Chapitre 327 :

Lin Xuanzhi plongea dans une profonde réflexion.

Quelques instants plus tard, il releva les yeux et demanda :

« Si les Forêts des Mille Bêtes Démoniaques est à présent sous le joug d’une bête démoniaque, comment a réagi la famille Ji ? »

La famille Ji était la famille numéro un de Dompteurs de Bêtes du Continent Ouest. Il paraissait que le moindre de leurs disciples savait contrôler les bêtes. En plus, s’ils voulaient faire leurs preuves aux yeux de leur famille, ils devaient s’aventurer dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques avant l’âge adulte afin de passer un contrat avec une bête démoniaque ayant un certain rang au minimum. S’ils n’y arrivaient pas, leur cérémonie d’âge adulte serait reportée.

Le plus important encore était que toutes les bêtes démoniaques qui avaient un contrat avec la famille Ji avaient été capturées, élevées et entraînées dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques. Alors si cette forêt était vraiment interdite d’accès par une bête démoniaque, c’était la famille Ji la première à en souffrir.

C’était très gênant et dangereux pour eux.

Effectivement, dès que Lin Xuanzhi mentionna la famille Ji, le moulin à paroles de Qi Yun se lança sans interruption :

« La famille Ji restait calme au départ, disant qu’ils pouvaient contrôler cette bête démoniaque, quel que soit son niveau. Mais par la suite, quand je me suis rendu sur le Continent Ouest, j’ai appris que la famille Ji avait envoyé de nombreux disciples centraux s’enfoncer dans la forêt et qu’ils en avaient tous été éjectés après que leur cultivation fut abolie. Du coup, les aînés de la famille Ji ont bien trop honte pour se montrer en public. Je pense que leur jeune maître essaie actuellement de rallier les autres familles du Continent Ouest pour combattre cette puissante bête démoniaque dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques.

– Quand on chasse des oies toute la journée, on finit par se prendre des coups de bec, fit calmement Lin Xuanzhi. C’est difficile pour les humains et les bêtes démoniaques de coexister en paix. La famille Ji du Continent Ouest a gagné sa vie pendant des générations en domptant les bêtes démoniaques. On peut donc dire que ça leur pendait au nez depuis un moment. »

Yan Tianhen fit d’un ton songeur :

« Si la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques est dans une telle situation, j’ai bien peur que ce sera très difficile de trouver l’antidote pour frère Yuyang, ah.

– Difficile à dire, argua Lin Xuanzhi. Cette forêt a toujours été dangereuse, même avant ça, et elle n’est pas encore devenue une zone interdite. En plus de la famille Ji, beaucoup de grandes familles et sectes se procurent leurs bêtes démoniaques, leurs herbes rares, leurs plantes spirituelles et les noyaux démoniaques dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques. Ces familles ne vont sûrement pas laisser la situation perdurer. »

Yan Tianhen comprit un peu ce que voulait dire le jeune homme et il réalisa soudain :

« Ce que grand frère veut dire, c’est que cela pourrait créer une opportunité ! »

Lin Xuanzhi acquiesça.

« Danger et opportunité vont toujours de pair. Une seule famille ne pourra pas reprendre la forêt seule. »

Qi Yun n’était guère intéressé par ce sujet. En plus, il était adepte du “moins on en sait, plus on vivra vieux”. Puisque sa mission était accomplie, il ne voulait rien savoir de la querelle entre Qing Zhu et le chef de la famille Liu. Il prit simplement son argent et se tira sans demander son reste. Si jamais Lin Xuanzhi voulait l’engager de nouveau pour lutter contre la famille Liu, il n’accepterait jamais car il tenait bien trop à sa petite vie !

Lin Xuanzhi s’en doutait sûrement, alors il n’aborda pas le sujet.

Avant de partir, le mercenaire demanda exprès des nouvelles de Ah Bai et Hu Po, mais Lin Xuanzhi n’avait pas encore prévu de les laisser partir pour qu’ils s’entraînent — bien qu’il était vrai que ces deux tigreaux en étaient arrivés au stade de démonter les tuiles du toit si on ne les battait pas pendant trois jours.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Ce n’était pas l’endroit idéal pour parler. Après le départ de Qi Yun, Lin Xuanzhi et les autres retournèrent d’abord dans la demeure de la cité Mystérieuse.

En chemin, ils gardèrent tous le silence.

L’esprit de Yan Tianhen était rempli de pensées au sujet du chef de la famille Liu qui se nommait Liu Mengchen. Bien qu’il ne se rappelait pas du nom complet de l’amoureux de Qing Zhu autrefois, il était sûr que cela contenait le mot “Mengchen”.

C’était difficile de ne pas faire certains liens.

Le temps qu’ils arrivent dans la cour, l’imagination de l’adolescent était déjà partie dans tous les sens.

Après avoir refermé la porte, Qing Zhu se sentait démuni et las. Pourtant, il regarda les deux jeunes gens en face de lui avec un peu d’animation et révéla :

« Vous avez vu juste : Liu Mengchen est le chef de la famille Liu et c’est aussi mon ancien amant. »

Amant ?

Ce mot n’avait pas une bonne connotation.

Lin Xuanzhi versa une tasse d’eau pour Qing Zhu et la poussa vers lui en assurant :

« Je pense que ça va être une longue histoire. Bois d’abord un peu d’eau pour t’humecter la gorge. Nous ne sommes pas pressés. »

Qing Zhu : « … »

Il eut soudain l’impression que ces deux-là attendaient un bon spectacle de sa part.

Mais en même temps… Laissez tomber, même lui avait l’impression que c’était une vaste blague.

Il but un peau d’eau et sa gorge sèche se sentit bien mieux. Alors qu’il ne savait pas trop tout à l’heure comment démarrer, sa confusion disparut nettement.

Sans surprise, les gens devaient se montrer indulgents envers eux-mêmes.

Il s’éclaircit la gorge et se lança donc :

« En fait, toute cette histoire peut se résumer en quelques mots. J’ai effectivement eu une aventure avec Liu Mengchen, mais nous nous sommes ensuite disputés. Je l’ai attaqué dans le dos et il a été grièvement blessé. À la suite de ça, je me suis caché avec l’aide du maître. Liu Mengchen n’a sans doute jamais pu digérer ça, alors il a ordonné à maître Zhan de me livrer à lui, mais ce dernier a refusé. De colère, il a commencé à employer toutes sortes de viles méthodes pour perturber les commerces de maître Zhan, voulant l’obliger ainsi à lui céder. »

Lin Xuanzhi : « … »

Effectivement, c’était clair en quelques mots.

Ce peu d’information ne suffit absolument pas à apaiser la soif de Yan Tianhen pour les ragots. Il regarda Qing Zhu avec empressement et releva :

« Mais frère Zhuzi, comment ça se fait que dans mes souvenirs, Liu Mengchen n’était qu’un mortel quand il s’est présenté chez nous ? Comment a-t’il pu devenir ensuite le chef de la famille Liu en à peine deux ans ? »

Qing Zhu se figea un moment, puis son expression se refroidit à vue d’œil. Il lâcha un hmmph très sarcastique de sa gorge et expliqua :

« Ce n’était qu’un simple déguisement. Comment le noble maître de la famille Liu, qui a atteint la grande réussite du Retour au Principe Originel du niveau Mystérieux, aurait-il pu être un simple mortel ?

– Ah ! s’écria Yan Tianhen en fronçant les sourcils. Il a menti ! »

Et il a aussi réussi à berner mon père, ajouta Lin Xuanzhi mentalement.

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Lin Zhan avait toujours plein d’outils magiques sur lui alors en toute logique, il aurait dû percevoir des fluctuations de Qi spirituel dans le corps de Liu Mengchen. Pourtant, Lin Zhan était resté convaincu jusqu’au bout que cet homme était un mortel.

C’était sûrement la raison pour laquelle il avait si facilement accepté de laisser partir Qing Zhu avec Liu Mengchen —

Quoi qu’il arrivait, il était impossible pour un mortel de faire du mal à un cultivateur.

Lin Zhan n’aurait sans doute jamais pu imaginer que ce mortel, que Qing Zhu avait présenté comme ayant eu une vie tragique avant leur rencontre qui avait tout du rêve et de la légende, serait en fait le chef d’une famille recluse qui était au sommet des Cinq Continent, sans parler du fait que sa cultivation avait atteint les limites du niveau Mystérieux.

Même si on fouillait de fond en comble les Cinq Continents, on ne risquait pas de trouver quelqu’un avec un plus haut niveau de cultivation que Liu Mengchen.

Et même si on en trouvait un, son niveau de cultivation serait réprimé de force au summum du niveau Mystérieux à cause de la limitation des Cinq Continents.

Lin Xuanzhi contempla Qing Zhu, qui avait une mine sombre, et demanda :

« Pourquoi Liu Mengchen t’a-t’il menti ? »

L’autre homme grinça des dents.

« Pour la Plante de Cultivation. »

Lin Xuanzhi fut légèrement choqué.

« La Plante de Cultivation, cette plante qui permet de faire pousser des racines spirituelles chez un mortel ? »

Qing Zhu hocha la tête.

« Pour être honnête, je viens à l’origine de la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques du Continent Ouest et ma forme d’origine est celle d’une Plante de Cultivation. »

Lin Xuanzhi et Yan Tianhen prirent un air choqué et stupéfait à la fois.

En voyant la réaction de ces deux juniors, l’abattement dans le cœur de Qing Zhu se dissipa un peu. Il eut un léger sourire et expliqua :

« Depuis les temps anciens, c’est rare qu’une plante ou qu’un arbre puisse prendre forme humaine. À partir de notre naissance, nous devons absorber le Qi spirituel du Ciel et de la Terre, ainsi que l’essence du soleil et de la lune. Nous devons aussi boire la rosée du matin, la pluie et la neige et ne jamais ingérer les cinq céréales des humains. Normalement, notre race devrait pouvoir obtenir l’immortalité le plus facilement mais en réalité, c’est justement parce que nous sommes trop purs que la plupart d’entre nous se font arracher et raffiner avant de pouvoir développer notre conscience. Plus important encore, c’est que si une plante ou un arbre veut développer sa conscience puis se transformer, il doit obtenir une immense opportunité — Pour ma part, ce fut l’intégralité de la cultivation d’un esprit bambou il y a plusieurs années.

– Un esprit bambou ? » répéta Lin Xuanzhi en haussant les sourcils.

Une fois qu’une plante avait pris forme humaine, elle devait être au-dessus du niveau Primaire. Il était donc impossible d’estimer facilement ce que représentait toute la cultivation d’un esprit bambou.

Qing Zhu hocha la tête et poursuivit :

« En effet, toute sa cultivation. L’esprit bambou avait tué des gens et avait été gravement blessé. Il s’était enfui dans la forêt où j’avais pris racine. Il savait qu’il ne pourrait pas survivre plus longtemps, alors il cherchait probablement quelqu’un à qui transmettre son pouvoir. Il déversa donc toute sa cultivation sur le champ de Plantes de Cultivation. Je n’étais pas encore pleinement conscient à l’époque, mais j’avais commencé à développer une vague intelligence. Même si j’étais bien loin d’avoir développé ma conscience, les autres Plantes de Cultivation autour de moi n’étaient que des jeunes pousses. Alors bien sûr, elles ne firent pas le poids contre moi et j’ai pu absorber toute la cultivation de cet esprit bambou. Les autres n’en ont pas eu une miette. »

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Par la suite, la cultivation de Qing Zhu progressa à pas de géant, comme s’il avait reçu de l’aide divine.

Parmi toutes les créatures vivantes, c’étaient les plantes qui avaient le plus de mal à prendre forme humaine. Mais le Dao du Ciel était juste : une fois qu’une plante spirituelle parvenait à changer de forme, elle devenait extrêmement puissante.

Le jour où Qing Zhu avait vraiment pris forme humaine pour la première fois, cela déclencha des nuages noirs et le tonnerre au-dessus de la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques. Qing Zhu survécut à sa tribulation en piteux état. Il put enfin voir un nouveau monde, mais c’était alors qu’il s’était rendu compte qu’il n’était qu’un gamin de trois pommes de haut et cul nu ! Il faillit devenir fou de rage. Il observa son reflet dans le lac avec incrédulité — l’esprit bambou avait clairement été un homme grand et beau, voire incroyablement splendide. Comment lui avait pu finir comme ça ?

Avant que Qing Zhu ne puisse se calmer, il rencontra Lin Zhan qui était venu avec le Cinquième Aîné pour s’entraîner dans la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques.

Qing Zhu n’avait sans doute pas encore toutes ses dents à l’époque. Il fixa de ses grands yeux brillants les gens qui s’étaient introduits sur son territoire. Lin Zhan l’avait trouvé adorable et drôle dès qu’il le vit. Il l’interrogea longuement pour savoir où se trouvait sa maison mais sans réponse, son cœur le démangea de ramener ce petit gars directement chez lui.

À la base, Qing Zhu ne voulait pas prêter attention à Lin Zhan. Ayant vécu plus de mille ans, il s’estimait déjà adulte tandis que Lin Zhan, bien que plus grand et fort que lui, restait fondamentalement un enfant à ses yeux.

Cependant…

« Ton père m’a donné une cuisse de poulet rôti, alors je l’ai suivi, » avoua Qing Zhu en rougissant légèrement.

Il avait toujours vécu au même endroit, alors il n’avait jamais encore goûté à une telle explosion de saveurs. À peine goûté pour la première fois, il avait été déjà conquis. En plus, dans l’esprit de Qing Zhu à cette époque, il n’existait pas la notion de gens bien ou mauvais. Pour lui, cet homme qui lui avait donné à manger était quelqu’un de bien, alors il se fit aisément emporter par Lin Zhan.

Lin Xuanzhi en resta sans voix un moment, puis ne put s’empêcher de rire.

Contre toute attente, son père était déjà du genre à kidnapper des enfants depuis tout jeune.

Bien que Qing Zhu avait déjà vécu bien des années, les plantes spirituelles avaient toute une chose en commun : elles étaient pures et innocentes — ce n’était pas seulement dû au fait qu’elles n’avaient jamais touché aux cinq céréales du monde mortel mais seulement bu la rosée du matin, la pluie et la neige, mais aussi parce qu’elles vivaient paisiblement et seules loin du monde pendant des années. Naturellement, leur esprit n’était pas souillé par la poussière de ce monde et elles ignoraient tout de la laideur qui pouvait y exister.

Prenez l’exemple de Qing Zhu qui s’était laissé acheter par une simple cuisse de poulet pour suivre Lin Zhan. Si les rôles avaient été inversés, Qing Zhu n’aurait jamais songé à ce stratagème que Lin Zhan connaissait depuis tout petit, et ce dernier ne se serait jamais laissé tenter par une cuisse de poulet.

Telle était la différence entre les humains et les plantes spirituelles.

Cependant, même après avoir vécu avec Lin Zhan dans le monde humain pendant des années, Qing Zhu n’était jamais devenu quelqu’un d’insidieux. Ses yeux étaient restés aussi purs que de l’eau, avec les motifs argentés spécifiques à la Plante de Cultivation qui s’illuminaient de temps en temps à l’intérieur.

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Qing Zhu raconta longuement son passé avec Lin Zhan.

Au bout du compte, il ne put s’empêcher de soupirer.

« Je m’en veux aussi d’avoir vécu toutes ces années pour rien. Le maître a été comme un frère et un père pour moi. Même si mon niveau de cultivation était plus élevé que le sien, il m’a toujours protégé du vent et de la pluie et m’a toujours évité d’être exposé à des choses horribles. Dire que je me suis laissé berner si facilement par Liu Mengchen.

– Tu n’as pas à t’en vouloir, le réconforta Lin Xuanzhi. Liu Mengchen a vécu Dieu sait combien d’années et il est le chef d’une famille recluse. Il a déjà réussi à berner mon père, alors pourquoi pas toi, oncle Zhuzi ? Il y a cependant une chose que je ne comprends pas : pourquoi a-t’il fait tout ça pour te berner ? »

Qing Zhu hésita un moment, puis se lança :

« Il savait que ma véritable forme est la Plante de Cultivation et il se trouve qu’il en avait un besoin urgent. »

Yan Tianhen en resta dubitatif.

« Mais… s’il voulait la Plante de Cultivation, il ne pouvait pas directement demander à papa ou à toi ? Vous auriez pu faire affaire, ah. Il n’avait pas besoin de se faire passer pour un mortel et de jouer avec tes sentiments, pas vrai ? »

Note de Karura : Petit rappel : Liu Mengchen est aussi le grand frère de Liu Zhaoyue.

Notes du chapitre :
(1) Oui, je sais, c’est le même titre que le chapitre 295, encore une fois…

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