n’avait fait que tomber de plus en plus. C’était devenu à présent un véritable déluge, on ne pouvait rien voir à travers le rideau de pluie.
« Il vaut mieux attendre que la pluie s’arrête, fit Schumach. Sous une telle pluie, le duc va s’effondrer.
– Désolé de vous causer tous ces soucis, s’excusa Nigel.
– Ah non… Ce n’est pas juste à cause de vous. Les chevaux pourraient glisser avec un temps pareil. Ce serait suicidaire de s’aventurer sur les routes. »
La route qui partait de Solren, la capitale du royaume, pour aller au duché de Magnus passait forcément par les montagnes. Bien sûr, il y avait des passages relativement plats mais avec plusieurs virages. Quant à la route à venir, elle était plutôt difficile.
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Kei regarda dehors et enfila sa cape.
« Je sors un peu, annonça-t’il.
– Où tu vas ? demanda Nigel.
– Je vais aller acheter un manteau à capuche pour le duc. Ce sera chaud, mais je pense qu’il vaut mieux la porter même dans le village. »
Nigel, qui avait soupçonné quelque chose quand Kei avait soudain voulu sortir, prit aussitôt un air gêné.
De ce qu’il avait ressenti ces derniers jours, Nigel provoquait facilement des bagarres. Bizarrement, à chaque fois qu’il se rendait dans un endroit où il y avait des gens, il s’attirait des ennuis.
Des questions comme : “Tu es seul ?”, “Qu’est-ce que tu viens faire ici ?” et “Où est-ce que tu habites ?”, cela semblait des questions ordinaires mais si on se concentrait sur le ton de la voix, c’était de la provocation. En plus, la plupart de ces querelles nécessitaient que Schumach s’en mêle et parfois, même Kei devait se battre.
Nigel causait tous ces ennuis, tout ça parce qu’il se fatiguait très vite à chaque fois qu’il montait à cheval. Il se sentait donc bien trop gêné pour lever la tête.
« Désolé, tout ça, c’est à cause de moi.
– Non, assura aussitôt Kei, le duc n’a rien fait de mal ! Ce sont tous les autres qui sont mauvais et qui cherchent les ennuis. »
Kei lui sourit d’un air vraiment gentil. C’était un sourire si innocent et brillant que Nigel s’en voulut d’avoir douté de lui à l’instant. Kei sortit sous la pluie en leur assurant à nouveau que c’était juste pour un bref moment. Nigel resta perdu dans ses pensées en regardant son dos qui s’éloignait.
Kei était clairement de nature gentille. Après tout, il était le héros de la justice.
Tandis que Nigel contemplait la place vide du jeune homme qui était sorti sous la pluie battante, Schumach fit claquer sa langue à côté de lui.
« Il ne me dit rien qui vaille. Ne lui faites pas trop confiance.
– Je n’ai pas non plus entièrement confiance en lui, assura Nigel.
– Ben voyons. »
Fixant Nigel d’un air dubitatif, Schumach fit de nouveau claquer sa langue. Après quelques jours où Nigel n’avait pu montrer que son côté fragile, Schumach s’était mis à le voir uniquement comme quelqu’un de faible. Il n’avait pas tort en ce qui concernait la condition physique, mais il semblait avoir totalement oublié que Nigel était le duc de Magnus, qui avait tellement de pouvoir qu’il pouvait faire tout ce qu’il voulait.
Bien entendu ces derniers temps, Nigel semblait de moins en moins en avoir conscience lui aussi. Se sentant ridicule au sujet de sa propre situation, il regarda par la fenêtre sans dire un mot.
« J’aurais cru que des hommes allaient venir à notre poursuite depuis un moment, mais toujours pas.
– Mmm… » répondit Nigel avec indifférence au bout d’un moment.
Puisque Nigel se dirigeait précisément vers le duché de Magnus où se trouvait Inas, ce dernier n’avait aucune raison d’envoyer des gens à sa poursuite. Il n’avait qu’à attendre tranquillement que Nigel vienne de son propre chef. En fait, il se pouvait très bien qu’il soit en train d’observer Nigel par magie. Au bout du compte, il voyait que les actions de Nigel n’allaient rien changer du tout.
Dans tous les cas, ils se reverraient de nouveau une fois au duché. Nigel se demanda alors quelle tête il devrait faire quand il reverrait Inas.
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« Vous allez bien, mon seigneur ? demanda Schumach.
– Mmm… »
Il ne pouvait pas cacher son apparence mélancolique, alors il répondit évasivement. Schumach se fit des idées et rapporta une couverture pour la poser sur les genoux du jeune homme. Puis il descendit au rez-de-chaussée de l’auberge pour aller chercher du thé chaud.
Une fois que Nigel eut quelque chose de bien chaud en main, il but lentement le thé dont le goût n’avait vraiment rien d’exceptionnel. Habitué uniquement aux meilleurs produits durant sa vie, Nigel trouva pourtant ce thé pas trop mal, sans doute parce qu’il avait froid. En même temps, son corps raidi se détendit.
« Sire Schumach est vraiment très attentionné avec moi, merci. »
Quand Nigel exprima franchement sa gratitude, le visage de Schumach vira au rouge.
« Non, c’est que, vous étiez tout déprimé juste devant moi, alors…
– Je vous trouve très gentil, sire. »
Schumach se figea après ce compliment léger de la part de Nigel. Surpris par ce commentaire inattendu, il baissa les yeux vers l’épée de Glarus qu’il portait actuellement à la ceinture.
« Vous devez plaisanter.
– Je suis sincère, jusqu’à un certain point.
– Ne soyez pas ridicule. J’ai tué beaucoup de gens pour ça… » marmonna Schumach d’un ton d’auto-dérision.
En quoi était-il gentil ?
« Vous êtes gentil pour quelqu’un qui veut mettre les mains sur l’épée de Glarus. »
Bien entendu, Nigel n’allait pas dire que Schumach était complètement bon. Pourtant, il était bien trop sensible pour être qualifié de méchant et il savait compatir avec la douleur des plus faibles. Un tel contraste était assez inédit. Si on ne regardait que la personnalité de Schumach, on aurait pu croire qu’il n’avait strictement rien à voir avec l’épée de Glarus.
« Vous avez conscience du genre de chaos que cela va provoquer si vous obtenez l’épée de Glarus ? »
Nigel ne voulait pas se montrer sarcastique, il posa la question par pure curiosité. Schumach hocha la tête d’un air grave.
« Bien sûr que j’en ai conscience.
– Vous le savez et pourtant vous le faites ? Vous deviendrez différent une fois que vous aurez cette arme. »
Schumach le fixa droit dans les yeux. Dans la chambre qui était assez sombre à cause de la pluie, les yeux du chevalier étaient illuminés d’une étrange lueur. Les mains de Nigel se resserrèrent sur la tasse, sentant la crise imminente. Bien qu’il ne redoutait pas sa propre mort, Nigel parvint à peine à rendre son regard à Schumach sans trembler.
Schumach le fixa un long moment sans rien dire, puis son regard féroce disparut et il lâcha un petit rire.
« Le duc va-t’il lui aussi prétendre être un prophète ?
– Non, ce n’est pas ça. Ce que je dis est plutôt évident. »
Sans ses souvenirs, Kei était quelqu’un de bon, de juste et d’un peu doux. Il résolvait souvent les affaires de manière à ne pas tuer les coupables décents qu’il rencontrait. Il devait donc y avoir une bonne raison pour qu’il ait tué Schumach dans l’histoire d’origine. Toutefois, Kei n’avait pas donné d’explication à Nigel quand ce dernier avait posé la question.
« Je suis inquiet, c’est tout. Après tout, nous nous sommes rapprochés après ces jours à voyager ensemble.
– …
– Je souhaite juste que vous ne fassiez rien que vous pourriez regretter plus tard. »
Le temps reviendrait en arrière quoi qu’il arrive mais du point de vue de Schumach, cette vie était la seule et unique. Il était donc inutile de parler de regrets.
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Face au regard sérieux de Nigel, Schumach se rendit compte qu’il ne plaisantait pas, alors il fronça les sourcils. Il n’avait pas l’air fâché, juste perplexe.
« Mon seigneur, je…
– Ah, je ne disais pas ça pour vous critiquer. J’étais juste curieux. Faites comme vous voulez. »
De toute manière, le destin de Nigel dans cette session était de rester un simple spectateur. Il aiderait du mieux qu’il le pourrait, mais il n’avait pas l’intention de faire plus que ça.
« Pourquoi le duc me fait-il autant confiance ? » murmura Schumach après un long silence, de manière assez surprenante.
Je n’ai pas dit que je te faisais confiance…
Cela ne semblait pas indispensable de le détromper, alors Nigel regarda de nouveau par la fenêtre. Schumach lui avait dit qu’il était naïf et innocent, mais il semblait que ce soit Schumach qui était vraiment naïf.
Il plut toute la journée avant que cela s’arrête. Le lendemain, le groupe se remit de nouveau en route.
Le voyage se déroula de nouveau sans encombre. Dix jours après qu’ils aient quitté la capitale, le groupe arriva enfin à Montstein, une cité située au cœur du duché de Magnus.
Montstein.
C’était là que les ducs de Magnus, qui se targuaient d’avoir une histoire qui remontait à bien avant la fondation du royaume, avaient établi leur demeure depuis des générations. Les frontières de leur territoire avaient été modifiées au fil du temps selon leur relation avec le roi qu’ils servaient, mais la famille Montstein avait toujours régné sur la cité de Montstein.
Nigel contempla les murs immenses qui entouraient la cité. Ces murs érigés il y avait plus de mille ans pour protéger le royaume des combats sans fin avec les monstres qui se déclenchaient régulièrement étaient des remparts suprêmes qui ne permettaient aucune intrusion extérieure.
« Maintenant que je suis arrivé jusqu’ici, j’en suis sûr : la dernière partie de l’épée se trouve vraiment dans les montagnes. Je n’ai pas besoin d’aller dans le manoir, » fit Schumach.
Il leur fit ses adieux alors que le manoir pouvait être vu au loin. L’épée noire à sa taille brillait d’une lueur rouge inquiétante. Nigel tenta d’ignorer cette couleur qui ne présageait rien de bon.
Quoi qu’il en soit, le moment était malheureusement venu de se séparer. Ce serait compliqué de revoir de nouveau Schumach dans la session suivante, alors Nigel se sentait tout bizarre à l’idée de faire ses adieux. Il s’était attaché à lui durant ces quelques jours où ils avaient pu longuement discuter. Hélas, Schumach serait de nouveau un étranger dans la prochaine session.
Le chevalier décela sans peine le regret dans la voix de Nigel.
« Je peux vous accompagner si vous êtes inquiet, proposa-t’il.
– Non, ça va aller. »
Nigel avait prévu d’aller d’abord vérifier le cercueil avant d’aller à la rencontre d’Etna qui était décédé. Inas et Kei n’auraient pas menti sur ce point, mais il ne pouvait pas complètement l’accepter émotionnellement tant qu’il ne l’aurait pas vu de ses propres yeux.
Il ne voulait pas que cet homme naïf le voit en train de déterrer la tombe de son propre frère. Cela effacerait les bons sentiments de Schumach à son égard qu’il avait établis avec du mal et qui pourraient toujours servir en cas d’urgence.
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« Puisque vous le dites, je comprends. Si vous voulez que je combatte Inas Idenbach, mieux vaut que j’ai d’abord fini de rassembler les pièces de l’épée. Si vous voyez Idenbach, tenez aussi longtemps que possible. Je vous rejoindrai d’une manière ou d’une autre.
– Vous n’êtes pas obligé, » assura Nigel en secouant la tête face à la détermination de l’autre homme.
Schumach le fixa avec un peu de pitié dans le regard.
« Le duc a vraiment trop le cœur trop tendre. À votre place, je n’hésiterais pas à me servir de moi à loisir.
– Je n’ai pas le cœur tendre… » expliqua Nigel d’un ton à moitié convaincant.
Bien entendu, Schumach ne l’écouta pas correctement :
« Merci pour tout ce que vous avez fait. Je vous sauverai, mon seigneur, soyez-en sûr.
– Je vous dis que ça va aller. »
Cet homme qui voulait dominer le monde était très fiable, mais avait tendance à comprendre les choses de travers. Jusqu’au dernier moment, Schumach partit avec une fausse idée en tête.
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