Note de Karura : Il manque à nouveau le début de ce chapitre. J’ai donc comblé le vide jusqu’au (*).
Chapitre 4
Inas ouvrit lentement les yeux sous le regard expectatif de Nigel.
« In-inas… » fit-il d’une voix tremblante.
Le chevalier cligna des yeux et se releva doucement, comme s’il n’était pas totalement réveillé.
« Nigel ? » demanda-t’il d’une voix incrédule.
Nigel hocha la tête, les larmes coulant sur ses yeux.
« Oui, c’est bien moi ! »
Mais il pouvait voir qu’Inas restait dubitatif.
« Ce… c’est encore un rêve, pas vrai ? murmura Inas comme pour lui-même. Tu vas disparaître de nouveau dès que je tournerai le dos. »
Nigel secoua la tête de toutes ses forces, comme pour le convaincre.
« Je suis bien là, je suis revenu ! Inas, je suis revenu pour toi ! »
Mais il eut l’impression de faire face à un mur.
Inas lui sourit doucement et lui caressa la joue, mais son regard trahissait le fait qu’il pensait voir un souvenir magnifique, quelque chose de fugitif et d’illusoire qui ne tarderait pas à disparaître.
Nigel refusait de renoncer. Il saisit la main d’Inas et la pressa contre son propre cœur.
« Je suis bien réel ! affirma-t’il. Tu ne le sens pas ? »
Sans même avoir le temps de sentir quoi que ce soit, le visage d’Inas se tordit d’une grimace de douleur et Nigel sentit la main de l’homme se crisper entre les siennes. Il en resta hébété.
« Inas ? »
Il ne serrait pourtant pas si fort que ça ! Non, même s’il avait serré de toutes ses forces, Inas n’aurait rien dû sentir du tout ! C’était quoi, cette comédie ?
Indigné, Nigel lâcha le poignet d’Inas et s’apprêta à lui lancer quelques remarques bien senties quand il vit l’autre homme lever la main à hauteur de ses yeux. Il y avait des marques rouges sur le poignet solide.
Nigel cligna des yeux, éprouvant un fort sentiment d’irréalisme.
Il avait laissé des marques sur le poignet d’Inas, lui ? Lui ?!
Il redressa la tête pour examiner plus attentivement le visage de l’autre homme. Bien qu’Inas était toujours aussi splendide, il y avait une impression de fragilité en lui, quelque chose que Nigel ne lui avait encore jamais vu.
Même quand il avait revu Inas en adolescent émacié il y avait dix ans, l’autre ne lui avait pas paru aussi faible qu’actuellement.
Que se passait-il ?
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
De son côté, Inas semblait à présent convaincu que Nigel n’était pas le fruit de son imagination ou un rêve venu le tourmenter.
Ses yeux se mirent à briller et ses fines lèvres s’étirèrent en un sourire de joie.
« Nigel, » murmura-t’il avec affection.
Mais cela fut complètement perdu pour le jeune homme qui décida de consulter les informations d’Inas.
La fenêtre s’afficha et le résultat fut… pour le moins choquant.
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( * )
Nigel eut beau cligner des yeux, se les frotter et revérifier, les nombres dans la fenêtre principale d’informations n’avaient pas changé.
Niveau 5. C’était le niveau d’un villageois de passage.
Cette situation incroyable poussa éventuellement Nigel à songer à sa propre condition.
Je suis sûrement en train de rêver. Se peut-il que je sois mort au fond de la mer ?
Inas, je te demande pardon. À vous aussi, Lana et Schumach.
Pendant qu’il s’excusait mentalement à tout le monde, Inas se rendit compte qu’il essayait de réchapper à la réalité. Il tira aussitôt sur sa manche en un geste aussi faible et léger qu’un souffle de brise.
« Nigel, malheureusement, c’est bien la vérité.
– Quoi ? Qu’est-ce qui te prend tout à coup ?
– Tu essaies de te voiler la face. Hélas, mon niveau est bel et bien un peu bas en ce moment.
– Le nombre de chiffres est passé de cinq à un et toi, tu dis que c’est un peu bas ?! Arrête tes conneries !
– Ne parle pas comme ça. »
Inas fronça les sourcils, comme s’il ne voulait pas entendre des gros mots sortir de la bouche de Nigel. Ce dernier en fut si choqué qu’il fixa une dernière fois les nombres de la fenêtre d’informations avant de la fermer sèchement. De toute manière, même s’il continuait à regarder, ce n’était pas comme si les nombres allaient revenir à la normale. S’il continuait à regarder, il allait plutôt se fâcher.
« Comment diable tu as pu devenir un tel faiblard ?! s’écria-t’il.
– C’est parce que je comptais disparaître.
– …
– Quel sens pourrait bien avoir ma vie avec toi parti ? Je voulais juste disparaître. En fait, j’ai presque réussi. »
Nigel se mordit les lèvres devant les paroles calmes d’Inas. Ce que lui avait dit le dieu de la Terre était bien vrai.
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À cause des nombreuses régressions, les âmes d’Inas et de Nigel étaient liées au point de n’être presque plus qu’une. Quand deux gens ainsi liés vivaient dans des mondes différents, c’était comme s’ils se déchiraient brusquement. Alors pendant qu’Inas l’avait envoyé dans l’autre monde, il avait complètement retiré son âme afin que Nigel ne souffre pas.
Ce cristal était sûrement l’ultime bastion qu’Inas avait créé. C’était une dernière considération pour lui-même, qui ne voulait pas être dérangé par qui que ce soit pendant qu’il allait naturellement s’affaiblir avant l’extinction totale.
En tout cas, c’était quelque chose dans le genre.
Nigel se fâcha et saisit l’autre homme par le col.
« Tu es cinglé ! Tu m’envoies vivre ma vie librement alors que toi, tu essaies de mourir seul ?
– Encore un peu plus longtemps, et je…
– Tu oses dire ça maintenant ?! »
Inas ne pouvait rien dire de plus. Nigel, vraiment furieux, le secoua par le col. En voyant l’autre homme s’agiter avec impuissance et faiblesse, la pression sanguine de Nigel explosa.
« Tu voulais mourir parce que tu regrettais de m’avoir fait partir ! »
Il avait entendu les nombreuses pensées d’Inas avant d’arriver ici. Il aimait Nigel et en même temps, il se faisait des reproches, il regrettait et pourtant, il continuait de s’accrocher à lui. Parfois, l’amour laissait place à la haine et il souhaitait détruire Nigel.
Inas était un maelstrom d’innombrables émotions qui étaient bien trop profondes et sombres pour être simplement décrites par le mot ‘amour’. En tout cas, ce n’était absolument pas ce que quelqu’un qui avait renoncé à tout ressentait avant de mourir. Il s’agissait plutôt du désespoir et des regrets de celui qui n’avait pas encore tout accompli malgré sa longue vie, à tel point qu’il allait rester dans ce monde comme un fantôme.
Nigel, qui était en train de secouer Inas pour défouler sa colère, finit par se fatiguer et il le lâcha. Il n’avait vraiment pas la vie facile à cause de son amant qui n’en faisait qu’à sa tête. Il avait couru jusqu’ici en vomissant du sang mais au lieu de se faire accueillir à bras ouverts, Inas s’était mis à lui demander pourquoi il était venu et que si Nigel avait attendu un peu plus longtemps, il serait mort.
Inas, qui subissait le regard furieux de Nigel, se pinça les lèvres, démuni.
« Je voulais mourir parce que je regrettais de t’avoir renvoyé dans ton monde, reconnut-il.
– Alors pourquoi tu as fait ça si tu savais que tu allais le regretter… ?!
– Parce que c’est à cause de moi… que tu as souffert. »
Au moment où Nigel ouvrit de grands yeux à cause de cette réponse inattendue, des larmes se mirent à couler des yeux d’Inas. Cela choqua encore plus Nigel qui posa rapidement les mains sur les joues de l’autre homme. Malgré ça, même si Nigel ressuya les larmes, de nouvelles se formèrent dans les yeux d’Inas et baignèrent ses joues.
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« Tout est de ma faute. C’est à cause de moi que tu as autant souffert.
– Ne dis pas n’importe quoi. Ce qui m’a fait le plus souffrir, c’est quand tu m’as renvoyé dans mon monde tout seul.
– Non, ce n’était pas le pire, assura Inas en secouant la tête fermement. Je m’en souviens un peu, moi aussi. De quand c’était toi qui répétais les sessions.
– Ah… »
Nigel tressaillit, pris par surprise. Inas lui saisit automatiquement la main lorsqu’il recula. La main d’Inas était plus large que la sienne, mais elle ne contenait que peu de force, ce qui faisait un peu bizarre. Nigel regarda Inas sans un mot, se disant qu’il fallait à présent qu’il protège cet homme. De son côté, Inas évoqua lentement le passé, les yeux sombres :
« La première fois que tu es venu dans ce monde, tu t’es montré très gentil avec moi.
– J’ai fait ça ?
– C’est la vérité. »
Pour être honnête, Nigel ne se rappelait pas vraiment. Bien qu’il avait reçu les souvenirs de Lee Jiwoon, il ne pouvait pas clairement se rappeler de tous les détails.
Mais ça lui paraissait plausible. Dès le début, Lee Jiwoon avait craqué sur Inas. Il s’était d’abord dit qu’il s’agissait du personnage préféré de sa grande sœur et qu’il avait vu pleins de figurines de lui et autres, voilà ce qui expliquait son intérêt pour lui. Et indépendamment de ça, Inas était un homme séduisant qui pouvait attirer même les autres hommes.
Quand Lee Jiwoon était arrivé dans ce monde, il s’était senti comme le héros d’une histoire de fantasy. À cette période où il n’était pas encore furieux contre ce monde, il s’était contenté de garder Inas près de lui et de le traiter amicalement.
« Désolé, je ne m’en souviens pas, avoua-t’il.
– Tu n’as pas besoin de t’en souvenir. À l’époque, je me suis comporté comme une ordure.
– … Toi ? Je ne te crois pas ! Tu étais quelqu’un de bien avant tout ça. »
Le statut par défaut d’Inas était un chevalier loyal. Sauf qu’Inas nia platement :
« Je ne suis pas quelqu’un de bien. Je ne l’ai jamais été. »
Nigel ressuya les larmes d’Inas qui s’était remis à pleurer en silence. Il aurait encore préféré que l’autre homme exprime vocalement son chagrin. Inas baissa la tête pour que Nigel ne puisse plus voir son visage. Il ne le releva qu’une fois ses larmes séchées.
« J’ai tué mon père, Nigel. »
Nigel fut incapable de réagir tout de suite à cet aveu soudain et complètement inattendu. Inas s’enfonça encore plus dans la dépression en voyant l’attitude du jeune homme.
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« Quand j’étais adolescent, je l’ai poussé d’un pont et je l’ai laissé saigner à mort. Si j’avais porté secours à mon père à ce moment-là, il ne serait pas mort. »
C’était la première fois que Nigel entendait ça. Il se rappela de quelque chose au sujet du père d’Inas.
Cet homme était une ordure qui passait son temps à boire et à parier. Alors même qu’il était tombé d’un pont en revenant de l’enterrement de sa femme, personne n’avait rien soupçonné ou n’avait pleuré sa mort. C’était le genre d’homme où personne ne serait surpris qu’il meurt subitement et que personne ne regretterait.
Est-ce que le jeune Inas, qui essayait de faire vivre sa famille à l’époque, l’avait poussé sans la moindre raison ? Il n’y avait peut-être pas eu qu’un problème d’alcool et de jeux entre eux. Cet ordure avait peut-être frappé son fils. En fait, le corps d’Inas arborait pas mal d’anciennes cicatrices. C’était sûrement de la légitime défense.
Et même si Inas avait vraiment eu l’intention de tuer son père, ça n’avait aucune importance pour Nigel. Il avait tout abandonné pour revenir auprès d’Inas, alors il n’allait pas lui faire des reproches après avoir entendu cette vieille histoire passée.
« Il y avait forcément une raison pour que tu le tues, déclara-t’il. Et même si ce n’était pas le cas, peu importe. »
Nigel le réconforta gentiment, mais Inas persista à secouer la tête.
« La Corée ne considère-t-elle pas la piété filiale comme très importante et condamne sévèrement le parricide ?
– Ça fait bizarre de t’entendre dire le mot ‘Corée’… »
Naturellement, Inas connaissait ce mot puisqu’il avait hérité d’une partie des souvenirs de Nigel par le biais de la compétence de Sacrifice, afin d’avoir des informations de base. Mais comme Nigel était allé dans ce monde, il se dit qu’Inas n’aurait pas pu faire plus bizarre là-bas. Nigel rit faiblement, se disant que lui non plus n’avait pas eu sa place là-bas.
« Qu’est-ce que leur mentalité a à voir avec moi ? fit-il. Ça date de trop longtemps. Je n’ai pas pu du tout m’adapter là-bas, c’était trop bizarre. Je ne fais plus vraiment partie de ce monde-là, j’ai vécu bien plus longtemps ici, après tout. »
Cela dit, puisqu’il avait passé tout son temps à l’hôpital avant de revenir, il n’avait pas eu vraiment l’occasion de s’adapter. Mais ce n’était pas nécessaire de dire la vérité à Inas, car c’était clair que Nigel aurait passé le reste de sa vie là-bas à rêver de le retrouver.
« En plus, je connais un peu ton histoire… Ton père te battait. On peut dire que c’était de la légitime défense.
– … »
Inas prit un air peiné en voyant que Nigel ignorait nonchalamment son aveu. Durant les trois ans où Inas était resté seul, n’avait-il fait que songer à ses erreurs ? C’était bizarre de voir cet homme qui avait toujours agi sans la moindre honte se comporter à présent comme s’il demandait à être puni.
Pourquoi agit-il de manière si extrême ?
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Au moment où Nigel pensait à ça avec inquiétude, Inas lâcha une nouvelle bombe :
« Et si c’était à cause de moi que tu n’as pas cessé de répéter ce monde ?
– …
– La première fois, tu m’as fait tes adieux. Tu ne l’as pas exprimé clairement, mais tu pensais sûrement pouvoir rentrer chez toi après avoir vu la fin. Quand je t’ai entendu, j’ai désespérément voulu m’accrocher à toi. Je ne m’en suis pas rendu compte mais à ce moment, mon vœu a été exaucé. »
Se pouvait-il que Nigel avait été le déclencheur de l’éveil d’Inas en tant que User ?
Cela le surprit clairement un peu. Cependant, son cœur qui avait rapidement battu pendant un moment reprit vite son rythme normal.
Nigel caressa doucement la joue tremblante d’Inas, qui paraissait anxieux.
« Alors tu dois prendre tes responsabilités envers moi jusqu’au bout, au lieu de songer à me renvoyer ailleurs.
– Mais tu voulais rentrer, pas vrai ?
– De quelle période tu parles ?
– Encore récemment…
– C’est parce qu’on ne peut pas rester plus longtemps dans ce monde. Tu as vu toi aussi la fissure, pas vrai ? »
Dans l’esprit de Nigel, son envie désespérée de rentrer chez lui appartenait au passé lointain et révolu. Ce passé était déjà devenu de la poussière qui s’était dispersée dans le vent, ne laissant aucune trace qui permettrait de susciter de nouveau ces sentiments.
« Je ne t’en veux pas, » déclara-t’il, devinant la peur d’Inas.
Même s’il avait vécu ça des milliers de fois à cause d’Inas, ce dernier n’en avait pas eu conscience à l’époque. Alors comment Nigel pourrait-il lui en vouloir maintenant ?
En fait, il trouvait même que ça l’arrangeait bien. Nigel s’était toujours reproché cette tragédie sauf qu’en réalité, c’était également en partie la faute d’Inas.
Mais si on faisait bien les comptes, Nigel était bien plus coupable : il avait sciemment transmis à Inas cette malédiction de régresser.
Cependant, Inas semblait croire que son crime était bien plus grave.
Mais il n’y avait pas à peser et juger comme ça. Nigel eut un sourire amer.
« Je t’aime. »
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Nigel aimait Inas.
« Je t’aime, Inas. »
Plus que n’importe qui au monde. Non, Inas était le seul qu’il aimait.
C’était la seule personne qu’il pouvait aimer complètement.
« Je veux être avec toi. »
C’était l’unique souhait de Nigel, le monde dans lequel il voulait vivre.
Il avait abandonné son monde d’origine, sa famille et un avenir paisible, tout ça pour revenir dans ce monde en dépit du danger. C’était parce qu’il avait choisi Inas, et lui seul.
« Alors ne me laisse plus repartir. Accroche-toi à moi de toutes tes forces. »
Inas le fixa. Son visage, où les larmes avaient séché, faisait toujours peine à voir. Mais en dépit de ses hésitations, il écarta les bras et serra Nigel contre lui.
Note de Karura : Et voilà, il suffit simplement de communiquer !
Bon, tout est arrangé entre nos tourtereaux. Voyons voir comment ils vont réussir à quitter ce monde.
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