Chapitre 353 : La crise est résolue

Environ un shichen plus tard, on put entendre des hurlements de douleur étouffés en provenance de la cabane. Ces cris étaient forts, puis faibles par intermittence. Il semblait aussi y avoir des bruits de grattements et de lutte.

Yan Tianhen et Lin Xuanzhi échangèrent des regards et ne purent s’empêcher de s’inquiéter de ce qui se passait à l’intérieur.

Mais ils n’avaient pas oublié les instructions de Lan Yue, alors ils ne bougèrent pas. Ils étaient simplement prêts à se précipiter à l’intérieur sur-le-champ si quelque chose de très grave arrivait ou bien si Lan Yue les appelait.

Les grognements d’inconfort durèrent encore un demi-shichen, puis finirent par diminuer avant de s’arrêter. Heureusement, la cabane n’explosa pas entièrement comme ils l’avaient craint.

Les nerfs tendus de Yan Tianhen se calmèrent enfin.

Après encore trois jours et trois nuits, par un matin clair, la porte de la cabane en bambou s’ouvrit.

Le visage de Lan Yue était un peu pâle, mais ses pas étaient réguliers et solides. Il sortit de la cabane et regarda les deux frères assis sous l’auvent. Il leur fit doucement :

« Suivez-moi. »

Yan Tianhen se leva rapidement et le suivit vers le verger.

Lin Xuanzhi fit de même et demanda :

« Comment se porte oncle martial ?

– Je suis arrivé à temps, il n’y a plus de crainte à avoir, » répondit l’homme.

Yan Tianhen poussa un soupir de soulagement.

« Le Ciel soit loué, sa vie n’est plus en danger ! »

Lan Yue le fixa d’un air compliqué et rectifia :

« Je ne voulais pas dire qu’il n’y avait plus de crainte à avoir pour sa vie, mais pour la tienne. »

Yan Tianhen : « … Moi ? »

Lan Yue fit d’un ton profond :

« Si jamais tu le revois dans un tel état, ne reste pas près de lui et viens me trouver au plus vite. Huai Yu… il a eu des problèmes avec sa cultivation, alors quand son état mental est trop stimulé ou s’il consomme soudain trop de Qi spirituel, il subit une déviation de Qi. Dans cet état, il ne reconnaît plus ses proches et tue n’importe qui à vue. À cause de ça, il a failli causer un énorme problème par le passé. »

Yan Tianhen inspira brusquement et Lin Xuanzhi manqua d’avoir des sueurs froides.

L’adolescent plissa le front et murmura :

« Comment mon maître a-t’il pu finir dans un tel état ? Il est si puissant. Se peut-il qu’il ait couru un danger et utilisé trop de Qi spirituel ? »

Lan Yue répondit d’un ton cassant :

« Il a cherché les ennuis tout seul ! Personne dans les Cinq Continents ne possède un plus haut niveau de cultivation que lui. Il a forcément dû essayer de traverser de force la barrière des Cinq Continents — Si on pouvait si facilement franchir cette barrière, alors pourquoi ça s’appellerait la Barrière des Cinq Continents, bordel ?! »

Malgré lui, Yan Tianhen fit claquer mentalement sa langue : On dirait que l’Honorable Lan Yue est tellement fâché cette fois qu’il se met même à dire des gros mots.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Lin Xuanzhi fronça les sourcils.

« On dirait qu’on ne peut vraiment pas ouvrir cette barrière. »

Lan Yue lui jeta un regard en coin et répondit :

« Même s’il y avait un moyen de l’ouvrir, ce ne serait pas aussi simple et grossier. »

Yan Tianhen était très inquiet. Il tapa du pied avec angoisse et protesta :

« Mon maître ne pouvait certainement plus réprimer son niveau de cultivation, voilà pourquoi il a tenté de franchir la barrière des Cinq Continents ! Le maître du pic de l’Épée Cassante est entré en retraite spirituelle il y a quelques jours et il n’y a pas eu de nouveau depuis. J’ignore quelle est la situation mais d’après oncle Mo, c’est son ultime recours. Avec la barrière de Cinq Continents qui est là et mon maître qui a atteint le point où il est obligé de progresser, que pouvons-nous faire, ah ? Ce n’est pas comme s’il pouvait abolir sa propre cultivation, hein ?

– Cela reste un bon moyen, » remarqua Lan Yue.

Yan Tianhen : « … »

« Tu n’as pas à t’en faire pour ce vaurien, reprit Lan Yue. Il cherche la mort, c’est tout. Avant son départ, je lui avais bien dit que c’était impossible de briser cette barrière, mais il n’a pas voulu me croire. Il devait essayer par lui-même. Il est du genre à ne pas rebrousser chemin tant qu’il ne s’est pas heurté à un mur et à ne pas verser de larmes tant qu’il n’a pas vu le cercueil. Même si son niveau de cultivation a atteint la limite de ce que peuvent supporter les Cinq Continents, il porte un outil précieux qui peut tromper le Dao du Ciel, alors ce n’est pas un problème. S’il n’avait pas cherché tout seul la mort, ce qui s’est passé aujourd’hui ne serait jamais arrivé. »

Lin Xuanzhi repéra un élément clé et plissa les yeux.

« Un outil précieux capable de tromper le Dao du Ciel ?

– C’est très rare en ce monde, » acquiesça Lan Yue.

Dans la mer de connaissances de Lin Xuanzhi, le Plateau Spirituel s’exclama :

« On dirait que les origines de ce Huai Yu ne sont pas négligeables ! »

Comme le suggérait son nom, cet outil précieux était capable de tromper le Dao du Ciel.

Un tel outil précieux était principalement employé pour changer son destin contre la volonté du Ciel et se cacher du Dao du Ciel.

En terme de niveau, ce genre d’outil magique devait être au moins un outil Céleste.

Le Lin Xuanzhi actuel pouvait tout au plus forger des outils précieux. Quand son feu spirituel passerait au rang Pourpre, un niveau qui n’était encore jamais apparu sur les Cinq Continents, et que son niveau de cultivation serait au niveau Terrestre, alors il aurait une chance d’être capable de forger un outil Céleste lui aussi.

Lan Yue ne donna pas plus d’explications. Il avait réprimé pendant trois jours et trois nuits le Qi interne turbulent dans le corps de son petit frère martial, alors il était à présent complètement épuisé. Il porta une main à son front et fit aux deux jeunes gens :

« Xuanzhi, reste ici pour veiller sur Huai Yu pendant les jours à venir. S’il se passe quoi que ce soit, envoie-moi tout de suite un message.

– Bien, » répondit le jeune homme en inclinant la tête.

Mais avant de partir, Lan Yue retourna dans la cabane en bambou pour jeter un dernier coup d’œil à Huai Yu.

L’autre homme était à présent dans un profond sommeil. Sa bouche, qui crachait toujours des mots capables de faire enrager les gens à mort, était légèrement entrouverte. Il avait l’air si docile, mais cela n’avait rien à avoir avec sa personnalité et son style habituels.

Lan Yue soupira.

« Quand tu te réveilleras, tu m’en voudras sûrement de t’avoir convaincu de venir ici. Mais si tu étais resté dans les Neuf Royaumes, j’ai bien peur que cette déviation de Qi t’aurait tué tôt ou tard. Alors si tu dois m’en vouloir, tu en as le droit. »

Naturellement, Huai Yu ne pouvait pas l’entendre. Il remua un peu la bouche, comme s’il mâchonnait quelque chose.

Lan Yue le regarda encore un moment, puis se releva et partit.

Yan Tianhen s’allongea à côté de son maître pour veiller sur lui.

Ce n’était pas très difficile de s’occuper de Huai Yu vu qu’il dormait. Il ne se tourna même pas de toute la nuit. Yan Tianhen finit rapidement par piquer du nez et s’endormit à côté de lui.

Quand Lin Xuanzhi sortit du plateau spirituel après s’être occupé des plantes spirituelles, il vit les deux personnes qui dormaient à poings fermés.

Il ne réveilla pas son petit frère, mais le souleva gentiment pour le déposer sur un lit de jour dans la cabane, avant de le recouvrir avec une couverture.

Ces trois derniers jours, Yan Tianhen s’était tellement rongé les sangs pour son maître qu’il n’avait pas beaucoup dormi. Il était resté nerveusement à la porte de la cabane, alors il était certainement très fatigué.

Lin Xuanzhi pinça le nez de son petit frère, puis jeta un regard à Huai Yu qui restait immobile. Après ça, il retourna dans le plateau spirituel.

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Beaucoup de plantes spirituelles de différentes couleurs avaient à présent poussé dans cet espace. Même les jeunes arbres fruitiers transplantés s’étaient épanouis et avaient fleuri. D’ici très peu de temps, on pourrait s’attendre à ce qu’ils soient chargés de fruits.

Les six couples de vers Dévore Herbes qu’ils avaient récemment achetés avaient assez de mauvaises herbes pour se nourrir tous les jours et ils grandissaient à vue d’œil. On pouvait actuellement distinguer dans le champ ces gros vers blancs qui se tortillaient parmi les plantes.

« Il n’y a plus assez de pierres forgées, » fit tout à coup une silhouette qui s’approcha en flottant dans le plateau spirituel.

Le nouveau venu ne portait pas de vêtements. Peut-être parce que son âme n’était pas complète ou parce qu’il n’avait pas absorbé assez de nutriments depuis longtemps, il avait l’air très émacié, comme un squelette ambulant.

Malgré ça, son visage était splendide. Bien que les joues étaient creuses, ses yeux étaient extrêmement brillants. Ce n’était guère difficile d’imaginer à quel point cette âme avait été remarquable, élégante et gracieuse durant son apogée.

Lin Xuanzhi lui jeta un regard en coin et critiqua :

« Tu ne pourrais pas t’habiller ? »

Le Plateau Spirituel roula des yeux et grommela d’un ton agacé :

« Si je pouvais le faire, tu crois vraiment que j’attendrais sur toi pour me le rappeler ? »

Lin Xuanzhi en resta étonné un moment, puis commenta :

« Malheureusement, les vêtements que j’ai forgés ne servent à rien pour une âme. Et si tu me donnais tes huit caractères astrologiques ainsi que ton nom et prénom, afin que je brûle des vêtements pour toi C’est une croyance en Chine : si on brûle des objets ou des billets pour les morts, ils peuvent en profiter dans l’autre monde. (1) ? »

L’autre plissa les yeux et le foudroya du regard.

« Mon garçon, tu veux me berner pour que je te dévoile mon identité ? Tu as du cran, ah. »

Pendant qu’il parlait, le ciel qui était à l’origine clair et calme se couvrit soudain de nuages sombres. On put apercevoir des éclairs et entendre le tonnerre. Ces nuages complètement noirs parurent se presser aussitôt vers Lin Xuanzhi.

Le Plateau Spirituel semblait aussi terrifiant qu’un fantôme féroce en cet instant.

Pourtant, Lin Xuanzhi resta indifférent et se contenta de le regarder.

« Je ne suis pas spécialement curieux au sujet de ton identité, je disais juste ça pour t’aider. Mais puisque tu ne veux pas, je n’en parlerai plus jamais. »

De nouveau contrarié, le Plateau Spirituel cria :

« Comment ça, tu n’es pas intéressé par mon identité ? Tu trouves que ce Vénérable ne mérite pas ton intérêt ?! »

Lin Xuanzhi : « … »

Le Plateau Spirituel agita une main et le ciel retrouva son état d’origine.

« Ce n’est pas que je ne veux pas te le dire, c’est que même moi, j’ai oublié mon nom, » fit-il calmement.

Il flâna dans le champ spirituel et tendit la main pour cueillir une plante. Il la mâchonna avant de l’avaler. Lin Xuanzhi voulut l’en empêcher, mais il se ravisa.

Le Plateau Spirituel fit claquer sa langue deux fois et commenta :

« C’est bon. On dirait que ce plateau spirituel est vraiment un trésor de Feng Shui. Mon garçon, où sont les pierres forgées que tu es censé m’avoir préparé ?

– Je t’ai lancé une centaine de pierres forgées de qualité supérieure encore hier, » rappela Lin Xuanzhi d’un ton calme.

Le Plateau Spirituel avait besoin d’absorber du Qi spirituel afin de se nourrir. À la fin de sa vie précédente, Lin Xuanzhi avait réussi à étendre l’espace au-delà des rivières et des montagnes après mille ans. Il ne manquait plus que le soleil, la lune et les étoiles.

Sauf qu’à cette époque, Lin Xuanzhi se dévouait tout entier à la réparation du Miroir à Remonter le Monde. Il n’avait pas l’intention d’utiliser le plateau spirituel à son maximum. À présent, il prévoyait d’exploiter cet espace avec Yan Tianhen.

Mais sans pierres forgées, le plateau spirituel ne pourrait pas nourrir autant de plantes spirituelles.

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Le Plateau Spirituel étira les lèvres en un sourire moqueur :

« Cent pierres forgées de qualité supérieure, ça ne vaut rien. Tu m’as déjà piqué je ne sais combien de pierres forgées et en plus, ce n’est qu’un pis-aller. Normalement, mon espace doit utiliser des pierres spirituelles et des Esprits Moineaux.

– Les pierres spirituelles et les Esprits Moineaux, répliqua Lin Xuanzhi, ça n’existe que dans le Monde Supérieur. »

L’autre renifla.

« Ton petit frère a pourtant trois Esprits Moineaux en sa possession. Bien qu’il n’y a pas une pierre plus grande que l’autre, ils sont vraiment de très bonne qualité. »

Lin Xuanzhi rétrécit un peu les yeux et fit :

« C’est un cadeau que l’un de mes grands frères martiaux a fait à Ah Hen. Si tu les veux, tu n’as qu’à directement aller le voir pour lui en parler. Ce n’est pas à moi de prendre cette décision.

– Si tu me laisses le voir, je lui demanderai personnellement. »

Lin Xuanzhi répondit seulement par un sourire énigmatique.

Le Plateau Spirituel faillit vomir du sang. Il roula des yeux et s’écria :

« Alors tu te fous de ma gueule, ah !

– Quand j’irai dans les Neuf Royaumes, le cajola Lin Xuanzhi, je te trouverai tes pierres spirituelles et tes Esprits Moineaux. »

Le Plateau Spirituel se plaignit :

« J’ai bien l’impression que je vais devoir attendre l’année du singe et le mois du cheval ! Je ne peux pas compter sur toi, ah ! »

Avec un sourire, le jeune homme assura :

« Même sans moi, tu pourras quitter les Cinq Continents dans huit cens ans pour aller dans les Neuf Royaumes. »

Cela laissa le Plateau Spirituel stupéfait.

« Comment tu peux savoir ça ? »

Le visage de Lin Xuanzhi était aussi léger qu’un nuage.

« Aurais-tu oublié que je suis une personne qui est renée et que je sais exactement tout ce qui va t’arriver durant les mille prochaines années ? »

Notes du chapitre :
(1) C’est une croyance en Chine : si on brûle des objets ou des billets pour les morts, ils peuvent en profiter dans l’autre monde.

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