Chapitre 369 : Zhige reprend sa place

Après une série de hauts et de bas, de souffrances et d’épreuves, après avoir vu toutes les joies et les tristesses de ce monde et après un millénaire de solitude et de regrets, Lin Xuanzhi se tenait enfin là pour inverser le cours de sa vie déformée.

Son cœur était emprunt de calme.

Il leva une main et établit un contrat dans le corps de Du Qiying. Il énonça chaque mot de manière acérée :

« Du Qiying, si je ne te tue pas aujourd’hui, ce n’est pas par bonté d’âme ou pour quelqu’un d’autre. C’est parce que je veux que tu ressentes à ton tour la douleur de traîner ce corps brisé, de se vautrer dans la fange et la boue, de devenir une fourmi et de la poussière que les autres peuvent piétiner à loisir ! Dorénavant, si tu oses agir inconsciemment ou dire la moindre chose contre moi, le contrat dans ton corps te torturera jusqu’à ce que la douleur soit abominable. Tu perdras toute envie de vivre, mais la mort te sera impossible. »

Du Qiying fut aussitôt horrifié. Il se prosterna et frappa plusieurs fois le sol de sa tête en répétant :

« Je comprends, je comprends. Je n’oserai plus jamais dire quoi que ce soit sur toi et encore moins chercher à me venger ! »

Lin Xuanzhi contempla son apparence déplorable et piteuse, et il resta un moment silencieux. Puis il tourna les talons et s’en alla gracieusement, sans être le moins du monde souillé par la poussière.

En réalité, le faux outil magique pour attirer la foudre de Lin Xuanzhi était uniquement censé perturber l’état d’esprit de Du Qiying et déclencher une déviation de Qi. Cependant, ceux qui persistaient à faire le mal finissaient toujours par causer leur propre perte : l’outil magique Rassemble Qi que Jiang Chenzi avait demandé à Du Qiying d’apporter à maître Qing Yun avait été en fait saboté. Une fois qu’il était activé, il ne s’arrêterait pas jusqu’à ce que la mer de Qi du Dantian de l’utilisateur soit remplie au point d’exploser.

Non seulement Du Qiying l’avait gardé en secret pour lui, mais il s’en était servi avec l’outil magique pour attirer la foudre. Il était devenu à présent l’ombre de ce qu’il avait été, mais c’était lui qui avait récolté ce qu’il avait semé et ainsi creusé sa propre tombe.

Le jeune homme grinça des dents et la haine s’éleva en lui. Ses yeux étaient rouges et injectés de sang. Il frappa plusieurs fois le sol de son poing et fit à travers les dents serrées :

« Lin Xuanzhi, même si je dois mourir, je t’emporterai avec moi ! »

S’il informait son père de cette affaire, Jiang Chenzi sortirait aussitôt de sa retraite spirituelle et ne laisserait clairement pas Lin Xuanzhi s’en tirer comme ça !

Cependant, au moment où Du Qiying tenait le talisman Transmet Voix et s’apprêtait à l’écraser, un fouet gris argenté s’enroula étroitement autour de son poignet, charriant un Qi Yin glacial.

Il hurla de douleur et avec impuissance, il vit sa main droite qui tenait le talisman se détacher de son bras.

« Mon grand frère et moi ne sommes pas pareils. Il aime laisser une chance aux gens tandis que moi, je préfère extirper les mauvaises herbes à la racine. »

Yan Tianhen se tenait derrière Du Qiying, un sourire étrange sur son visage terrifiant. Il tenait dans sa main un fouet que quelqu’un d’ordinaire n’aurait pas pu manier. Il fit d’un ton nonchalant :

« Du Qiying, quand tu as attaqué mon grand frère dans le dos à l’époque, tu avais songé qu’un tel jour viendrait ? »

Du Qiying le fixa d’un air d’horreur extrême, songeant que cette personne ressemblait à un démon qui venait de ramper hors des Enfers.

« Qui, qui es-tu ? » s’écria-t’il en tremblant.

En cet instant, il ne se rappelait même plus de Yan Tianhen.

L’adolescent cligna des yeux et répondit d’un ton joyeux et ingénu :

« Celui qui veut te tuer. Mon grand frère ne veut pas se salir les mains, alors je vais régler ce problème pour lui. Ne te trompe pas de personne quand tu iras dans les Sources Jaunes ! »

Après ça, il fit de nouveau claquer son fouet, brisant complètement la nuque de Du Qiying.

Ce n’était pas la première fois qu’il tuait quelqu’un, mais c’était la première fois qu’il tuait de sa propre initiative.

Cependant, il ne trouvait pas qu’il avait fait quelque chose de mal.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Le regard de Yan Tianhen était un peu glacial. Au bout d’un moment, il s’accroupit et ramassa le talisman dans la main tranchée. D’une légère pression, le bout de papier s’enflamma et devint cendres qui s’envolèrent au vent.

« Mon grand frère a eu la bonté de te laisser la vie sauve. Si tu avais gentiment attendu la mort, tout aurait été bien. Mais il a fallu que tu joues les traîtres, essayant de frapper mon grand frère dans le dos, fit Yan Tianhen avec un mélange de joie mauvaise et de compassion. Je n’ai donc pas eu d’autres choix que de m’entraîner sur toi. On dirait que les méthodes de La dix-huitième prison des Enfers sont terriblement puissantes. »

Les yeux de Du Qiying étaient écarquillés, tout rouges et parfaitement ronds, comme quelqu’un qui était mort avec des regrets.

Yan Tianhen soupesa le sac de stockage que Lin Xuanzhi avait négligemment jeté. Vu que ce sac avait perdu son lien avec Du Qiying, ce fut très facile de l’ouvrir.

Yan Tianhen sortit beaucoup de billets d’or et les fourra dans son propre sac sans la moindre hésitation. Toutefois, il ne toucha à aucun des outils magiques ou des pilules — un outil magique pouvait aisément trahir l’identité de son propriétaire d’origine. Quant aux pilules, elles n’étaient pas d’aussi bonne qualité que ce qu’il pouvait raffiner, alors elles ne présentaient naturellement aucun intérêt pour lui.

Yan Tianhen ne put s’empêcher de songer avec émotion que Du Qiying était vraiment très riche. Il récupéra l’or avant de jeter le sac sur le côté. Puis il se dirigea vers le sommet de la montagne tout en faisant tourner le fouet autour de ses doigts pour s’amuser.

De son côté, Lin Xuanzhi sentit la mort de Du Qiying peu de temps après l’avoir quitté.

Il s’arrêta et Tong Le lui demanda à côté :

« Qu’y a-t’il ?

– Rien, » répondit-il en secouant la tête.

Peu importait qui avait tué Du Qiying. En fait, il se moquait bien du fait que ce jeune homme soit vivant ou mort.

De toute évidence, Du Qiying avait offensé pas mal de gens.

Tong Le pointa devant lui et fit :

« Voici l’endroit où Du Qiying a caché ton épée. Au départ, il gardait Zhige directement chez lui mais ensuite, il s’est dit que ce n’était pas assez sûr, alors il a trouvé une grotte exprès. En général, il ne sortait Zhige de là que pour la manier ou bien pour me demander d’étudier comment la reforger. »

Le temps qu’il explique cela, les deux jeunes gens étaient déjà arrivés à l’endroit où était cachée l’épée. Tong Le poursuivit :

« L’épée Zhige est remplie de malveillance. Si j’avais eu le choix, je n’y aurais jamais touché ! »

Dans sa vie précédente, Tong Le avait donné sa propre force vitale pour entretenir l’épée et avait usé la moitié de sa cultivation pour arriver à effacer complètement l’empreinte de Lin Xuanzhi sur l’arme. Il n’avait fait cela qu’à cause de la pression de Du Qiying.

La grande majorité des Artisans n’étaient pas inconscients : jamais ils ne manipuleraient à la légère un outil magique de haute qualité. Sinon, ils risquaient facilement d’en subir les conséquences.

« Je vais récupérer mon épée, déclara Lin Xuanzhi.

– Je t’en prie, » fit Tong Le en hochant la tête.

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Lin Xuanzhi entra dans la grotte et après à peine quelques pas, il sentit l’aura de son épée.

Glaciale, pure, impitoyable, avec cependant une inexplicable miséricorde, telle était effectivement l’épée Zhige.

Lin Xuanzhi leva une main et attendit que l’épée vole jusqu’à lui.

Zhige ne parut pas ravie au départ. Cependant, Lin Xuanzhi se tint immobile non loin, le regard un peu glacial. L’épée finit par renoncer.

Avec un léger bzzzz, une longue épée au fourreau complètement noir vola dans la main de Lin Xuanzhi.

L’épée Zhige avait repris sa place.

Lin Xuanzhi enroula la main autour de la poignée si familière.

Depuis qu’il avait quitté la secte du Ciel Mystérieux dans sa vie passée jusqu’à cet instant dans cette vie, c’était la première fois qu’il tenait Zhige de nouveau.

Lin Xuanzhi ne comprenait toujours pas l’importance de cette épée pour lui, mais il savait que tant qu’il serait en vie, il ne laisserait plus Zhige tomber entre les mains d’un autre. Même quand il mourait, il demanderait clairement à ce que cette épée soit enterrée avec lui — Tout cela parce que l’épée Zhige était à double tranchant : elle pouvait détruire le monde d’un coup et le recréer d’un autre. Jamais il ne laisserait cette épée agir à sa guise.

Et dans les mains de Lin Xuanzhi, Zhige était effectivement plutôt docile.

Elle émettait une aura chaleureuse, fait rare, mais restait froide au toucher dans la paume du jeune homme.

De son côté, Lianlian, accrochée à la taille de Lin Xuanzhi, n’osait pas du tout bouger, apparemment intimidée par l’épée Zhige.

« Je n’ai plus de place pour toi à présent, » déclara Lin Xuanzhi.

Zhige parut se figer.

« Puisque tu es partie depuis si longtemps, j’ai désormais pris Lianlian, » continua le jeune homme.

Lianlian : « … »

Qu’est-ce que cette Vénérable a fait de mal ?

À peine Lin Xuanzhi eut-il fini de parler qu’on entendit deux clic dans la grotte : Lianlian était tombée par terre de son propre chef.

Lin Xuanzhi : « … »

Elle est vraiment très perspicace.

Mais ce genre de perspicacité ne l’aidait pas : cela pourrait aisément renforcer l’arrogance de Zhige.

Effectivement, l’épée bourdonna plusieurs fois pour exprimer sa fierté.

Lin Xuanzhi fit apparaître le plateau spirituel et tint Zhige de l’autre main. Il fit :

« Tu vas d’abord aller là-dedans pendant dix ou vingt ans pour méditer sur tes actes. Tu ressortiras après. »

Zhige : « … »

Elle allait poursuivre Lin Xuanzhi en justice pour maltraitance d’épée !

Malgré tout, elle se fit jeter dans le plateau spirituel.

Elle se fit impitoyablement jeter dedans.

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Le Plateau Spirituel se mit à jurer :

« Putain ! Il faut vraiment que tu balances tout et n’importe quoi dans l’espace de ce Vénérable ?!

– Tu peux contrôler le soleil, la lune, les étoiles et le temps dans cet espace. Le plateau spirituel est toi et tu es le plateau spirituel. Zhige est défiante et obstinée de nature. Si elle se montre rebelle, tu pourras tuer le temps en lui donnant une bonne leçon.

– … Pei ! »

Comme un être aussi puissant, vénérable et majestueux que lui prendrait-il la peine de se quereller avec une épée pourrie ? C’était humiliant rien que d’y penser.

Cependant, le Plateau Spirituel n’allait pas tarder à se rendre compte que cette épée était différente d’une simple épée pourrie.

Elle avait déjà développé une certaine intelligence.

Sauf que son âge mental était l’équivalent de celle d’un mioche de deux ou trois ans qui réclamait encore du lait à sa mère !

Ce ne fut qu’une semaine plus tard que le corps de Du Qiying fut retrouvé devant la salle de cultivation.

Il avait seulement annoncé quelques jours avant qu’il se retirait pour cultiver, alors quand les gens ne le virent pas pendant plusieurs jours, ils se dirent simplement qu’il était dans une phase critique de sa retraite. Un jour cependant, alors que plusieurs jeunes serviteurs s’amusaient dans la montagne, ils arrivèrent par accident à cet endroit. Ils eurent la grande surprise de découvrir le corps de Du Qiying en décomposition.

Ce fut ainsi que la mort du jeune homme fut découverte.

Cela provoqua une vive agitation dans toute la secte du Ciel Mystérieux. Après tout, même si la réputation de Du Qiying n’était pas très bonne, il restait quelqu’un de très connu. Il était également le jeune maître d’un des trois pics, ce qui faisait que son statut était naturellement à part.

Plusieurs aînés se précipitèrent aussitôt sur place. Quand ils virent la mort tragique du jeune homme, ils ne purent qu’inspirer brusquement, puis arborer un air grave.

Ils ne pouvaient pas déterminer si Du Qiying était mort d’une déviation de Qi suite à un problème dans sa cultivation et que son corps avait été ensuite mutilé par vengeance, ou bien s’il avait été tué pendant qu’il souffrait d’une déviation de Qi.

Mais quoi qu’il en soit, ils parvinrent tous à la même conclusion :

« C’est l’œuvre d’un cultivateur démoniaque. »

« L’œuvre d’un cultivateur démoniaque ? »

Lin Xuanzhi regarda la lettre apportée en toute urgence par un luan bleu. Il étira les lèvres en un sourire amusé, puis réduisit en poussière cette lettre secrète entre ses mains.

Il y avait des dizaines de milliers de cultivateurs démoniaques dans ce monde, mais un seul était prêt à agir pour lui.

Yan Tianhen était assis à côté de lui, grignotant des pilons de poulet, sa bouche luisante d’huile. Ah Bai et Hu Po étaient à ses pieds, mâchonnant joyeusement leur part. Ils avaient tous l’air extrêmement adorables.

Yan Tianhen cligna des yeux et lui demanda :

« Que disait cette lettre ? »

Lin Xuanzhi lui répondit en le regardant bien dans les yeux :

« La nouvelle de la mort de Du Qiying s’est répandue dans toute la secte. Cela a même dérangé Jiang Chenzi de sa retraite spirituelle. Il jure à présent qu’il fera tout pour retrouver celui qui a osé s’en prendre à un disciple de la secte du Ciel Mystérieux. »

L’adolescent s’indigna aussitôt.

« Ce Jiang Chenzi est vraiment quelque chose ! Quand mon grand frère a été gravement blessé à l’époque, il n’en avait rien à faire et a même laissé faire quand mon grand frère s’est fait chasser de la montagne. Mais à présent que Du Qiying est mort, le voilà plein de zèle ! »

Lin Xuanzhi fit d’un ton léger :

« C’est normal. Après tout, Jiang Chenzi est le père de Du Qiying. »

Note de Karura : Ce n’est pas dit clairement, mais dans le dernier paragraphe, Lin Xuanzhi et Yan Tianhen sont dans un carrosse en route pour la Forêt des Dix Mille Bêtes Démoniaques.

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