Comment élever un sacrifice 3 4

Chapitre 4


Nigel, qui s’était endormi seul après le départ d’Inas, était tombé gravement malade à l’aube. Il avait horriblement mal à la tête et sa fièvre était si forte qu’il n’arrivait même pas à quitter le lit.

Il ne se souvenait pas être tombé aussi malade vers cette période, mais cela n’avait rien d’étonnant non plus. Il était normal qu’un corps fragile tombe malade suite au stress.

Cela dit, c’était bien plus pratique d’être malade pour le moment. Il n’avait qu’à se concentrer uniquement sur la douleur sans avoir à sombrer dans des pensées compliquées.

La seule chose qui embêtait Nigel, c’était qu’Inas se trouvait à son chevet à chaque fois qu’il se réveillait. Alors même qu’il avait clairement dit qu’ils devaient rompre, Inas persistait à rester assis à côté de lui.


Bien entendu, Nigel avait été furieux la première fois qu’il l’avait vu.

« Qu’est-ce que tu fais ici… ?

– Je m’inquiète pour vous, seigneur Nigel. Reposez-vous.

– Je n’ai pas besoin que tu t’inquiètes, va-t’en… »

Il faisait clairement une tête fâchée, mais Inas sourit comme s’il n’avait rien entendu du tout.

Et la fois suivante, il continua de rester à son chevet avec un sourire nonchalant.

« Quoi ? Qu’est-ce que tu fais ici ? maugréa Nigel.

– N’y faites pas attention, rendormez-vous.

– Va-t’en. Pars d’ici, va-t’en ! »

Pourquoi tu continues à venir alors que je suis malade et que je suis resté alité sans même pouvoir me laver correctement ?

Nigel ne devait pas être beau à voir, car il était sale et en sueur…

Bien que le garçon soit énervé, Inas posa calmement sa main sur son front. Cela lui fit du bien de sentir la main d’Inas aussi froide que de la glace, comme s’il avait employé de la magie. Par conséquent, Nigel s’endormit sans avoir réussi à le faire partir.


Quand il se réveilla la fois suivante, Inas avait été remplacé par le médecin. Ce dernier l’avait apparemment réveillé dans l’intention de le faire manger, ne serait-ce qu’un peu. Nigel eut bien du mal à avaler son médicament après le repas et il se demanda si Inas avait cessé de venir.

Mais comme pour défier ses attentes, Inas était de nouveau à ses côtés quand il se réveilla la fois suivante.

« Va-t’en, pourquoi tu n’arrêtes pas de revenir… ?

– Vous n’aviez pas dit que je pourrais rester à vos côtés si on rompait ?

– Non, je ne t’ai pas permis de me coller au cul comme ça, sale enfoiré. Enfoiré de stalker…

– Arrêtez de dire ces grossièretés et reposez-vous, Nigel. »

En quoi ‘enfoiré’ était un mot trop grossier ? Nigel l’insulta encore deux fois en marmonnant avant de s’endormir.


* * *

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Cela se produisit plus de cinq ou six fois.

Apparemment, Inas ne semblait pas se présenter quand il y avait d’autres personnes autour de Nigel. Mais il restait avec lui tout le reste du temps, souriant à chaque fois Nigel ouvrait les yeux, même pendant une seconde. Il lui rafraîchissait également le front et lui tenait la main. Bien entendu, Nigel était à chaque fois agacé de la présence d’Inas et ne se privait pas de l’insulter..

… Mais s’il avait su qu’on l’observait, il n’aurait jamais agi comme ça.

Il avait complètement oublié qu’aucun père digne de ce nom n’aurait laissé son fils malade seul dans une chambre. Tout comme il avait oublié le fait qu’Inas était le mage le plus puissant au monde.


Inas lui apparaissait uniquement en se rendant invisible et inaudible aux autres par la magie. Inconscient de ça, Nigel délirait à cause de la fièvre et parlait sans réfléchir. Sauf qu’aux yeux du médecin et du serviteur qui étaient restés dans la chambre pour veiller sur lui, le jeune Nigel semblait jurer tout seul dans les airs.

Ces gens se posèrent donc des questions sur Nigel. Alors quand la fièvre baissa et que le garçon fut de nouveau en forme, Luther vint le voir, le visage grave.

« Nigel, est-ce que quelqu’un t’aurait mal parlé ?

– De quoi ?

– Quand tu délirais à cause de la fièvre, tu as dis des choses étranges… vulgaires. Où est-ce que tu as entendu de telles grossièretés ? »


Ce ne fut qu’à cette question que Nigel se rendit compte de sa bévue. Il résista à l’envie de se tirer une balle en pleine tête pour réinitialiser ce monde à nouveau. Au lieu de ça, il adressa un sourire d’adulte à son père.

« Ce n’est rien, père. J’ai simplement dû faire un cauchemar. »

Luther le fixa avec surprise.

En fait, avant de rencontrer Inas, Nigel avait toujours eu un tempérament irritable et capricieux à cause de sa maladie. Mais comme il ne voulait pas montrer cet aspect horrible de sa personnalité à Inas, il s’était forcé par la suite à agir de manière plus digne. Ensuite, il avait grandi pour devenir petit à petit le Nigel actuel. Cependant, le père de Nigel n’avait pas l’habitude de voir l’attitude mature de son fils.


« Tu vas vraiment bien ? insista-t’il.

– Oui.

– Et où est-ce que tu as entendu ces gros mots ? »

Nigel roula des yeux.

« Je ne sais plus…

– Vraiment ? »

Luther se frotta le menton. Il ne semblait pas douter de la parole de son fils et semblait simplement se demander par où commencer. Nigel eut un sourire gêné.

« Désolé, Père, d’avoir dit des gros mots.

– Non… Tu n’y es pour rien. Mais tâche de ne plus recommencer.

– Oui.

– Et si quelqu’un te parle mal, ne prends pas sur toi : fais-le moi savoir, tu comprends ? Je le disputerai pour toi.

– Bien, Père, » répondit calmement Nigel aux conseils prudents de son père.


Quand il était plus jeune, il se laissait intimider par toutes les rumeurs qui parcouraient le manoir, se sentant coupable… À présent qu’il savait qu’Etna n’était pas mort par sa faute, Nigel n’avait pas l’intention de se laisser faire, surtout après toutes les vies qu’il avait menées. Il comptait bien en profiter cette fois.

« Nigel.

– Oui ? »

Luther posa sa main sur celle de son fils, qui était plongé dans ses pensées. Un sourire gentil se dessina sur le visage toujours durci.

« Tu n’as pas encore été officiellement nommé comme successeur, alors tu peux tranquillement continuer à m’appeler comme d’habitude.

– Hein ? »

Nigel battit des cils, ne comprenant pas d’où venait cette remarque soudain.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Luther toussota, l’air gêné.

« Ne m’appelle pas subitement ‘Père’ comme ça. C’est, hum, tu peux continuer à m’appeler ‘papa’.

– … »

Le visage de Nigel vira tout à coup au rouge. La pointe des oreilles arrondies de Luther était également teintée de rouge, comme celles de Nigel.

Luther était du genre autoritaire et ne reculait devant aucun moyen pour arriver à ses fins. C’était exactement ce qui avait autrefois créé des conflits avec son fils. Nigel criait souvent contre son père, disant qu’il était trop vieux-jeu, puis il se faisait gronder et ne pouvait plus sortir de sa chambre pendant des jours. Au fil du temps, Nigel voyait Luther comme le duc glacial de Magnus plutôt que son père.


Mais avec le recul, Luther était un père qui avait toujours aimé son fils. C’était lui qui tenait la main de Nigel toute la nuit quand ce dernier était malade. Et quand Nigel voulait sortir alors qu’il avait de la fièvre, Luther lui prenait la main et le conduisait à la fenêtre. En fait, le côté autoritaire et inflexible de Luther — les aspects que Nigel haïssait — était en général pour son bien.

Son père qui l’aimait tant venait de dire qu’il préférait se faire appeler ‘papa’ plutôt que ‘père’… C’était un peu difficile à dire. Nigel se pinça les lèvres, les joues rougies.

« P-papa.

– Bien.

– Papa. »


Il était content que cela fasse plaisir à son père… C’était embarrassant pour un jeune homme de vingt-trois ans de devoir faire semblant d’être un enfant et d’employer une appellation à laquelle il avait renoncé depuis dix ans. Mais alors que Nigel prononçait timidement ce mot, un sourire se dessina sur les lèvres de son père. Quand le garçon s’agita et tendit les bras, Luther se pencha joyeusement vers lui pour le serrer fort dans ses bras.

Nigel se nicha directement dans l’étreinte de son père. Les battements du cœur de l’autre homme, ni trop lents, ni trop rapides, l’apaisèrent.


* * *


Quand Nigel se leva un matin, il fut informé qu’il devait se rendre au temple. Après plusieurs jours de maladie, il s’était attendu à ça. La raison pour laquelle le fragile Nigel avait pu grandir correctement, c’était grâce aux soins des prêtres qui avaient reçu en contrepartie une belle somme.

Aujourd’hui, Luther avait aussi décidé de se rendre au temple, alors Nigel se prépara après le petit-déjeuner. Vu qu’il se rendrait dans un endroit où il allait forcément se faire remarquer, il s’habilla avec une tenue noire aussi nette que possible.

Quand il se tint devant le miroir, il vit un visage pâle sans la moindre couleur, bien qu’il ne soit encore qu’un enfant.

Je suis plutôt joli, songea Nigel, mais comme une fleur morte.

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Alors qu’il observait son reflet avec hébétude, le valet à côté de lui le complimenta :

« Jeune seigneur Nigel, vous êtes vraiment magnifique.

– Tu peux t’abstenir de parler. »

Quand Nigel répliqua aussi sèchement, le valet referma la bouche d’un air embarrassé.

Nigel n’appréciait pas cet adolescent dont il ne n’arrivait pas à se rappeler le nom. Il fallait dire aussi qu’il n’avait pas eu beaucoup l’occasion de le voir : dans les souvenirs de Nigel, ce garçon avait volé des bijoux avant de s’enfuir.

Ne me dites pas qu’Inas l’a tué.

Nigel secoua la tête, reléguant dans un coin de son esprit cette question qui l’avait à peine effleuré. Il n’y avait aucune raison pour qu’Inas tue un adolescent ordinaire en maquillant ça en vol, pas vrai ?


Cependant en y réfléchissant, Nigel songea qu’il devrait soigneusement protéger les bijoux que ce valet allait dérober. Certains avaient appartenu à sa mère, mais ce vol n’avait pas profité à l’autre au bout du compte. Tout le monde murmura qu’il avait dû se faire attaquer par un monstre en s’enfuyant. Il avait dû mourir d’une manière ou d’une autre, puisque la majorité des biens volés avaient été retrouvés et récupérés quelques années plus tard lors d’une vente aux enchères, mais ils avaient été endommagés.

Puisque Nigel était revenu à cette époque, autant en profiter. Mais où étaient les bijoux ? Il se rappelait qu’il en avait manqué une partie, mais il n’aurait plus su dire exactement lesquels, étant donné que ça datait de plus de dix ans. Il était cependant sûr que les bijoux se trouvaient dans sa chambre, alors il les chercherait à son retour du temple.


« Nigel. »

Quand il entendit la voix de son père, Nigel se tourna et courut vers lui.

« Papa ! »

Quand Nigel lui sourit en lui tendant les bras, Luther le souleva joyeusement dans ses bras. Il suffisait de l’avoir fait quelques fois pour s’y habituer. Nigel ravala son soupir et descendit les escaliers dans les bras de son père.

Dès qu’ils sortirent du manoir, Nigel aperçut Inas. L’adolescent se tenait à côté du carrosse et le regardait. Quand leurs regards se croisèrent, il s’inclina.

« … »

Nigel eut l’impression qu’Inas se moquait ouvertement de lui. Mais à l’idée que l’autre l’avait attendu longtemps dehors par ce jour glacial, il se calma. Bien qu’il avait décidé de rompre avec Inas, il ne voulait pas non plus que l’autre l’ignore.


Ne voulant pas se fâcher devant son père, Nigel bondit de ses bras et sans un seul regard pour Inas, il monta dans le carrosse.

Luther entra à son tour et l’attelage se mit lentement en route. Luther tapota le genou de son fils qui regardait par la fenêtre. Nigel ne put que tourner la tête devant ce geste amical.

« Tu n’apprécies toujours pas Inas Idenbach, Nigel ? Il est encore jeune, mais il est vraiment très prometteur.

– Non, ça peut aller.

– C’est lui qu’il te faut pour le moment. Si ça ne va pas, je peux toujours essayer de te trouver quelqu’un d’autre, mais il est la meilleure option. »

À cause de sa promesse à Inas, Nigel secoua la tête.

« Non, ça va mieux maintenant… La dernière fois, c’était juste parce que j’avais fait un vilain cauchemar. Je me sens maintenant un peu gêné de lui avoir montré ce mauvais côté de ma part. »

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Luther prit un air sévère face à cette piètre excuse.

« Ne sois pas gêné. Cet adolescent est ton inférieur et te doit obéissance. Tu dois t’y habituer dès maintenant.

– … Bien. »

Tout à coup, l’esprit de Nigel fut refroidi, comme si on avait versé une bassine d’eau glacée dessus. Oui, voilà ce qu’il n’avait jamais apprécié chez son père : il ne voyait les gens que comme des outils.

Malgré le fait qu’il en prenait de nouveau conscience, Nigel répondit pourtant calmement. Il ne pourrait pas rester avec son père toute la vie, alors il ne voulait pas gâcher le peu de temps qu’il leur restait ensemble. En plus, ce n’était pas non plus qu’il ne comprenait pas ce que son père essayait de dire.

Nigel contempla les poignets squelettiques qui dépassaient de ses manches. Il était le plus faible des ducs de Magnus. Il était dans un état où il ne pouvait pas survivre sans qu’on dépense une tonne d’argent pour le soigner, alors ne parlons pas de remplir ses devoirs. Luther voulait simplement éduquer son fils si frêle pour qu’il devienne plus fort.

Au lieu de montrer son abattement, Nigel ferma les yeux et fit semblant de dormir. Heureusement, Luther arrêta de lui parler.


* * *


Nigel s’endormit pour de bon. Quand il se réveilla, le carrosse était déjà arrivé au temple sans qu’il ne s’en rende compte.

Depuis des générations, les ducs de Magnus et le temple de Montstein avaient coopéré harmonieusement. Pour cette génération en plus, Luther avait fait de généreuses donations au temple, alors le grand prêtre venait personnellement l’accueillir à chaque fois qu’il se présentait.

« Soyez le bienvenu, seigneur Magnus. Que la bénédiction de Glarus soit sur vous.

– Qu’elle soit sur vous aussi, grand prêtre. »

Ces formalités étaient courtes, mais elles devaient être accomplies à chaque fois. Après le salut de Luther, Nigel entra dans le temple.

Au moment où il mit les pieds dedans…


Il se retrouva aussi enveloppé dans une pure lumière blanche.

« Qu-quoi ?

– Nigel ! »

Il ne pouvait rien voir autour de lui à cause de la lumière blanche dont la luminosité augmentait. En même temps, les sons confus s’éteignirent peu à peu, comme noyés. Au bout d’un moment, sa vision, qui avait été aveuglée par la lumière blanche, s’éclaircit.

Nigel cligna des yeux, complètement confus.

Il pouvait voir un tout autre endroit sous ses yeux.

Le temple qu’il avait vu il y avait encore un instant avait disparu et Nigel se tenait dans un espace vide et tout blanc. Bizarrement, il n’y avait pas de sol, de mur ou de plafond dans cet espace ouvert. C’était un monde de pure blancheur et sans limite qui se déployait à l’infini.

Et au milieu de cet espace se tenait un homme qui ressemblait exactement au Nigel de vingt-trois ans.


Cette apparition de son double donna la chair-de-poule à Nigel. La seule différence était que ce double avait un teint plus rosé et que ses cheveux longs tombaient jusqu’à sa taille, contrairement à Nigel qui avait les cheveux courts.

« Un monstre ? »

Aux paroles murmurées de Nigel, l’autre homme haussa un sourcil, l’air manifestement mécontent. Nigel ne pouvait pas le savoir parce qu’il ne se regardait pas toujours dans le miroir, mais c’était sa tête des mauvais jours.

J’ai juste emprunté ton apparence, ] fit l’homme sans ouvrir la bouche.

La voix étrangement sonnante résonna directement dans la tête de Nigel. Même cette voix était celle du Nigel adulte.

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«  Qui… ? »

[ Tu ne le sais vraiment pas ? ]

Nigel se mordit les lèvres. Il savait très bien que l’autre ne pouvait pas être un monstre, puisqu’il avait rencontré cet homme enveloppé de lumière dans le temple. Il voulait juste se voiler la face aussi longtemps que possible.

« Seriez-vous le divin Glarus ? »

[ C’est exact. ]

L’autre partie confirma rapidement les paroles que Nigel avait lancées dans l’espoir que l’autre réponde par non.


Note de Karura : Glarus apparaît enfin !







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