Chapitre 2
À ce moment-là, Nigel était réveillé et perdu dans ses pensées. Quand il s’était réveillé plus tôt dans la journée, il n’avait pas pu contrôler sa colère et sa confusion mais à présent qu’il avait repris ses esprits, il y avait plusieurs choses qu’il ne comprenait pas.
Tout d’abord, la quête n’avait pas changé, bien que Nigel avait clairement tué Inas de ses propres mains. Il semblait qu’après tout, cela ne suffisait pas de juste le tuer. Nigel ouvrit la fenêtre de quête pour la lire de nouveau.
▷ Quête (nouveau) | |
La quête qui vous donne tout. | |
Éliminez <Inas Idenbach>. | |
Ceci est la meilleure offre de récompenses possible. | |
Récompenses : | Restauration du flux normal du temps Une fois <Inas Idenbach> éliminé, vous reviendrez au 14 Avril pour la dernière fois Survie d’Inas Idenbach sans ses souvenirs antérieurs, à condition que cette quête ne soit pas dévoilée à <Inas Idenbach> |
Éliminer. Il se pouvait que cette condition pour accomplir la quête ne serait remplie que lorsque l’existence d’Inas aurait été complètement anéantie. Ce n’était qu’une spéculation, mais il était impossible de la confirmer. Nigel était pourtant sûr et certain que cela devait se rapprocher de la vérité.
En d’autres termes, le moment où la quête serait complétée serait très probablement le moment où <Inas Idenbach> aurait disparu. Cela n’avait rien de surprenant car on pouvait s’y attendre.
Mais pourquoi diable étaient-ils revenus en 272 ?
C’était LA question. Inas avait dit que les premières régressions le ramenaient toutes en 272 mais après ça, cela avait changé pour l’an 283 où il n’avait qu’une année à revivre sans cesse. Alors que s’était-il passé pour qu’ils recommencent de nouveau en 272 ?
Nigel n’en savait rien, mais… Personnellement, il ne détestait pas le fait de se réveiller en 272 parce que ça lui permettait de revoir son père en vie. Avant de devenir duc, il s’était souvent querellé avec son père et à la fin, il avait éprouvé des sentiments mitigés envers lui… Alors il ne pouvait pas détester le fait de revoir son père, surtout qu’il n’aurait jamais pensé avoir cette chance un jour.
Toutefois, il était bien trop anxieux pour simplement apprécier le pur bonheur d’être revenu dans le passé. Tout était énervant. C’était également frustrant d’avoir de nouveau un corps de onze ans tout fragile et de devoir répéter les mêmes choses pendant onze ans.
Bien qu’il avait énormément de choses à penser, son corps fragile ne tenait plus le coup et commença à s’endormir. Nigel, qui s’était tourné et retourné dans tous les sens, ouvrit les yeux en se rendant compte d’un poids supplémentaire sur le lit. Inas était apparu dans l’obscurité sans se soucier de la sécurité renforcée et avait grimpé sans hésitation dans le lit de Nigel.
« Seigneur Nigel. »
Cette voix d’adolescent qui venait tout juste de muer était restée gravée dans la mémoire de Nigel. Le sommeil disparut en un instant et il ouvrit les yeux.
Sous la lumière magique tamisée, Inas baissait les yeux vers lui.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Nigel ne s’en était pas rendu compte au vu de sa situation périlleuse de l’après-midi, mais on pouvait dire que le Inas de seize ans était plutôt émacié, sans doute parce qu’il n’avait jamais mangé à sa faim. Dans les souvenirs de Nigel, il lui avait toujours paru si grand… Ce corps, qui plus tard serait puissant et assez grand pour être intimidant, était pour le moment relativement petit et faible.
Bien entendu, il restait tout de même bien plus grand que Nigel actuellement. Cela ne se voyait pas trop une fois adulte mais là, entre douze et seize ans, la différence était accentuée.
Comme à son habitude, Nigel consulta la fenêtre d’informations d’Inas.
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La profession d’Inas était un simple larbin, sûrement parce que Nigel ne l’avait pas accepté. Toutefois, au train où allaient les choses, ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne redevienne le chevalier de Nigel.
Nigel lui lança un regard noir à travers la fenêtre d’informations.
« … Toi.
– Oui, » répondit calmement Inas, comme si de rien n’était.
Nigel l’avait tué d’un coup d’épée, mais Inas n’avait pas l’air fâché. De toute manière, si Nigel avait été capable de tuer Inas, c’était bien parce que ce dernier l’avait laissé faire. Même avec un seul point de HP restant, Inas aurait pu éviter son coup.
Cela ne fit qu’ajouter de l’huile sur le feu de la colère de Nigel.
« Toi, mon grand frère, tu l’as honteusement tué… »
Même si la mort ne voulait rien dire pour Inas, était-il vraiment obligé d’avoir tué Etna sous les yeux de Nigel ?
Inas caressa gentiment la joue de Nigel qui tremblait de colère.
« Etna était dangereux, Nigel.
– Il n’était pas dangereux ! Il n’est pas du tout dangereux ! Mon grand frère… ! » hurla Nigel d’un ton furieux, avant de grimacer de douleur.
Enfant, Nigel avait été si maladif que cela avait été difficile de vivre normalement au quotidien. Durant la journée, il avait tellement pleuré qu’il avait épuisé ses forces et là, il se mettait en colère. La pression sur son corps était si forte qu’il se mit à avoir du mal à respirer. Il se mordit les lèvres, pris d’un vertige.
« U-ughn… »
Comme cela ne lui était plus arrivé une fois grand, la douleur qui ressurgissait de nouveau fut insupportable et très agaçante. Inas attira dans ses bras un Nigel en souffrance.
« Allez, tu ne vas pas bien. Viens par ici, ça va aller mieux. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Inas serra dans ses bras un Nigel dont la tête tournait et lui caressa le dos d’une main prudente. Son contact familier permit à Nigel de mieux respirer.
« Ça va mieux maintenant ?
– Traître… »
Ignorant les mots durs, Inas déposa un baiser sur le front et la joue de Nigel.
« Tu m’as manqué.
– Je ne voulais pas te voir. Tu avais pourtant dit que tu ne tuerais personne si ça me rendait triste.
– C’est vrai, je l’ai dit.
– C’était juste des paroles en l’air ? »
Nigel repoussa durement Inas, qui répondait si calmement. L’image d’Etna qui disparaissait en poussière sous ses yeux avec un immense trou dans le corps apparut dans son esprit. Nigel ne pouvait pas… C’était difficile pour lui d’avoir affaire à Inas quand il songeait à son grand frère, qui avait continué à s’inquiéter pour lui même dans les derniers moments de sa vie.
« Va-t’en, je ne veux plus te voir.
– Nigel.
– Sors de mon lit ! » s’écria désespérément Nigel en voyant l’ombre s’approcher de lui.
Puis l’ombre se redressa. Nigel trembla en serrant les poings sur ses genoux.
« Nigel, regarde-moi. Ne t’agite pas.
– Je te regarderai quand tu seras sorti du lit.
– … »
Il put entendre le soupir d’Inas au-dessus de sa tête. Nigel tressaillit, craignant que l’autre ne se fâche, mais Inas recula docilement pour descendre du lit et s’asseoir sur un fauteuil à côté. Le lit était si large que le distance entre les deux jeunes gens s’agrandit en un instant. Dès que Nigel le sentit assez loin, il releva lentement la tête.
Dès qu’il aperçut le sourire amical, son cœur manqua un battement et Nigel détourna aussitôt la tête. Il avait bien du mal à regarder Inas en face alors il se mordit les lèvres, ne sachant que faire. Avec un peu de chance, Inas allait se fatiguer et se retirer de lui-même.
« Vous n’avez pas dit que vous me regarderiez ? »
Au lieu de gentiment se retirer, Inas parla doucement, mais avec une voix puissante. Nigel sursauta et tiqua, puis fut bien obligé de relever la tête.
Inas avait conservé son air amical, comme si l’attitude hostile de Nigel ne le fâchait pas du tout. C’était plutôt bizarre de le voir maintenir son attitude composée avec un grand sourire, alors que la situation aurait plutôt dû le mettre en colère. Nigel se mit à ronger ses ongles inconsciemment.
« Ne faites pas ça, Nigel, à moins que vous vouliez que je remonte sur le lit pour vous en empêcher. »
Nigel laissa retomber sa main. Malheureusement, les ongles fragiles attachés aux petits doigts tout fins étaient déjà mâchonnés. Inas soupira en voyant Nigel dans un tel état.
« Cela vous dérange-t’il à ce point, Nigel ?
– …
– Évitez de vous souvenir des choses inutiles. »
Ces mots marmonnés avec indifférence frappèrent durement le cœur de Nigel. Il aurait aimé se dire que c’était une supposition absurde, mais son cœur s’était mis à battre plus vite, frappé par un mauvais pressentiment.
« Tu… commença-t’il.
– Oui ?
– Tu vas aussi tuer mon père ? »
C’était une question très sérieuse et posée avec angoisse. Pourtant, Inas plissa le front comme s’il venait d’entendre une absurdité.
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« Qu’est-ce que vous voulez dire ? Pourquoi je tuerais Luther ?
– Tu as bien tué mon grand frère. Alors mon père…
– Je ne le tuerai pas.
– Menteur, » murmura Nigel, désespéré.
Il ne pouvait pas croire ce que venait de dire Inas. En plus dans la session précédente, Inas n’avait-il pas avoué que Luther l’avait maltraité ? Tout comme il avait tué Etna, il avait plein de raisons de tuer Luther…
Nigel se mit à trembler de tout son long, frappé par une idée subite. Dans ses souvenirs, son père était mort alors qu’il n’avait que soixante ans. Il était mort paisiblement dans son sommeil, pas du tout malade, mais en réalité, il avait été bien trop jeune pour mourir. Durant l’année précédente, il avait bien eu un déclin de force mais il était resté vigoureux, allant chasser comme avant.
Dans l’esprit de Nigel, un soupçon impensable apparut.
À l’époque, Nigel avait dix-neuf ans, la majorité, et avait donc pu hériter du duché sans le moindre problème.
Se pouvait-il qu’Inas avait tué son père par excès de loyauté envers Nigel ou bien pour ses propres convenances personnelles ? L’obstacle majeur dans leur relation avait été Luther, après tout.
« Ne commencez pas à vous imaginer n’importe quoi, Nigel, conseilla Inas, comme s’il pouvait lire tous ses doutes sur son visage perdu. Si je tuais Luther, cela ne ferait que vous bouleverser énormément. Ce n’était pas la même chose pour Etna. Si je l’ai tué, c’est pour votre bien.
– Pour quelle raison tu as tué mon grand frère ?
– Si je vous le dis, cela n’aura servi à rien de tuer Etna. »
C’était suspect qu’Inas ne lui fournisse pas une raison d’avoir tué Etna. Nigel était si furieux que s’il avait encore eu l’épée démoniaque Bertha dans les mains, il aurait de nouveau transpercé Inas avec.
« Tu avais cherché l’occasion de tuer mon grand frère pendant tout le temps où je m’étais enfui ? Tu m’as espionné ?
– Je ne vous ai pas espionné.
– Arrête de me mentir. Tu m’as bien espionné jusque là.
– Est-ce que le seigneur Nigel ne s’est pas enfui parce qu’il ne m’aimait plus ? Vous ne vouliez plus que je vous espionne.
– Qu’est-ce que tu… »
Les épaules de Nigel s’affaissèrent à cause de ces arguments des plus arbitraires. Ce n’était pas faute de discuter mais plus il parlait avec Inas, moins il le comprenait.
« Si tu ne voulais pas que je vois Etna, tu n’avais qu’à intervenir pour m’en empêcher avant que je le retrouve.
– C’était bien mon intention, mais j’ai été un peu retardé en cours de route.
– Retardé ? Toi ? Qui aurait bien pu faire ça ? » demanda Nigel d’un ton inquisiteur.
Qui aurait osé se dresser en travers du chemin d’Inas Idenbach ? C’était une excuse ridicule et Nigel aurait bien aimé savoir si cela était possible.
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Malheureusement, Inas ne répondit pas.
« Tu ne peux pas le dire.
– Je l’ai fait.
– De quoi tu parles ? Tu n’as rien dit !
– Je viens pourtant de le faire, Nigel. »
Quelles bêtises tu racontes encore ?
Nigel, qui s’apprêtait à lui crier d’arrêter ses histoires, se rappela soudain de Schumach et de Kei qui n’entendaient naturellement pas des conversations liées au système ou au jeu.
Se pouvait-il que Nigel avait écouté Inas comme ça à l’instant ? Que diable avait bien pu dire l’autre ?
Le corps de Nigel se couvrit de chair-de-poule alors qu’il se rappelait s’être tenu immobile comme une poupée artificielle. Il inspira profondément.
Non, si ça se trouve… Inas vient de mentir.
Quand il vit Nigel s’agiter de nouveau, Inas se leva de son fauteuil. Nigel leva une main vers lui qui semblait capable de s’approcher à tout moment.
« Reste loin de moi !
– Nigel, je suis juste sincèrement très inquiet pour vous.
– Tu mens.
– Comment pourrais-je mentir ? Je vous aime, seigneur Nigel. »
Nigel lui lança un regard noir. Ce qui lui vint à l’esprit en cet instant, ce fut la voix de Kei murmurant :
« Je t’aime, Nigel. »
Il n’y avait pas eu une once de sincérité là-dedans, mais ses paroles avaient été si douces que si on n’en savait rien, on aurait pu se laisser berner. Les paroles pouvaient être trompeuses. Les regards et les actes, un peu moins.
Qu’est-ce qui était sincère dans tout ça et qu’est-ce qui ne l’était pas ?
Une fois qu’on commençait à douter, cela devenait vite incontrôlable. On ne pouvait pas se fier à de simples mots ou des actes pour être sûr. En plus, comme toute trace avait disparu avec les nombreuses régressions, il n’y avait plus aucun moyen de découvrir la vérité, hormis se fier aux paroles de l’autre homme.
Nigel était actuellement en train de soupeser ce que Kei avait dit. Mais d’un autre côté, et si Kei avait menti ?
Et si Inas n’avait jamais trahi Nigel et avait tué Etna juste pour se salir les mains pour le bien de Nigel ? S’il y avait une raison précise que Nigel ne pouvait pas comprendre pour le moment, mais qu’il devait accepter même sans connaître les détails… ?
De nouveau, Nigel se dit qu’il devait retrouver ses souvenirs du passé. Ils ne lui avaient apporté que quelques petits indices ridicules pour le moment, mais quelque part…
La fenêtre familière qu’il avait vue tant de fois réapparut dans le champ de vision de Nigel. Il serra les dents et marmonna intérieurement :
La ferme.
Qu’est-ce que tu veux que je fasse si je ne me souviens de rien ? Si je ne sais rien, je ne peux pas avoir de recul.
Peu importait à quel point Nigel était insignifiant et pathétique, mieux valait avoir ses souvenirs que pas du tout. Est-ce que Kei, un aventurier novice qui ne connaissait rien du monde, n’avait-il pas pu tromper Schumach et Nigel une fois qu’il avait retrouvé la mémoire ?
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« Inas.
– Oui, Nigel ? »
Nigel contempla Inas. Ce visage lui avait follement manqué même quand il avait été furieux contre l’autre. En même temps, c’était un visage dont il ne pouvait percevoir les pensées.
Ce n’était pas que Nigel voulait se laisser influencer par les paroles de Kei, mais sa foi avait été laissée en lambeaux alors que Nigel s’était tenu face au danger sans le moindre soutien, la tête vacillante. Il lui fallait à présent une vérité forte et solide pour se remettre sur le droit chemin. Et ce ne seraient ni les paroles d’Inas, ni celles de Kei, mais bien ses propres souvenirs.
Et tant qu’il ne les aurait pas retrouvés…
« Nous devons rompre. »
Nigel avait besoin de tout savoir. Est-ce qu’Inas l’aimait vraiment, ou bien représentait-il un danger pour lui ?
Seulement ensuite, il pourrait décider s’il allait continuer à aimer Inas ou pas.
Note de Karura : Dans le prochain chapitre, le monde sera détruit par un Inas au cœur brisé…
Sérieusement, Nigel joue avec le feu ! Cela dit, c’est bien plus drôle de le voir traiter Inas comme ça malgré sa peur de son pouvoir incommensurable.
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