Chapitre 308 : Les familles recluses
« Je n’en sais rien non plus. »
Jian Yunxi secoua brièvement la tête et n’en dit pas plus.
Liu Zhaoyue crut que l’autre faisait exprès de ne pas lui répondre. Il étira les lèvres en un sourire moqueur, roula des yeux et fit d’un ton méprisant :
« Très bien, si tu ne veux rien me dire. Je m’en fiche. »
Jian Yunxi se retint. Il voulait lui dire à la base qu’il ne savait vraiment rien à ce sujet, mais puisque Liu Zhaoyue persistait à juger un homme d’honneur avec son cœur de vilain, il semblait que quoi qu’il dise, cela ne servirait à rien.
De plus, au vu de sa relation avec lui, c’était vraiment inutile d’essayer de lui expliquer les choses, alors mieux valait économiser sa salive.
Bien qu’ils se connaissaient depuis tout petit et avaient souvent été comparés l’un à l’autre, leur relation n’était en fait pas bonne du tout. La plupart du temps, ils étaient même hostiles, alors ils n’avaient vraiment rien à se dire.
Le silence régna pendant très longtemps.
Peu de temps après, le disciple qui gardait la porte revint. Il jeta d’abord un regard prudent à Liu Zhaoyue pour s’assurer que l’autre n’avait pas fait de bêtise en son absence. Puis il s’adressa à Jian Yunxi d’un ton respectueux :
« Petit frère martial Jian, le maître t’invite à venir. »
Il lui rendit aussi la plaque en jade et lui souffla :
« Le maître a dit aussi qu’à présent que ce jade a servi une fois, il est devenu inutilisable. »
L’expression de Jian Yunxi vacilla un peu. Il baissa les yeux sur la plaque et vit que les étoiles argentées gravées dessus, reliées par des lignes droites, s’étaient complètement fondues dans la couleur d’origine du jade, ne laissant que des traces légères.
Il rangea la plaque en faisant :
« Merci. »
Le portier fit :
« Entre vite. Il y a un certain chemin à parcourir, il ne faudrait pas faire attendre le maître. »
Jian Yunxi hocha la tête, il abaissa son épée sur le côté et s’apprêta à franchir les portes.
« Hé, attends un peu ! »
Liu Zhaoyue le suivit et le retint par le bras.
« Emmène-moi avec toi. »
Les yeux de Jian Yunxi se posèrent sur la main qui retenait son bras et il répliqua :
« Débrouille-toi tout seul. »
Sur ce, il retira directement son bras, agitant les manches amples de sa tunique noire à la bordure dorée. Ce faisant, le bout de ses manches heurta le visage de Liu Zhaoyue.
Ce dernier semblait vraiment surpris par son geste. Étonnamment, au lieu de bondir tout de suite et de l’insulter, il resta à le fixer bêtement. Jian Yunxi se gratta le nez, embarrassé.
Au moment où il allait dire quelque chose, Liu Zhaoyue partit soudain d’un rugissement furieux et hurla :
« JIAN ! YUN ! XI ! Tu oses frapper le beau visage de ce noble prince ? Tu en as marre de la vie ou quoi ?! »
Jian Yunxi eut l’impression d’avoir les tympans percés à cause de ce rugissement.
Il fronça les sourcils et recula de deux pas.
« C’était un acc… »
Cling — !
On entendit le sifflement d’une épée. Jian Yunxi prit soudain une impulsion des pieds et bondit en arrière. En même temps, il leva les paumes pour bloquer l’attaque de Liu Zhaoyue.
Ce dernier avait l’air vraiment enragé, à tel point qu’il avait cette fois dégainé son épée. Pendant un moment, une lumière froide et argentée s’agita à l’entrée du pic, bougeant dans tous les sens.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Quand la tunique de Jian Yunxi faillit se faire découper à un coin, il n’y tint plus et dégaina son épée à son tour. Il para les coups d’épée de l’autre adolescent et s’écria d’un ton furieux :
« Tu es devenu cinglé ou quoi ? Ce n’est pas un endroit où tu peux te lancer dans un combat à ta guise. Calme-toi ! »
Liu Zhaoyue jura :
« Me calmer ? Arrête de bouger et laisse ce noble prince te gifler une fois et là, je me calmerai ! »
Jian Yunxi : « … »
Dans tes rêves !
Toutefois, il n’avait pas vraiment le temps de continuer ces bêtises avec l’autre.
Après tout, Liu Zhaoyue et lui étaient d’un niveau équivalent. À présent que Liu Zhaoyue avait recommencé à se comporter comme un malade et ne se maîtrisait plus du tout, il semblait que Jian Yunxi allait rester coincé jusqu’à ce qu’il arrive à vaincre l’autre adolescent ou bien qu’il se fasse gifler.
Il esquiva une claque et atterrit sur un rocher déchiqueté. Il s’écria donc :
« Arrête ! C’est bon, je te prends avec moi ! »
Fshhhh
La pointe de l’épée effleura les longs cheveux du côté gauche du visage de Jian Yunxi.
Liu Zhaoyue rengaina son épée sans même le regarder et fit :
« Tu aurais pu le dire plus tôt. Pourquoi t’obstiner et me faire perdre du temps ? »
Jian Yunxi : « … »
Il eut une furieuse envie de jurer.
Il retourna aux portes de la montagne et fit au gardien qui était devenu bien pâle :
« Je peux prendre quelque chose avec moi ? »
Le disciple interne hésita un moment, puis hocha la tête.
« Le maître n’a rien interdit à ce sujet. »
Le visage de Liu Zhaoyue s’assombrit.
« Qui est-ce que tu appelles une chose ? »
Jian Yunxi le contenta de lui jeter un regard glacial.
« Tu viens ou pas ? »
L’adolescent manqua de s’étrangler, puis fit :
« Je viens ! »
Jian Yunxi entra directement. Liu Zhaoyue étira les lèvres en un sourire, puis le suivit de près, entrant en fanfaronnant dans le lieu paradisiaque qui se trouvait de l’autre côté des portes de la montagne.
De leur côté, Lin Xuanzhi, Wan Yitong et les autres virent clairement tout cela grâce au miroir céleste au sommet de la montagne.
Wan Yitong fit claquer sa langue et commenta :
« Ces deux gamins, leur niveau de cultivation est au premier rang du Corps Tempéré, ah. Les enfants de nos jours sont vraiment impressionnants ! »
Zhan Fengting hocha la tête et fit :
« Ils sont effectivement très forts. Durant l’épreuve, ils ont déjà prouvé qu’ils possédaient une solide expérience pratique et une puissante cultivation. En plus, ce n’est pas parce qu’ils montrent qu’ils sont au premier rang du Corps Tempéré que c’est leur véritable force. »
Hai Kuanglang approuva à son tour :
« Ce sont des espions que le monde supérieur a envoyé dans le monde inférieur. C’est normal qu’ils soient extraordinaires. »
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Après avoir dit ça, il jeta un regard en coin à Lin Xuanzhi.
Ce dernier battit des cils en le fixant.
Hai Kuanglang : « … »
C’était quoi, cette situation ?
Il en resta stupéfait un moment, puis fit :
« Petit frère martial, qu’est-ce que tu sais exactement à propos du monde supérieur ?
– J’ai seulement lu des livres à ce sujet, mais je n’en sais pas plus que ça. »
Hai Kuanglang haussa un sourcil et passa un bras autour des épaules du jeune homme.
« Attends, ton frangin est de bonne humeur, alors je vais tout te raconter. »
Lin Xuanzhi eut un léger rire et fit :
« Très bien, ah. »
Hai Kuanglang retira son bras et fit :
« Cependant, les Neuf Royaumes sont tellement vastes que je ne sais pas par où commencer. Mais puisqu’on est tombé sur eux, laisse-moi d’abord te parler des différents informateurs que les Neuf Royaumes ont implantés un peu partout dans plusieurs mondes inférieurs importants, autrement dit ces soi-disant familles recluses. »
« Les familles recluses n’ont rien d’amusant, ah. Même si elles sont si mystérieuses que personne ne les voit jamais, elles sont en fait sans gêne. Ces gens essaient par tous les moyens possibles de s’infiltrer dans les grandes familles et les sectes avec des identités variées, tout ça pour surveiller leurs moindres faits et gestes. »
Huai Yu était assis dans un fauteuil à bascule, les jambes croisées et en train de parler.
Yan Tianhen avait soulevé un petit rocher pour s’asseoir à côté de lui. Il tenait un plateau en cristal dans une main et une fine pique en bambou dans l’autre pour porter des fruits aux lèvres de son maître.
« Aaaah — » fit Huai Yu en ouvrant bien grand la bouche.
Yan Tianhen déposa une cerise bien brillante dans la bouche de son maître.
L’autre homme la mâcha avec satisfaction, puis recracha le noyau.
Yan Tianhen était impatient d’en entendre plus sur les Neuf Royaumes, alors il le pressa :
« Et alors ? Que font-ils d’autre ? Après avoir espionné les grandes familles et les sectes, que font-il ensuite ? Qu’y a-t’il de si formidable chez eux, ah ? »
Huai Yu lui jeta un regard en coin.
« Pourquoi tu es si pressé ? Laisse-moi d’abord digérer un peu. »
Yan Tianhen n’eut pas d’autre choix que de lui donner un autre fruit, une fraise cette fois.
Quand son maître était de bonne humeur, il était naturellement plus enclin à parler.
« Tu veux savoir ce qu’ils surveillent ? »
Huai Yu prit un air mystérieux et fit signe du doigt à Yan Tianhen de s’approcher, comme s’il voulait lui murmurer à l’oreille.
Le coin des lèvres de l’adolescent frémit. Il marmonna intérieurement : Huai Yu et moi sommes les seuls sur cette montagne déserte, alors pourquoi a-t’il besoin de chuchoter ?
Toutefois, durant la période de même pas un mois qu’il avait passé avec Huai Yu, il avait pratiquement saisi son caractère —
Huai Yu était comme un enfant qui n’avait jamais grandi. Non seulement son imagination était comme un cheval céleste qui galopait dans le ciel, mais il pouvait se fâcher contre quelqu’un à une vitesse effrayante. Le plus important était que quoi qu’il voulait faire, les autres devaient jouer le jeu. Si quelqu’un s’avisait de lui résister, Huai Yu trouverait toutes sortes de moyens tordus pour le lui faire payer.
Bien que Huai Yu avait une horrible personnalité, ce n’était pas bien difficile de s’entendre avec lui. Il suffisait de se rappeler d’une seule chose, à savoir : ceux qui le suivaient allaient prospérer, tandis que ceux qui s’opposaient à lui allaient périr.
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Donc Yan Tianhen pencha docilement son visage vers lui.
Il s’attendait à ce que son maître lui révèle un secret terriblement choquant.
Mais ce fut un baiser qu’il sentit sur sa joue.
Yan Tianhen : « … »
Il fit aussitôt un bond, tenant fermement le plateau de cristal. Il fixa son maître d’un air choqué et s’écria :
« Qu’est-ce que vous faites ? »
Huai Yu resta particulièrement calme et répondit :
« Je t’ai fait un bisou, ah. »
L’adolescent porta une main à sa joue.
« Pourquoi vous m’avez embrassé ?! »
L’autre homme battit des cils.
« Je t’ai fait un bisou pour m’amuser avec toi. Il n’y a pas d’autre raison.
– Vous… »
Yan Tianhen se rendit compte qu’il en restait sans voix.
Huai Yu, qui ne jouait pas selon les règles ordinaires, n’était tout bonnement pas quelqu’un que pouvait gérer un gentil garçon comme lui, qui avait toujours suivi les règles.
L’adolescent grinça des dents et fit :
« Vous avez des pensées impures à mon sujet ou quoi ? »
Huai Yu : « … »
Quuuooiii ? Des pensées impures ? Quel genre de pensées impures il pourrait avoir au sujet de son propre fils ?! C’était juste qu’il avait trouvé son précieux petit si doux et adorable qu’il avait voulu l’embrasser. À quoi diable pouvait bien penser ce garçon ?
Ce degré élevé de narcissisme, il devait avoir hérité ça de Yan Zhonghua !
Quand il vit que l’adolescent faisait tellement la moue qu’on aurait pu accrocher une bouteille de sauce soja à sa bouche et que ses beaux yeux en amande étaient devenus rouges, Huai Yu, qui s’était juste senti vaguement coupable à cause de son acte, se mit à paniquer encore plus.
Pourtant, il était du genre à ne jamais s’excuser. Même s’il faisait quelque chose de mal, il trouverait toujours le moyen de se justifier, quitte à raconter n’importe quoi en prenant un air des plus sérieux.
Alors il roula des yeux et persista sur sa lancée :
« Pourquoi tu pleures ? Si tu savais le nombre de gens qui aimeraient bien m’embrasser, mais qui ne m’intéressent pas du tout ! C’est juste un geste amical de base dans les Neuf Royaumes. Tu crois vraiment que je pourrais m’intéresser à un gamin comme toi dont les poils n’ont même pas fini de pousser partout, ah ? Sache que j’aime uniquement ceux qui en ont une grosse, alors tu es encore loin de là ! »
Le visage de Yan Tianhen devint tout rouge face à ces paroles provocatrices. Il regarda Huai Yu comme s’il voulait répliquer quelque chose, mais n’osait pas. Il n’aurait vraiment jamais pensé qu’un aîné comme son maître pourrait se montrer aussi éhonté. Il avait osé dire des choses pareilles devant un adolescent qui n’avait même pas encore dix-huit ans !
Bien qu’intérieurement, Yan Tianhen se considérait déjà comme mature depuis longtemps, cela ne voulait pas dire que l’autre homme pouvait faire fi de son âge !
Huai Yu ressentit soudain un peu de remords et de doutes : aurait-il vraiment dû parler de manière si crue à un enfant ?
Cependant quand il avait l’âge de Yan Tianhen, il parlait déjà comme ça à ses frères martiaux, ah.
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Huai Yu n’avait lui-même pas connu son père. Et bien qu’il soit le père de Yan Tianhen, il ne l’avait pas élevé personnellement. Alors personne ne lui avait appris à être père. Il ne savait donc pas s’il faisait bien ou mal.
Cela ne l’empêchait pas de ressentir un sentiment inexplicable de honte.
Il n’eut pas d’autre choix que de sortir son atout. Il tapa du doigt sur le fauteuil en bambou et fit :
« Tu veux continuer à entendre des choses sur les familles recluses ? »
Yan Tianhen, qui s’était déjà tourné et éloigné de quelques pas, s’arrêta net.
« Je veux écouter. »
Huai Yu : « … »
Ce manque total d’intégrité morale, il devait aussi tenir ça de Yan Zhonghua !
« Pour résumer, ces familles recluses qui se cachent comme des petites souris dans divers petits mondes sont en réalité des vassaux des grandes familles des Neuf Royaumes. Les neuf clans célestes là-bas sont en réalité comme des pays. Ils ont leurs propres pics et territoires, et ils peuvent établir leurs propres lois et règles. La dynastie Qianyuan leur accorde une immense indépendance et liberté de manœuvre à ce sujet… mais leurs titres de rois ainsi que les bénéfices de ces clans célestes ne leur sont naturellement pas donnés sans condition. Ils reçoivent différentes missions à effectuer par les envoyés de la Capitale Céleste de l’Empereur Pourpre. Surveiller les royaumes inférieurs n’est juste qu’une de ces missions. »
Les yeux de Yan Tianhen s’écarquillèrent et il demanda :
« Mais il y a tellement de mondes inférieurs, peut-on vraiment tous les surveiller ? S’il fallait les surveiller un par un, cela demanderait énormément de gens, de matériels et d’argent, ah. Ils n’ont vraiment que ça à faire. »
Note de Karura : Huai Yu n’est pas croyable ! Bien sûr, ce n’est pas du tout de lui que Yan Tianhen a hérité de son narcissisme et de son manque total d’intégrité morale 🤣🤣🤣
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