Chapitre 11

Avant que Nigel n’ait eu le temps de répondre, l’autre personne lui fila soudain un coup de poing dans l’épaule. C’était un manque de respect que Nigel avait rarement connu jusque là. Mais bizarrement, il eut l’impression d’avoir déjà vécu ça naturellement bien des fois.

« À quoi tu penses ? Tu ne me réponds même pas. On traverse d’abord.

– Mmm… »

Alors que Nigel leva les yeux en suivant la voix du jeune homme, il s’aperçut que le feu pour les piétons, qui avait été rouge jusque là, était passé au vert. Nigel répondit par réflexe et suivit l’autre personne pour traverser la route qui n’était pas bien large.

Quand ils arrivèrent de l’autre côté, l’ombre projetée par les buildings avait disparu et le soleil tapa directement sur leurs têtes.

« Putain, il fait une de ces chaleurs ! Dans le resto, on prendra une table près de la clim, » grommela le jeune homme en se tournant vers Nigel.

Au moment où Nigel vit clairement son visage, il en resta stupéfait.

Un jeune homme aux cheveux noirs le regardait, sa peau bronzée bien visible sous son T-shirt. Nigel supposait que l’autre le regardait car sa tête était tournée vers lui et il pouvait sentir son regard.

Sauf qu’il ne pouvait pas clairement voir son visage. C’était comme s’il le regardait à travers une fenêtre couverte de buée.

Nigel pouvait pourtant bien voir les visages des inconnus qui passaient autour d’eux alors qu’au contraire, il ne pouvait pas du tout discerner le visage de ce jeune homme qui semblait le connaître.

« Pourquoi tu me fixes comme ça ? C’est parce que je suis moche ?

– N-non. Non, pas du tout ! »

Pris au dépourvu par la voix un peu rude, Nigel secoua la tête et s’empressa de s’excuser. L’autre personne se renfrogna, comme fâchée par quelque chose. Nigel pouvait vaguement voir ses sourcils se froncer, signe de mécontentement.

« Ya, je rigolais… C’est juste que tu me regardais d’un air si sérieux. Je ne suis peut-être pas aussi populaire que toi, mais j’ai quand même ma part d’admiratrices, tu sais ?

– Ah, okay… »

Tandis qu’il écoutait l’autre jeune homme parler, des souvenirs remontèrent subitement à la surface. Contrairement à Nigel qui refusait souvent les demandes amoureuses parce qu’il se concentrait uniquement sur ses études, son ami avait eu plusieurs copines depuis le collège.

Bien qu’il était un peu rude, les filles l’appréciaient en général parce qu’il était toujours de bonne humeur et se montrait attentionné. Nigel se dit qu’il avait vraiment de la chance d’avoir un ami pareil.

Un léger mal de crâne suivit ce souvenir qui était arrivé sans crier gare. C’était comme si le fin fond du puits desséché de sa mémoire avait été gratté pour faire ressurgir ce vieux souvenir. Nigel n’en put plus et porta une main à son front.

« Hé, ça va pas ? » demanda l’autre d’un ton inquiet.

Le ton de sa voix, qui semblait un peu rude au premier abord, était légèrement teinté d’inquiétude et de considération. Bien que Nigel ne pouvait toujours pas voir son visage, il connaissait cette personne.

« ■■■… »

Nigel ouvrit la bouche sans s’en rendre compte et en fut le premier surpris. Il venait de prononcer sans hésitation le nom de son ami, sauf qu’il ne saurait pas dire quel était ce nom et qu’il ne l’avait même pas entendu clairement.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Malgré ça, l’autre répondit :

« Oui, quoi ? »

Nigel avait prononcé un nom inconnu dans une langue inconnue et l’autre avait naturellement comprit.

« On est amis depuis le collège, pas vrai ?

– Euh, ouais… Pourquoi tu demandes ?

– Je n’arrive pas à croire que toi et moi sommes amis, » murmura Nigel avec sincérité.

Cependant, l’autre prit ça pour une blague. Quand une main le tapa fort dans le dos, Nigel faillit tomber en avant. L’autre paniqua et le retint d’une main.

« Ne me fais pas peur ! J’ai cru que tu allais encore finir à l’hosto. »

Encore à l’hôpital ? C’était la première fois que Nigel entendait parler de ça.

« Je suis resté à l’hôpital ? demanda-t’il.

– Ben oui. Tu étais gravement blessé.

– Je ne sens pourtant rien.

– Tu es guéri à présent, mais tu as souffert un bon moment après l’incident sur l’île de Jeju. À cause de ça, tu as perdu un an dans tes études. Tu ne te rappelles plus comme tu te plaignais tout le temps ? Tes bras et tes jambes ressemblaient à des baguettes. »

Il ne voulait sûrement pas parler du voyage sur l’île de Jeju que Nigel avait fait avec ses parents étant petit, quand ils étaient encore en vie. Ce voyage dont parlait ■■■ devait probablement être le dernier voyage que Nigel avait fait avec sa grande sœur.

Ses souvenirs de ce monde s’arrêtaient au moment où il se trouvait sur l’île de Jeju. La dernière chose dont il se souvenait, c’était de ce terrible accident à cause duquel il avait eu de graves blessures, si graves qu’il avait failli en mourir. Dans les quelques souvenirs des sept années qui avaient suivi, rien de spécial n’était arrivé depuis ce voyage. Les souvenirs du passé lui revenaient librement à présent, alors s’il s’était passé quelque chose après, il s’en serait forcément rappelé…

Bon, quoi qu’il en soit, ce monde était une illusion, pas la réalité. Les faits n’étaient pas importants.

Ce n’était qu’une illusion fabriquée de toute pièce, ce n’était pas vrai.

Nigel fut horrifié par ce monde rempli de mensonges. Il aurait bien voulu pouvoir s’enfuir de ce monde étrange tout de suite. Loin d’être aveuglé par l’illusion produite par l’artefact, il était terrifié de voir que cette illusion semblait solide et ne montrait pas la moindre incohérence. Elle forçait même Nigel à accepter ce monde en déversant en lui ses souvenirs oubliés.

« Tu es sûr que tu te sens bien ? Tu ne veux pas que j’appelle une ambulance ? » demanda ■■■ d’un air très inquiet alors que Nigel restait planté là à le regarder en plissant le front.

Nigel se ressaisit à peine et secoua la tête.

« Ça va. C’est juste que je n’ai pas bien dormi ces derniers jours.

– Pas bien dormi. Qu’est-ce que tu as bien pu faire de pervers pour ne pas bien dormir ou manger ?

– T’occupe… Ce ne sont pas tes affaires.

– Pas mes affaires, mon cul ! Bon, allons d’abord manger un morceau. Il y a un endroit qui sert de délicieuses côtes de porc dans le coin. »

Nigel ne comprenait pas ce qui se passait. Mais puisqu’il ne savait pas comment faire pour sortir de là, il valait mieux jouer le jeu et guetter une bonne occasion.

Après être parvenu à cette conclusion, Nigel hocha la tête et suivit son ami. Tout à coup, il aperçut son reflet dans une vitrine. Bien qu’il y avait des gens aux cheveux noirs partout en Corée, Nigel avait des cheveux lisses d’un blond étincelant. Jusqu’à quel point s’agissait-il des souvenirs de Nigel et jusqu’à quel point c’était une illusion fabriquée ?

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Ce n’était guère le moment de s’interroger et d’angoisser. Nigel alla manger des côtes de porcs avec ■■■, puis ils se rendirent dans un cybercafé pour jouer à des jeux en ligne. Nigel put ainsi se souvenir qu’il adorait les côtes de porc au fromage et qu’il était plutôt doué pour jouer. Son classement dans le jeu en ligne était assez élevé.

Pourtant, ce qu’il voyait à l’écran lui était complètement inconnu. Il était impossible pour un débutant qui venait à peine de maîtriser les touches de base sans jouer à un seul jeu vidéo de sa vie de déployer les compétences d’un joueur chevronné. Il ne cessa de se faire engueuler par ■■■ parce qu’il ne jouait pas bien. À force, il en eut marre de se faire insulter, à tel point qu’il faillit se battre avec ■■■.

Leur temps au cybercafé passa très vite. ■■■ dit que Nigel n’avait vraiment pas l’air d’aller bien et que dans des moments pareils, il fallait boire de l’alcool. Nigel se dit que l’autre racontait n’importe quoi et qu’il aurait mieux valu se reposer. Toutefois, il avait envie de s’enivrer, alors il suivit l’autre sans discuter.

Le bar bondé et bruyant du quartier universitaire choqua Nigel. Il s’émerveilla de voir qu’il suffisait d’appuyer sur la sonnette sur la table pour faire venir un serveur. Puis les snacks bon marché et le soju Un alcool typique de Corée, fait à partir de riz ou de pommes de terre. (1) qui arrivèrent en continu étaient si délicieux que Nigel ne se soucia même pas de savoir ce qu’il mangeait.

Sans faire attention à Nigel qui était abasourdi de voir autant de gens parler autour de lui, ■■■ but à loisir. Quand il fut un peu ivre, il se mit à parler beaucoup. Il raconta qu’il venait d’avoir une grosse dispute avec sa copine. C’était une querelle d’amoureux qui semblait assez sérieuse.

Pendant ce temps, Nigel eut la surprise de voir deux fois des inconnues lui demander son numéro. Il se rappela que ça lui arrivait souvent.

C’était un monde bruyant, mais paisible.

Toutefois, Nigel ne pouvait pas se sentir à l’aise dans cette tranquillité.

Tout autour de lui était aussi bizarre que des vêtements mal ajustés. Il songea que c’était dans cet endroit qu’il essayait de revenir et que ça faisait sept ans qu’il se disputait avec Inas à ce sujet.

Bien entendu, ce n’était pas particulièrement parce qu’il aimait son monde d’origine qu’il voulait y revenir. C’était juste que Nigel n’avait plus sa place dans le monde actuel. Il s’était donc vaguement dit que puisque c’était le monde dans lequel il avait vécu avant, il pourrait s’y adapter plutôt bien du moment qu’il y retournerait.

Mais à présent, si quelqu’un lui demandait s’il voulait vraiment vivre dans ce monde, Nigel répondrait non sans la moindre hésitation.

■■■ tapota sur l’épaule de Nigel qui était perdu dans ses pensées.

« Hé, ton portable n’arrête pas de sonner depuis tout à l’heure. »

Nigel plissa le front à ces mots. Portable. Après un moment de réflexion, il se rappela de quoi il s’agissait. Nigel prit son portable de sa poche et le posa sur la table. L’appareil sonnait depuis un moment déjà.

Nigel fronça les sourcils en voyant les mots clairement affichés à l’écran.

Que diable cela voulait-il dire ?

Tandis que Nigel fixait le portable sans réagir, ■■■ le pressa de répondre, sauf que Nigel ne savait pas comment faire. Pendant qu’il y réfléchissait, la vibration et la sonnerie cessèrent.

« Pourquoi t’as pas décroché ? T’es bourré ? demanda son ami.

– Non, pas du tout. »

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Le téléphone se mit de nouveau à sonner, mais Nigel ne répondit toujours pas. Quand la sonnerie cessa de nouveau, ■■■ assis en face de lui siffla de manière exagérée et fit un son étrange.

« Yaa… Tu dois être bourré, non ? Pourquoi tu ne réponds pas à ton frère ?

– Mon grand frère ? répéta Nigel avec stupeur.

– Oui, c’est ton frère qui vient de t’appeler. Vous vous êtes disputés ou quoi ? »

Nigel fronça les sourcils devant cette appellation qui ne lui plaisait guère. Est-ce que le Inas de ce monde était aussi le grand frère de Nigel ? Nigel n’avait jamais rencontré Inas dans ce monde mais puisqu’il s’agissait là d’une illusion qui se jouait arbitrairement, cela n’avait rien d’étonnant à ce qu’Inas apparaisse comme son frère. Malgré ça, Nigel n’était pas content de l’avoir pour grand frère.

« Hé, alors, vous vous êtes disputés ? »

Quand ■■■ continua à lui poser cette question, Nigel secoua la tête. Cependant, il ignora quand ■■■ ne cessa de lui demander pourquoi il n’avait pas décroché.

Quand le portable sonna une fois encore, ■■■ se permit de prendre le téléphone de Nigel et de répondre à sa place.

« Hé, pourquoi tu fais ça… ?

– Ce n’est rien, reste tranquille. Allô, grand frère, c’est ■■■… ah, je crois qu’il a un peu trop bu et qu’il est bourré… Non, non ! Je te jure que ce n’est pas moi qui l’ai fait boire… Tu n’as pas l’air de bonne humeur ce soir, hein ? Oui, oui… Oui, je vais l’empêcher de continuer à boire. Okay, okay… Oui. On se trouve à… »

■■■ donna le nom du bar à Inas et expliqua comment s’y rendre. L’attitude extrêmement déférente de ■■■ envers Inas était agaçante. Même si ce n’était qu’une illusion, pourquoi ■■■ avait-il besoin de se montrer si intimidé par Inas ?

Nigel se tapa le front.

Non, pourquoi diable l’attitude de ■■■ m’énerve autant ?

■■■ n’était qu’une illusion. Même si c’était lui qui se mettait en colère quand ils étaient petits à chaque fois que des enfants se moquaient de Nigel pour avoir perdu ses deux parents, même si Nigel avait plein de souvenirs avec ■■■, il ne représentait rien pour Nigel Grau Montstein.

Malgré ça, Nigel était irrité. Il voulut boire à nouveau, sauf que ■■■ lui prit son verre et tâcha de l’en dissuader :

« Hé, arrête de boire. »

Nigel secoua la tête face à la voix amicale de l’autre jeune homme. S’il ne buvait pas, alors cela ne servait à rien de rester assis. Au moment où il tenta de se lever, ■■■ le saisit par le bras et le força à se rasseoir.

« Attends, ton frère va venir te chercher.

– Pourquoi ?

– Parce que, ça craint totalement… Bois un peu d’eau, okay ? J’ai entendu que tu allais dormir chez lui ce soir ? »

C’est pourtant mon grand frère. Est-ce qu’on vit séparément en temps normal ?

Nigel allait poser la question, mais se retint. Bah, ce n’était qu’une illusion de toute façon, alors c’était inutile d’essayer d’y réchapper. Étant donné qu’Inas allait venir, Nigel trouverait bien une réponse quand il lui ferait face.

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Environ dix minutes plus tard, ■■■ se leva après avoir reçu un appel d’Inas. Nigel se leva avec hésitation et le suivit.

Alors qu’il sortait de la ruelle pour aller au bord de la route, il vit une voiture arrêtée le long du trottoir, ainsi que le visage renfrogné d’Inas à travers la vitre entrouverte.

C’était bien l’Inas que Nigel connaissait. Mais ici, au lieu de porter de porter une armure noire, un uniforme bien taillé ou une chemise à manches mi-longues pour faciliter les mouvements, Inas portait une tenue bizarre avec des manches très courtes, comme Nigel.

Tandis que Nigel se tenait planté là bêtement, Inas salua ■■■ comme s’ils étaient proches. ■■■ déclina l’offre d’Inas de le déposer chez lui et il disparut, faisant au revoir de la main à Nigel.

Finalement, il ne resta plus qu’Inas et Nigel. Dans la rue animée, Inas lui fit signe des yeux comme s’il trouvait inutile de parler davantage. Nigel ouvrit la porte de la voiture avec un peu de maladresse. Il parvint ensuite à la refermer tant bien que mal. Dans cet espace clos où ils étaient seuls, Inas lui jeta un regard, puis soupira.

« Comment peux-tu être ivre au point de ne pas décrocher ? » marmonna-t’il avec un peu d’irritation.

Puis il se pencha vers Nigel. Ce dernier se tendit, redoutant ce qu’allait faire l’autre, mais Inas tira simplement sur la ceinture de sécurité pour l’attacher pour lui, puis il se remit en place. Là où il venait de passer, Nigel sentit seulement un léger parfum au lieu de l’odeur de sang qui émanait en général d’Inas.

« Inas, » appela Nigel pour faire un test.

Il put parfaitement prononcer son nom et l’entendit clairement. Inas semblait naturellement intégré dans cette ville mais en même temps, il se dégageait de lui quelque chose qui le distinguait des autres coréens. Bien sûr, c’était normal si on se disait qu’il n’était pas de ce monde. Mais le sentiment d’incompatibilité que ressentait Nigel venait du fait qu’il existait dans ce monde sous la forme d’Inas.

Subitement, Inas fit une drôle de tête. Puis il pinça la joue de Nigel.

« Aïe !

– Depuis quand tu appelles ton frère par son prénom ? »

Il donnait l’impression d’avoir contrôlé sa force, mais cela fit si mal que des larmes montèrent aux yeux de Nigel. Il fut intimidé par le ton réprobateur, alors il ne dit rien.

Inas était-il vraiment son grand frère ici ? Non, pourquoi Inas était-il aussi son grand frère dans ce monde ? Nigel n’appréciait pas du tout l’idée qu’ils soient apparentés.

Au lieu de présenter ses excuses à Nigel qui boudait, Inas fit claquer sa langue.

« Tu ne pues pas trop l’alcool, mais tu as dû vraiment bien boire. Tu ne reconnais même pas ton frère. »

Maintenant que Nigel y pensait, Inas lui avait naturellement parlé sur un ton familier depuis le début. Quelle insolence. Bien entendu, si Inas était vraiment son grand frère, c’était pardonnable, mais…

Nigel resta silencieux et Inas arrêta de lui faire des reproches. Il démarra la voiture.

Après un trajet sans un mot, ils arrivèrent chez Inas. Ce dernier résidait dans un officetel Typique de Corée : un immeuble comprenant à la fois des studios et des locaux commerciaux. (2) très haut de gamme. Il gara sommairement la voiture, puis prit la main hésitante de Nigel pour se diriger vers l’ascenseur à grands pas. Il continua de lui presser la main tandis qu’ils montaient, comme s’il était nerveux. Après avoir ouvert la porte de son appartement, il poussa Nigel contre le mur.

Au moment où Nigel allait se plaindre et lui demander ce qui lui prenait, Inas l’embrassa. Ce n’était pas juste un simple effleurement des lèvres, c’était un vrai baiser intense.

Leurs lèvres se séparèrent un bref moment et Nigel voulut en profiter pour lui demander ce qu’il faisait, mais Inas franchit rapidement cet écart, dévorant les mots qui sortirent à peine de la bouche de l’autre. La chaleur qui émanait du corps d’Inas pressé contre lui le priva de toutes ses forces.

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« Hum, ah… »

Nigel fut incapable de penser rationnellement. Son esprit et son corps étaient tous les deux sous l’emprise d’Inas. L’esprit de Nigel était embrouillé, sentant qu’à chaque endroit où les mains d’Inas le caressaient, il devenait chaud, bouillonnait et s’évaporait. Nigel tenta de repousser les mains de l’autre homme qui tiraient sur ses vêtements comme pour les déchirer.

« Qu’est-ce que tu fais… ?! Tu es mon grand frère, alors pourquoi tu m’embrasses ?

– Hein ?

– Nous sommes de la même famille. »

Ce n’était pas juste une histoire d’adoption comme dans l’autre monde, alors c’était incompréhensible de se presser contre son petit frère comme s’il était en chaleur.

Malgré ça, Inas prit un air encore plus ahuri que Nigel.

« Depuis quand on est de la même famille ? demanda-t’il.

– Quoi ?

– Si tous tes frères faisaient partie de ta famille, tu aurais une très grande famille ! »

Ce ne fut qu’à ce moment que Nigel se rappela qu’en Corée, on appelait ‘frère’ un ami plus âgé que soi. Nigel avait fait cette erreur à cause de la différence culturelle, mas l’autre personne le prenait pour quelqu’un de Corée… Nigel ne pouvait rien donc dire pour sa défense.

« Non, c’est juste que…

– Si on était frères, je ne t’aurais pas ramené comme ça chez moi, » ajouta Inas avec un léger rire.

Embarrassé, Nigel roula des yeux. Inas le regarda sans rien dire et soupira profondément. Nigel put sentir son souffle chaud sur son visage.

« Non, même si tu étais vraiment mon petit frère, je t’aurais ramené chez moi. »

Nigel ne savait pas si l’autre plaisantait ou pas. Inas, qui le regardait en train de cligner bêtement des yeux, changea soudain d’expression et se pencha de nouveau sur lui.

Note de Karura : Quel que soit le monde, Inas reste Inas !

Notes du chapitre :
(1) Un alcool typique de Corée, fait à partir de riz ou de pommes de terre.
(2) Typique de Corée : un immeuble comprenant à la fois des studios et des locaux commerciaux.

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