Chapitre 2
Nigel arriva à la capitale à moitié allongé, souffrant encore de sa maladie. La route n’était pourtant pas bien longue pour aller du nord du royaume au centre, alors pourquoi y avait-il eu autant de monstres sur le chemin ? Quand les chevaliers qui l’escortaient arrivèrent à la capitale, ils s’étirèrent comme s’ils avaient fait le tour du continent.
« Jeune maître, vous allez bien ? » demanda Roshan en le regardant d’un air inquiet.
Nigel secoua la tête.
« Non, je ne vais pas bien du tout…
– Dire qu’on est enfin arrivé à la capitale, mais que vous êtes malade. »
La voix de Roshan était teintée de pitié. C’était très malheureux que ce jeune garçon, qui aurait dû être tout excité de se trouver dans un nouvel endroit pour la première fois de sa vie, avait dû être directement transporté au manoir sans pouvoir voir correctement la ville.
Nigel eut un sourire embarrassé, ne pouvant pas dire qu’il avait vu tellement de fois la capitale dans ses autres vies que c’en était ennuyant.
« Ça va aller, Roshan. J’ai juste besoin de me reposer un peu. Y a-t’il des rendez-vous de prévus après ça ?
– Rien de particulier n’a été prévu, au cas où le jeune maître serait trop malade à cause du voyage. Vous devez simplement avoir une audience avec sa Majesté, et n’avez-vous pas une autre personne à rencontrer ?
– Oui, en effet. »
Nigel avait demandé à Luther de l’aider à retrouver Schumach et il avait décidé de lui rendre visite afin de le convaincre d’intégrer les chevaliers du duché. Cela dit, maintenant qu’il était arrivé dans la capitale, il pourrait facilement rencontrer Schumach alors il n’y avait pas d’urgence. Il avait beau être motivé, il n’arriverait à rien avec son corps perclus de fatigue.
« La date pour l’audience avec le roi n’a pas encore été fixée, n’est pas ? demanda Nigel.
– C’est exact.
– Mais que se passera-t’il si je ne me présente pas tout de suite ?
– J’ai entendu dire que sa Majesté n’est pas du genre à se fâcher pour ça. Ne vous en faites pas et reposez-vous.
– Mmm… Bon, entendu. Pensez aussi à vous reposer.
– Merci, jeune maître. Rétablissez-vous vite. »
Après avoir congédié Roshan, Nigel resta songeur.
Effectivement, le roi actuel n’était pas Essian, qui provoquait souvent Nigel, mais son père, Roderick. Il paraissait que c’était quelqu’un de bien, pas du genre à exiger qu’un enfant malade se présente devant lui, même pour une affaire urgente. C’était plutôt normal d’ailleurs. Comment se faisait-il qu’une ordure comme Essian avait pu lui succéder… ?
Pour le moment cela dit, Essian n’était qu’un simple prince. Il n’avait pas autant de pouvoir et d’influence que quand il serait roi, mais il allait être encore plus stupide. Nigel ferait donc mieux de l’éviter…
Essian courait après tout ce qui représentait le pouvoir. Il était impossible que la rumeur que Nigel soit devenu le messager de Dieu ne soit pas parvenue aux oreilles du prince. S’il avait plus de détails à ce sujet, il allait naturellement prévoir de se servir de Nigel. Il allait donc forcément se présenter devant Nigel pour aborder le sujet un jour. Ou bien il le ferait venir pour une invitation banale ou autre chose, et il aborderait alors le sujet.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Alors que Nigel était perdu dans ses pensées, Inas, qui se tenait sur le côté, s’avança soudain. Puis sans demander la permission, il grimpa sur le lit et s’allongea à côté du garçon.
« Qu’est-ce que tu… » fais en montant sur le lit ?
Les protestations de Nigel s’arrêtèrent devant le geste d’Inas. Avec un doux sourire aux lèvres, l’adolescent ramena en arrière les cheveux blonds de Nigel sur son front et ses joues. Il était aussi beau que d’habitude. Après avoir écarté les cheveux de Nigel pour qu’ils ne cachent pas son visage, il demanda en le regardant droit dans les yeux :
« À quoi pensez-vous ?
– Je pense à Essian… »
Alors que Nigel commençait à répondre, le visage d’Inas fut déformé par une horrible grimace. Nigel tressaillit involontairement. Voyant sa réaction, Inas réprima sa colère et arbora un air plus calme.
Nigel osa alors se plaindre :
« Pourquoi tu es si furieux juste à cause de ce nom ?
– N’est-ce pas le seigneur Nigel qui exagère en prononçant le nom d’un autre homme alors que vous êtes au lit avec moi ? »
Pendant un moment, Nigel cligna des yeux, incapable de comprendre correctement ce que venait de dire l’adolescent. Puis quand il comprit finalement ce que l’autre impliquait, il recula de stupéfaction. Regardant Inas avec vigilance, il se cacha sous la couverture.
« Ne… Ne parle pas de choses bizarres comme être au lit ! Je n’ai encore que douze ans !
– N’est-ce pas le seigneur Nigel qui a parlé d’Essian le premier ?
– J’ai parlé de lui juste à cause de la situation : ce type va forcément s’intéresser à moi ! » grommela Nigel.
Inas écarquilla les yeux, comme surpris.
« Vous le savez ?
– Bien sûr que je le sais. Comment pourrais-je ignorer une chose pareille ? »
Tu me prends vraiment pour un idiot qui ne comprend même pas les bases de la politique ?
Mécontent, Nigel fit la moue. Inas s’excusa aussitôt :
« Je vous demande pardon. J’ai toujours pensé que le seigneur Nigel n’avait aucune idée des pensées sombres dans le cœur pourri de cet homme.
– Comment pourrais-je ne pas m’en douter ? Je suis le second fils du duc de Magnus ET le messager de Dieu. Essian ne voudrait-il pas approcher n’importe lequel des deux ? répliqua Nigel d’un ton d’évidence.
– … »
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L’expression d’Inas se fit bien mystérieuse. Il se leva lentement pour s’asseoir au bord du lit, fixant Nigel. Pour une raison quelconque, son regard semblait un peu teinté de pitié, ce qui énerva quelque peu Nigel.
« Pourquoi tu me regardes comme ça ?!
– Non… C’est juste que j’ignorais que vous étiez ainsi. Je crois que j’ai surestimé le seigneur Nigel…
– Comment ça, surestimé ?! »
Dans un accès de colère, Nigel souleva sa jambe et frappa Inas tout en restant allongé. Bien entendu, cela ne parut pas faire le moindre mal à l’adolescent. Inas soupira lourdement bien qu’il n’avait ressenti aucune douleur, puis il regarda Nigel droit dans les yeux.
« Il ne s’agit pas de politique. Nigel, Essian est énormément intéressé par votre visage et votre corps.
– … Tu as raison, tu me surestimes, » rectifia aussitôt Nigel.
Inas semblait persuadé que Nigel pouvait rendre n’importe qui amoureux de lui s’il en avait envie. Inas soupira, comme si Nigel disait n’importe quoi.
« Regardez-vous dans le miroir, Nigel.
– Non, bien sûr que je sais que je ne suis pas vilain. Mais Essian préfère les femmes.
– Vous en êtes vraiment sûr ? Je sais ce qui est arrivé autrefois. »
Ses paroles lourdes de sens donnèrent la chair-de-poule à Nigel.
« … Ne me dis pas que j’étais autrefois dans une relation romantique avec ce type ?
– Non, mon seigneur. »
Dieu merci.
Nigel se frotta le torse.
« Parce que je vous ai tué, puis que je me suis suicidé ensuite avant de voir ça arriver. »
Apparemment, Nigel avait été soulagé trop vite. Il était encore un peu malade, alors le fait d’entendre cette histoire dégoûtante lui donna le vertige. Il saisit sa tête douloureuse entre ses mains.
« Tu dis que j’ai failli tomber amoureux de ce type ? demanda-t’il avec incrédulité.
– C’était plus une relation forcée que de l’amour.
– … Je ne sais pas si ça doit me réconforter ou pas. »
Si Inas n’avait pas mis un terme à tout ça, cela se serait produit assez tôt dans les premières sessions. Nigel ne savait pas s’il devait se réjouir de ne pas être assez stupide pour tomber amoureux d’un enfoiré comme Essian, ou bien se lamenter d’avoir failli être forcé par ce type. Dans tous les cas, c’était une excellente chose que le passé avait déjà disparu pour toujours.
Inas soupira en voyant que Nigel parlait sans s’inquiéter du danger.
« Je hais la capitale, fit-il sombrement. Il y a toujours eu bien trop de drapeaux plantés avec vous ici.
– N’exagère pas juste à cause d’Essian.
– Il n’y a pas que lui. Il y a des centaines, voire des milliers de drapeaux à cause de tous les gens qui vivent ici. »
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Nigel répliqua aussitôt :
« Et le duché alors ? C’est aussi un endroit où il y a plein de gens. Mais est-ce que ces gens m’ont regardé avec les yeux écarquillés ? Je ne suis pas aussi séduisant que tu crois. Personne ne m’a jamais avoué ses sentiments.
– C’est parce qu’ils ne voulaient pas avoir à affronter la colère de Luther, alors ils se sont retenus. Le seigneur Luther est du genre à tout faire pour vous protéger, seigneur Nigel. »
Nigel regarda inconsciemment l’entre-jambe d’Inas. Son père avait dit à Inas que s’il enfreignait son serment, ses parties génitales allaient se nécroser. C’était déjà horrible pour quelqu’un qui allait devenir l’aide-de-camp de Nigel, mais cela aurait été encore pire pour quelqu’un d’autre.
« Je peux comprendre ce que ressent le seigneur Luther. Il y a tellement de mouches qui volent autour du seigneur Nigel, » fit Inas avec un petit sourire.
Cependant, ce sourire froid dénué de toute chaleur semblait convenir parfaitement à une suite comme ‘et je vais écraser tous ces enfoirés’.
Pour éviter un bain de sang, Nigel eut un rire jaune.
« Ça n’arrivera pas, ne t’en fais pas ! »
Quand il eut dit ça, il se demanda ensuite pourquoi il faisait une telle promesse à quelqu’un qui n’était même plus son amoureux. Ils n’étaient plus aussi proches, alors c’était inutile de se disputer pour de telles choses.
« Bon, je veux bien vous croire, » fit Inas.
Il s’approcha de nouveau, réduisant l’espace entre eux. Allongé à côté de Nigel, il tendit le bras pour le garçon s’en serve comme un oreiller. Ce fut un geste si naturel que Nigel n’eut pas le temps de l’arrêter. À cause de sa posture, Inas était très proche de lui et Nigel sentit un vertige le gagner.
« Reposez-vous un peu, Nigel. Vous avez la voix éraillée. »
N’est-ce pas à cause de toi qui n’arrêtes pas de me parler ?
Au lieu de répliquer, Nigel ferma les yeux en silence. Une fois qu’il irait mieux, il aurait plein de choses à faire en plus des affaires officielles. Nigel les compta une par une, puis s’endormit rapidement.
Son corps fragile qui souffrait à cause de l’accumulation de fatigue parut avoir totalement récupéré après une bonne journée de repos. Nigel, qui se levait de son siège et songeait à ce qu’il devait faire ensuite, eut soudain un visiteur surprise.
« Bien le bonjour, jeune seigneur Nigel. »
Le garçon se figea en voyant l’autre personne vêtue d’une robe splendide. Il s’agissait de Danica Demilan, la jeune fille qui deviendrait plus tard la comtesse de Demilan. Nigel se rappelait clairement de son esprit féroce quand elle avait participé à une petite guerre d’attribution des frontières.
Toutefois, elle ne semblait pas être venue ici comme héritière du duc de Demilan. La robe somptueuse, d’un style qu’elle n’appréciait pas parce que ça ne lui permettait pas de monter à cheval, était bleu pâle, une couleur qu’elle n’aimait même pas. Et pour couronner le tout, elle faisait une très vilaine tête.
C’était clairement la période où son père était en train de trouver une bonne candidate pour être la fiancée de Nigel.
Autrement dit, Danica venait en tant que fiancée potentielle.
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Sauf que cette fois, le père de Nigel s’était trompé sur toute la ligne. Nigel connaissait assez bien la future Danica. Visant à hériter du titre de comte de son père, elle recherchait plutôt un époux parmi sa famille éloignée afin de gagner en pouvoir. Puis parmi eux, elle avait épousé un chevalier qui venait d’une branche pauvre mais qui était très doué à l’épée. Il se pouvait qu’actuellement, elle soit prise dans une compétition avec son petit frère pour obtenir le titre d’héritier.
Bien entendu, Inas était également au courant de la situation de Danica. Allait-il se fâcher malgré les circonstances ? Nigel n’en était pas sûr, mais il n’oubliait pas que la veille seulement, Inas s’était vexé parce qu’il avait prononcé le nom d’un autre homme au lit.
Le regard de Nigel dériva inconsciemment sur le côté. Il était cependant impossible qu’il puisse voir la tête que faisait Inas, lui qui se trouvait derrière lui.
Note de Karura : Une fiancée potentielle arrive ! Le monde risque à nouveau d’être détruit 😱
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