Child of the Night 17

Partie Dix-Sept : Passage


L'an de grâce 1460
Château Varga, Roumanie



Nicolae se réveilla le lendemain matin alors que Simion secouait son épaule.

« Lève-toi, paresseux. Mon seigneur a déjà déjeuné et il est en train de veiller à la disposition des biens que son épouse prendra avec elle. »

Nicolae se leva en baillant et en s'étirant. Il se sentait merveilleusement bien et complètement détendu. Il n'avait souvent connu un tel sentiment dans sa vie. Mais il était un peu triste que le prince parte aujourd'hui. L'homme l'avait d'abord effrayé avec ses attentions troublantes mais il semblait qu'il ne voulait aucun mal à Nicolae. En plus, tandis que les joues du jeune homme rosissaient en y songeant, il avait fait chanter le corps de Nicolae.

« Oui, je dois me lever. Elizabeta serait furieuse si je n'étais pas là pour lui dire adieu. »


Il était si occupé à chercher ses vêtements qu'il ne remarqua pas le regard interrogateur de Simion.

« Simion ? Ma bure ?

– Elle a été proprement incinérée. Son temps sur cette terre est achevé, et elle a reçu sa récompense. »

Simion étendit une pile de vêtements sur le lit et posa une paire de bottes à côté.

« Cela fera l'affaire jusqu'à ce que mon seigneur en obtienne plus pour toi. »

Nicolae examina chaque vêtement. Il y avait une chemise de lin blanc et doux, des bas, des braies noires et amples ainsi que des sous-vêtements. Il examina le dernier item et le prit avec un cri de joie.

« Le cadeau de Beta ! Je pensais qu'ils étaient fichus.

– Ce n'est pas facile d'enlever le sang, mais c'est possible. Ça va aggraver tes blessures ?

– Je ne pense pas. Je vais beaucoup mieux. J'ai toujours guéri très vite.

– Laisse-moi voir. »


Lorsque Nicolae hésita, Simion fit brusquement :

« Nous avons déjà parlé de ça, mon garçon. Je dois m'assurer que les plaies ne soient pas infectées. »

Simion prit à nouveau la jarre de baume.

« Montre-moi. »

Rougissant violemment, Nicolae se tourna sur le côté, soulevant le drap.

Simion regarda les fesses du jeune homme d'un air critique.

« Oui, beaucoup mieux. Elles vont guérir sans problème puisque les croûtes sont déjà bien formées. Maintenant, c'est juste encore un peu douloureux. Ne bouge pas. »

Il appliqua à nouveau le baume sur la chair abusée, soucieux de ne pas appuyer trop fort. Puis, sous prétexte de continuer à le soigner, il écarta doucement les fesses du jeune homme et regarda. Son ouverture était toujours petite et immaculée. Je connais mon seigneur. La Nature l'a généreusement doté et peu importe s'il se montrait tendre, il y aurait à coup sûr une déchirure puisque c'est la première fois pour le garçon. Il ne l'a pas pris comme ça la nuit dernière. Mon opinion sur sa retenue augmente de jour en jour. Il termina les soins avec un petit tapotement léger et alla se laver les mains.


Lorsque Nicolae enfila les braies et noua la ceinture, Simion suggéra :

« Serre fort sinon tu vas les perdre. Je les ai eues de l'homme le plus gros que j'ai pu trouver ici, pour qu'elles n'écorchent pas tes blessures. »

Nicolae sourit en remerciement, boutonnant la chemise.

« Et essaie les bottes maintenant. Je dois voir si elles te vont. »

Nicolae s'assit sur le lit et les prit, admirant le cuir luisant.

« Je suis sûr que oui.

– Pas de devinette, mon garçon. Si elles sont trop grandes ou trop petites, je dois les remplacer tout de suite. Tu n'iras pas loin sans agonie avec des bottes qui te vont mal. Laisse-moi t'aider. »

Il s'agenouilla devant le jeune homme et plaça un premier pied puis l'autre dans les bottes. Il laissa sa main rester un moment sur le mollet ferme et bien proportionné du jeune homme. C'était un plaisir d'effectuer de si petites tâches serviles pour quelqu'un d'aussi mignon et reconnaissant.

« Essaie-les. »


Nicolae se leva et fit quelques pas dans la chambre. Il se retourna vivement, souriant à Simion, et revint, faisant crisser les talons sur le sol de pierre. Simion lui rendit son sourire.

« Je devine que ce sont tes premières bottes. »

Nicolae hocha la tête, se penchant pour passer un doigt sur le cuir doux.

« C'est merveilleux. Mais je ne sais pas comment je pourrais rembourser le prince et je n'ai pas vraiment besoin de quelque chose d'aussi raffiné pour le château.

– Nicolae, tu ne pouvais vraiment pas porter ces sandales fragiles pour le voyage.

– Le voyage ? »

Le visage de Nicolae s'éclaira.

« Je vais voir le mariage de Beta ? »

Alors il ne lui a rien dit. Est-ce qu'il a simplement supposé que le garçon comprendrait après les deux dernières nuits ? Bon, si le prince n'a pas jugé bon de lui parler de sa nouvelle position, je n'en ferai rien.


« Oui, Nicolae. Tu vas assister au mariage de la dame Elizabeta. »

Il tapa des deux mains, sautant presque de joie.

« Je l'ai tellement souhaité ! J'ai même prié la Vierge Marie pour qu'elle me laisse y aller, si ce n'était pas trop compliqué. Mais je ne pensais pas que mon patron le permettrait.

– Le prince a insisté. Il sait à quel point tu apprécies la dame.

– Oh oui ! Il n'y a pas beaucoup de gens qui ont été vraiment gentils avec moi dans la vie, Simion. Beta, quelques frères, et maintenant vous et... et le prince.

– Tu le trouves gentil, Nicolae ? »

Nicolae sembla soudain de nouveau très intéressé par ses bottes.

« Je... j'avais peur de lui. J'ai encore peur de lui, un peu. Mais je ne pense pas qu'il me veuille du mal. Il s'est montré... gentil avec moi.

–Oui, Nicolae. Le prince Draculea peut se montrer gentil. C'est juste que peu de gens font resurgir ce côté de lui. Maintenant, que veux-tu prendre avec toi ? Tu n'auras pas besoin de grand-chose. Pas plus que ce qui rentrera dans ce sac. »


Simion ouvrit un sac en toile et se prépara à discuter avec le jeune homme sur ce qu'il emmènerait. Draculea voulait qu'il ait le moins possible pour lui rappeler cet endroit. Il voulait tout lui fournir.

Le jeune libraire lui lança un sourire rayonnant.

« Mes bagages sont facilement faits, Simion. Allons dans ma chambre. »

Une fois là-bas, il prit un rosaire et une Bible de la table, déposant le livre dans le sac. Puis il pendit le rosaire autour de son cou, embrassant le crucifix avant de le mettre sous sa chemise.

« Ça, je vais le porter. »

Simion regarda l'intérieur du sac puis Nicolae.

« C'est tout ce que tu veux ? »


Il haussa les épaules.

« C'est tout ce que j'ai.

– Mon garçon ?

– C'est vrai, Simion. Ça, la bure et les sandales, mais je n'ai pas envie d'en récupérer les cendres dans l'âtre et j'ai mes bottes maintenant. Tous les parchemins, l'encre, les plumes... ça appartient à mon patron. Franchement, c'est tout ce que j'ai mais c'est tout ce dont j'ai besoin. Maintenant... »

Il tapota son estomac.

« Je dois aller nourrir ce lion qui s'est installé dans mon estomac avant qu'il ne rugisse et n'effraie les femmes. »

Simion noua lentement le sac, regardant le garçon s'en aller. J'espère que cette bonne humeur durera une fois que tu connaîtras ta nouvelle situation, mon garçon. Je n'ai jamais connu quelqu'un avec une aussi mauvaise opinion de lui-même qui soit autant injustifiée.

Il passa par les cuisines pour aller dans la cour et il trouva Nicolae en train de manger du pain et du fromage, ignorant les restes abondants des pâtés en croûte qui avaient régalé la plupart des gens ce matin.

« Nicolae, veux-tu arrêter s'il te plaît de te laisser mourir de faim ! »gronda Simion.

Il posa une assiette bien remplie devant le jeune homme.

« Tu ne te rends pas compte à quel point tu me compliques les choses quand je dois t'amadouer pour que tu manges ? Tu as besoin de forces pour le voyage et si tu t'évanouis, je n'aurais pas fini d'en entendre parler. »

Simion avait bien jugé Nicolae. Alors que le jeune homme s'orientait vers l'abstinence, il ne pouvait pas supporter de créer des problèmes à quelqu'un qui s'était montré gentil avec lui. Simion quitta les cuisines, satisfait de voir que le garçon aurait un solide petit-déjeuner.


Draculea était dans la cour, supervisant le chargement des biens qu'Elizabeta emmènerait avec elle. Il soupira en indiquant à Simion la foule de voitures, de bêtes de trait et de montures.

« On imaginerait que je suis un potentat oriental qui ramène un convoi de trésor. Je pense pouvoir me justifier si je prends pas des hommes du seigneur Varga pour aider à monter la garde, mais ce ne sera pas plus de trois. »

Il lança un regard significatif à Simion.

« Un nombre facilement contrôlable. »

Simion sourit, comprenant.

« Alors, les affaires de Nicolae sont-elles empaquetées et prêtes à partir ? Je veux partir bientôt. Nous allons nous déplacer lentement et je ne veux pas gâcher la lumière du jour.

– Oui, seigneur. Ce fut fait rapidement. »


Draculea ne remarqua le ton ironique de son serviteur. Il désigna un cheval robuste qui portait déjà un certain nombre de ballots attachés sur son dos.

« Ça ira sur celui-là, ou bien dois-je demander une autre bête ?

– Je pense que ça ira.

– Bien. Prends les hommes qu'il te faut pour les porter. Nous sommes presque prêts à partir.

– Pas besoin de déranger les autres, Maria Ta. Je peux me débrouiller seul. »

Simion s'avança vers le cheval et attacha le sac aux cordes qui maintenaient les autres fardeaux en place.

Draculea regarda le sac mou, puis Simion.

« Simion, tu plaisantes ?

– Je plaisante souvent avec vous, mon seigneur, mais pas cette fois.

– C'est tout ?

– Non, mon seigneur. Il a un rosaire mais il préfère le garder sur lui. Ceci est sa Bible. »


Draculea soupesa le sac, sentant son mince poids, puis regarda à nouveau le reste de la caravane. Il tourna des yeux brûlants vers Simion. Varga, je ne pensais pas que ce serait possible pour vous de tomber encore plus en disgrâce, mais je crois que vous y êtes parvenu.

« Un livre et ses perles, c'est tout ce qu'il possède de matériel après dix-huit années passées sur cette terre ? Simion, le trousseau que Varga envoie avec sa fille remplit deux voitures et tient sur trois chevaux de plus, et c'est tout ce qu'il donne à son fils ? »

La voix de Draculea baissa jusqu'à un grondement.

« Ce sera une joie que de tuer cette vermine.

– Moins fort, mon seigneur, moins fort. »

Simion regarda avec soin autour d'eux mais ceux qui étaient autour semblaient affairés.


« Il est peu probable que le seigneur Varga soit aimé par ses gens, mais la loyauté peut aussi être inspirée par la crainte. Nous ne savons pas à quel point les oreilles de ses partisans sont affinées ni à quel point ils veillent sur son bien-être. Il vaut mieux ne pas parler de telles choses.

– Un sage conseil comme toujours, Simion. »

Draculea enfila ses gants en tirant vicieusement dessus, serrant les poings pour montrer de manière éloquente ce qu'il aimerait faire à son futur beau-père.

« Veille à ce que Nicolae soit confortablement installé dans une voiture avec le cuisinier. J'y ai fait mettre des coussins pour lui, et assure-toi qu'il ne les donne pas tous à l'autre homme. Je le connais assez bien maintenant pour savoir qu'il pensera en premier lieu au confort des autres. Je dois aller escorter mon épouse vers sa place. »

Nicolae se dirigeait déjà vers la cour et Simion le croisa dans les couloirs, le pressant. Le jeune homme mangeait une pomme, croquant alors qu'il se hâtait vers la cour. Simion songea qu'il n'avait jamais vu Nicolae aussi heureux et détendu. Dans ses nouveaux atours, bien nourri et joyeux, il semblait aussi bien que n'importe quel autre noble. C'est sans doute sage de la part de mon seigneur de le placer avec le cuisiner au lieu d'Elizabeta et ses dames. Je pense qu'il ferait battre quelques cœurs plus vite.

Dans la cour, Simion emmena Nicolae au véhicule qui serait juste derrière celui de Beta et ses dames. La voiture était ouverte, contrairement à celle des passagers, mais il y avait une lourde pièce de toile qu'on pouvait attacher si le temps se faisait mauvais. Comme Draculea l'avait prédit, la première chose que fit Nicolae après avoir salué le cuisiner fut de le forcer à accepter le plus gros coussin. Le cuisinier nota le regard d'avertissement de Simion et refusa gracieusement. Nicolae s'installa alors et observa le reste de l'activité avec des yeux pleins de vie.


Draculea sortit du château en menant Elizabeta par la main. La jeune femme était vêtue de vêtements de voyage solides mais riches, ses cheveux modestement recouverts par un voile pour les protéger de la poussière du voyage. Elle était suivie par ses demoiselles, toutes habillées de la même façon, et si excitées que ce fut surprenant qu'aucune d'entre elles ne s'évanouisse. L'excitation disparaîtrait certainement après quelques heures sur la route.

Elizabeta repéra Nicolae dans la voiture et lui lança un rapide sourire tandis que Draculea la conduisait à son siège. Ses deux plus jeunes dames de compagnie notèrent son regard et commencèrent à chuchoter entre elles frénétiquement. Elles tendirent le cou pour le voir alors qu'elles montaient dans la voiture, surprises que ce beau jeune homme soit le même bibliothécaire calme et simple qu'elles avaient l'habitude d'ignorer. Nicolae était parfaitement innocent de l'intérêt qu'il suscitait.


Il avait aussi suscité un intérêt dont il se serait bien passé. Le seigneur Varga remarqua le regard de sa fille. Quand ses yeux se posèrent sur Nicolae, l'homme se renfrogna. La dernière fois qu'il avait vu son fils bâtard, le jeune homme était meurtri, ensanglanté et complètement réprimandé. À présent...

Le cuisinier dit quelque chose à Nicolae et le garçon rit avec excitation. Il était l'image même de la jeunesse, de la joie et de la beauté. Varga avait le choix parmi les serviteurs de sa demeure mais ils provenaient tous de la masse paysanne et bien visible, vulgaires et robustes. Nicolae... Le sang que le seigneur Varga avait renié conférait au jeune homme une finesse que sa rude vie ne pouvait pas effacer.

Avant, cela avait été juste un désir basé sur la facilité mais à présent, Ernestu Varga sentit son désir augmenter rapidement. Il devait y avoir une façon pour lui d'avoir le jeune homme avant qu'il ne reparte après le mariage. Il devait juste guetter sa chance.


Ils furent enfin prêts à partir. Draculea, Simion, le seigneur Varga et les gardes, vingt hommes pour Draculea et trois pour Varga, montaient leurs chevaux rétifs. C'était une question d'honneur pour Draculea que d'être à cheval devant la garde avancée, guidant le groupe. Le seigneur Varga étant le second en rang, il venait ensuite et le reste du groupe se rangea derrière.

Tandis qu'ils passaient les portes du château, Nicolae prit son rosaire autour du cou et commença tranquillement à égrener les perles afin de prier pour un voyage paisible, laissant la litanie familière le bercer jusqu'à une sorte de transe paisible alors que le chariot sautait et se balançait sur la route.

Le cuisinier le regarda avec soin. Ainsi c'était le nouvel amant du Prince Vlad. Tout le monde dans le château était au courant, sauf peut-être la fille gâtée de la maison.


Il y avait vraiment peu de choses cachées dans un environnement aussi restreint. La première fois que le cuisinier en avait entendu parler, il avait été sceptique. Il ne connaissait Nicolae que comme une présence humble et fantomatique au château. Le bibliothécaire était méprisé par son maîtres et ses flagorneurs de serviteurs, traité avec une affection insouciante et désinvolte par Dame Elizabeta quand elle voulait bien en prendre la peine, et généralement ignoré par le reste du château. Ce jeune homme assis à côté de lui semblait totalement différent. Le cuisinier pouvait très bien comprendre pourquoi ce jeune homme pouvait devenir le favori d'un membre de la royauté. Bon, c'est plutôt bien. Il n'est pas aussi grand seigneur que certains. Il semble avoir bon cœur. Et ce n'est pas impossible qu'il se rappelle une gentillesse.

Le cuisinier prit un petit paquet dans ses affaires et donna un coup de coude à Nicolae. Nicolae finit un Ave et lui lança un regard interrogateur. Le cuisinier ouvrit l'étoffe et la lui présenta :

« Des pralines ? »

Les yeux de Nicolae s'éclairèrent alors qu'il tendit la main vers la friandise qu'on lui offrait, et le cuisinier sourit.







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