Chapitre 232 : La double cultivation
Lin Xuanzhi trouva ça amusant et son cœur s’apaisa. Il répondit par un “Bien” et ajouta avec un sourire malicieux :
« Même si c’est juste une mouche qui s’approche de moi, je préviendrai Ah Hen comme il se doit, de crainte que mon Ah Hen ne boive du vinaigre en cachette et ne s’étouffe. »
Yan Tianhen imagina la scène où Lin Xuanzhi venait le prévenir qu’il était poursuivi par une mouche. Il ne put s’empêcher de rire.
« C’est vrai que boire du vinaigre en cachette n’a rien de bon. Désormais, je boirai ouvertement du vinaigre. »
Lin Xuanzhi rit à son tour.
« D’accord. »
Ils étaient tous les deux mielleux et affectueux à souhait. Ils allaient s’embrasser mais comme toujours, il y eut quelque chose pour gâcher l’ambiance.
Un Boum assourdissant s’éleva de la rive d’un lac tout proche.
Lin Xuanzhi et Yan Tianhen se regardèrent d’abord avant de tourner les yeux vers la rive.
Duan Yuyang, qui était déjà allongé sous un arbre avec les yeux fermés pour reprendre des forces, bondit comme un lapin. Il se figea un moment, puis courut vers le lac.
Yuan Tianwen se trouvait là-bas.
« Ah — ! »
Un rugissement lui bondit au visage, accompagné d’une pluie de rochers brisés. Duan Yuyang repéra le jeune homme qui était en train de taillader un gros rocher avec son épée.
Les veines ressortaient sur son front, ses longs cheveux étaient emmêlés et beaucoup de rochers avaient déjà connu un triste sort.
Le jeune homme semblait souffrir énormément. Le sang circulait à l’envers dans son corps, ses méridiens étaient inversés, tout cela semblait être le signe d’une déviation de Qi.
Duan Yuyang connaissait très bien Yuan Tianwen sous cette apparence : il l’avait vu plus d’une fois comme ça sur les Monts du Luan Volant.
Il ne put s’empêcher de s’affoler et hurla :
« Yuan Tianwen ! »
Mais quand il voulut se précipiter vers lui, une main s’abattit sur son épaule pour le retenir.
« Xuanzhi, lâche-moi !
– Il n’a plus toute sa tête en ce moment, il va frapper tous ceux qu’il voit. Tu devrais rester loin de lui, » lui conseilla son ami.
Yan Tianhen regarda à son tour Yuan Tianwen qui avait fendu les eaux du lac en deux, créant ainsi une chute d’eau. Il hocha la tête avec une crainte palpitante et fit :
« Frère Yuyang, quel genre de méthode étrange peut-il bien pratiquer pour avoir une déviation de Qi ? »
Comme frappé en plein cœur, Duan Yuyang posa les yeux sur Yuan Tianwen. Ce dernier avait les cheveux en bataille et il frappait constamment pour tenter de dissiper la douleur dans son corps. Il murmura :
« Il n’était pas complètement rétabli. Je connais le genre de cultivation qu’il pratique : une fois qu’il brise son Yang et qu’il chute d’un niveau, comment pourrait-il bien s’en sortir sans personne auprès de lui pour l’aider ? Et pourtant, je lui ai fait du mal… J’ai vraiment été égoïste de le blesser à ce point. »
Yan Tianhen en resta stupéfait un moment, puis demanda :
« Frère Yuyang, de quoi tu parles ? C’est quoi le rapport avec toi ? »
De son côté, Lin Xuanzhi connaissait un peu la méthode de cultivation de la famille Yuan, alors il expliqua d’un ton léger :
« La méthode de cultivation de la famille Yuan ressemble à la double cultivation. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Yan Tianhen marqua une pause.
Puis tout de suite après, l’illumination se lut sur son visage.
Puisqu’il s’agissait de double cultivation, alors une autre personne était absolument indispensable.
Mais Duan Yuyang ignorait Yuan Tianwen et ce dernier ne semblait pas enclin à aller trouver d’autres personnes pour pratiquer la double cultivation. En plus, il était déjà gravement blessé à la base, son niveau de cultivation avait baissé et pour couronner le tout, il venait de se faire encore repousser par son bien-aimé. Cela aurait été surprenant qu’il n’y ait pas de problèmes suite à ça.
« Putain. »
Duan Yuyang serra soudain les dents et frappa férocement un rocher à côté de lui.
« Je dois vraiment avoir une dette envers cet enfoiré dans ma vie antérieure. »
Yan Tianhen se tourna vers lui. Le jeune homme s’avança vers Yuan Tianwen avec l’air résigné d’un martyre.
L’adolescent cligna des yeux et demanda nerveusement :
« Frère Yuyang va voir Yuan Tianwen pour pratiquer la double cultivation ?
– Je crois bien. »
Duan Yuyang avait le cœur tellement tendre avec Yuan Tianwen, il ne pouvait naturellement pas le voir souffrir ainsi.
Cependant à la surprise générale, Duan Yuyang profita du fait que l’autre jeune homme ne pouvait pas lever le doigt sur lui pour s’approcher sur le côté et lui coller un talisman sur le front.
Complètement pris en traître, Yuan Tianwen se fit avoir en un instant. Son corps se figea et il tomba par terre la tête la première avec un bang, soulevant une tonne de poussière.
Yan Tianhen : « … »
Lin Xuanzhi : « … »
Duan Yuyang soupira d’aise et tapa dans ses mains.
« Humph, cela fait très longtemps que j’avais envie de lui faire ça. Ça fait vraiment du bien. »
Couché par terre, Yuan Tianwen avait les yeux fermés et son visage trahissait sa souffrance. Bien qu’il avait perdu connaissance, ses symptômes ne s’étaient pas calmés pour autant.
Yan Tianhen se gratta le nez.
« Frère Yuyang, c’est fini juste après l’avoir assommé comme ça, ah ? »
Le concerné lâcha deux hé hé et prit un air mauvais, ayant tout l’air d’un pervers.
« Tu crois que c’est aussi simple que ça ? Faux, c’est une opportunité si rare. Si ce jeune maître n’en profite pas, ne serait-ce pas comme perdre de l’argent ? »
Yan Tianhen parut comprendre quelque chose.
Il lança un regard admiratif à son ami.
Duan Yuyang lui caressa la tête et fit :
« Va te coucher. »
Yan Tianhen se couvrit les oreilles de ses mains et battit des cils innocemment et naïvement en regardant le jeune homme.
« Ne t’en fais pas, frère Yuyang. Une fois que je dormirai, je ne pourrai plus rien entendre. »
Le concerné agita la main.
« File, file. »
L’adolescent fila bien gentiment, entraînant Lin Xuanzhi avec lui en passant.
Il y avait plusieurs pierres grandes et petites sur la rive du lac. Bien que Yuan Tianwen en avait tailladées beaucoup, plusieurs avaient été épargnées.
Une fois que le bruit des pas des deux frères eut disparu, Duan Yuyang tira le jeune homme derrière un immense rocher.
À côté se trouvait le lac aux eaux scintillantes et une pleine lune brillante illuminait le ciel.
La lune qui se reflète sur les eaux du lac est la lune dans le ciel.
La personne devant toi est ton bien-aimé. Extrait d’un poème de Eileen Chang (1920-1995). La lune qui se reflète dans le lac paraît à portée de main, mais elle se trouve en fait très haut dans le ciel. C’est pareil pour son bien-aimé : s’il ne m’aime pas, je ne pourrai pas le toucher même s’il semble très réel. (1)
Avec de la douceur et de la tendresse dans le regard, Duan Yuyang tendit la main pour caresser avec frivolité la joue de Yuan Tianwen. Puis sa main glissa le long de son cou avant d’aller dans son col.
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Yan Tianhen était allongé avec la tête sur les genoux de Lin Xuanzhi. Dans son sommeil, il entendit vaguement les gémissements et grognements de Duan Yuyang qui semblaient à la fois exprimer du confort et de l’inconfort.
Toute envie de dormir disparut.
Il rouvrit les yeux et croisa le regard dénué de sommeil de son grand frère.
Yan Tianhen : « … »
« Tu n’arrives pas à dormir ? demanda le jeune homme.
– Pas trop. »
Yan Tianhen se rassit simplement et regarda avec curiosité l’immense rocher dont il ne pouvait pas voir ce qui se passait derrière.
« Grand frère, tu crois que frère Tianwen est au-dessus ou au-dessous ? »
Lin Xuanzhi le fixa avec un sourire qui n’atteignit pas son regard.
« Tu connais même ça. »
L’adolescent se tapota le torse et fit fièrement :
« Bien sûr, c’est moi qui ai suivi frère Yuyang pour soulever les tuiles du toit des bordels. Comment pourrais-je ne pas connaître ça ? »
« A-a-a…. atchoum ! »
Duan Yuyang était en train de prendre du bon temps quand il éternua subitement. Le liquide turbide éclaboussa le visage de Yuan Tianwen qui était allongé en-dessous de lui.
Se sentant un peu coupable, le jeune homme se gratta le nez et jura mentalement : Qui est amoureux en cachette de ce jeune maître et parle de moi en ce moment ?
Lin Xuanzhi tendit la main pour faire une chiquenaude sur la tête de son frère.
« Tu n’as plus le droit de te rendre dans ce genre d’endroit dorénavant.
– Oui, oui, oui, je n’irai absolument plus. »
Yan Tianhen s’empressa d’exprimer sa loyauté, puis il sourit.
« Avec une beauté sans pareille comme grand frère à mes côtés, comment pourrais-je avoir le cœur à voir de médiocres prostitués ? »
Lin Xuanzhi : « … »
Quelles paroles mielleuses et onctueuses, mais c’était assez agréable à entendre.
Lin Xuanzhi ne voulut pas s’attarder sur le passé. Il répondit plutôt :
« J’ai bien peur que Duan Yuyang ne soit pas au-dessus.
– Pourquoi ça ? demanda Yan Tianhen en clignant des yeux, un peu perdu.
– Celui au-dessus doit faire le plus d’efforts et se fatiguer plus. Duan Yuyang est un jeune maître qui n’a jamais connu la moindre difficulté. Il est bien trop délicat, alors il doit plutôt préférer s’allonger et profiter, » expliqua Lin Xuanzhi d’un ton des plus sérieux.
Bien que Yan Tianhen avait des connaissances dans les relations intimes, il était après tout encore bien jeune. Comparé à une vieille âme comme Lin Xuanzhi, il manquait énormément de compétences.
Il réfléchit intensément, puis fit :
« C’est vraiment plus confortable d’être en-dessous ? Mais ces jeunes prostitués que j’ai vus, ils faisaient tous une tête comme si ce n’était pas agréable. »
Lin Xuanzhi : « … »
Très bien, il a même été jusqu’à emmener mon Ah Hen chéri dans un bordel masculin !
Lin Xuanzhi reprit d’un ton léger :
« Le plaisir de celui en-dessous doit venir de devant et de derrière. Si le devant est bien fait, alors ce sera agréable et sans problème à l’arrière ! »
Yan Tianhen hocha la tête d’un air pensif.
Lin Xuanzhi étira les lèvres en un sourire, puis il baissa la tête et effleura doucement le lobe d’oreille de l’adolescent avec ses lèvres.
« Si Ah Hen est tellement curieux, grand frère essaiera ça avec toi d’ici quelques années et tu comprendras alors. »
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Le visage de l’adolescent devint aussitôt rouge de ses joues à la base de ses oreilles. Il gonfla ses joues et regarda le visage extrêmement splendide de Lin Xuanzhi, telle une peinture.
« Mais grand frère, comment ça se fait que j’ai entendu frère Yuyang dire qu’en temps normal, c’est le plus beau qui doit être en-dessous ? »
Lin Xuanzhi : « … »
Ce Duan Yuyang, quel genre d’idées avait-il mis dans la tête de son Ah Hen ?
Lin Xuanzhi eut un léger sourire et regarda son petit frère d’un air rusé.
« C’est vrai, ah. Dans le cœur de ton grand frère, Ah Hen est le plus beau de tous. »
Yan Tianhen : « … »
Aucune importance, je ne peux plus me sauver.
Bien que Yan Tianhen soit jeune, il savait tout ce qu’il ne fallait pas savoir dans ce domaine, alors il décida d’éviter ce sujet dangereux.
Les ah ah et les oh oh de Duan Yuyang ne cessèrent pas avant un shichen.
Yuan Tianwen se sentit complètement vivifié et son niveau de cultivation avait grandement augmenté. Une fois le talisman retiré, il avait tout d’abord eu l’intention de dire un mot à Duan Yuyang mais contre toute attente, l’un des deux fut de trop et se fit impitoyable éjecter du Royaume Secret de la Frontière d’Alchimie.
Yuan Tianwen, qui venait de quitter le royaume secret, atterrit commodément aux portes de la secte du Pic Céleste. Beaucoup de disciples qui attendaient là se rassemblèrent aussitôt autour de lui.
« Grand frère martial ! »
Un condisciple, Lan Jinghe, se précipita vers lui joyeusement et fit :
« Ton niveau de cultivation a énormément augmenté. Tu as atteint désormais le troisième rang du Corps Tempéré ! Cet endroit est vraiment si bien que ça pour cultiver ? »
Lan Jinghe était déjà au premier rang du Corps Tempéré, mais son niveau n’était pas encore stable. Il n’avait donc pas osé employer un outil magique ou une pilule pour réprimer son niveau. Du coup, il n’avait pas pu entrer dans le royaume secret.
Le visage de Yuan Tianwen était si noir qu’on aurait pu en tirer de l’encre.
Duan Yuyang, ce fichu petit enfoiré, n’en avait fait qu’à sa tête. Non seulement il avait agi ainsi avec lui, mais il lui avait également murmuré à l’oreille pendant qu’ils le faisaient des choses comme :
« Jeune maître du pic Yuan, je vous en supplie, est-ce qu’un honorable vieil homme comme vous pourrait m’épargner, hein ? »
Yuan Tianwen s’était vraiment retrouvé dans un monde de feu et de glace en même temps. Bien qu’il ne pouvait pas bouger, son esprit était resté extrêmement clair.
Il avait pu sentir la joie suprême que Duan Yuyang lui apportait, mais il avait également ressenti de la tristesse.
Duan Yuyang était prêt à se sacrifier pour lui à ce point, pourtant il voulait aussi couper les ponts et ne plus jamais rien à voir avec lui.
Les yeux de Yuan Tianwen devinrent subitement rouges.
Lan Jinghe remarqua aussi que Yuan Tianwen ne semblait pas aller bien. Il tira la langue avec embarras et fit :
« Grand frère martial, que se passe-t’il ? Se pourrait-il que… le jeune maître Duan… »
Il retint tous les mots qui allaient suivre et les ravala.
Yuan Tianwen prit l’air de celui qui avait envie de tuer quelqu’un. Il foudroya Lan Jinghe du regard et demanda :
« Où est cet enfoiré de Han Yuran ?
– Les gens de la famille Han sont venus le ramener directement il y a quelque jours. Il doit sûrement être déjà de retour dans sa famille. Grand frère martial, pourquoi tu demandes ? »
Le jeune homme grinça des dents et fit froidement :
« Il a bien fait de filer vite, sinon je l’aurais frappé de nouveau ! »
Lan Jinghe : « … »
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Pendant ce temps, Su Mo, qui était invité dans la secte du Pic Céleste, avait appris que son fils était sorti du royaume secret, alors il était descendu de la montagne pour l’accueillir.
Note de Karura :
Yan Tianhen : Je me demande si frère Tianwen est au-dessus ou au-dessous.
Duan Yuyang, très fier de lui : Il était au-dessous !
Yan Tianhen le regarde avec des yeux admiratifs.
Lin Xuanzhi le regarde d’un air de doute.
Duan Yuyang : Quoi, c’est la vérité ! J’étais bien au-dessus !
Lin Xuanzhi, comprend soudain : Aaaah, ce au-dessus !
Yan Tianhen, perdu : Quel au-dessus ?
Lin Xuanzhi : Grand frère te montrera dans quelques années.
Notes du chapitre :
(1) Extrait d’un poème de Eileen Chang (1920-1995). La lune qui se reflète dans le lac paraît à portée de main, mais elle se trouve en fait très haut dans le ciel. C’est pareil pour son bien-aimé : s’il ne m’aime pas, je ne pourrai pas le toucher même s’il semble très réel.
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