La scène fut très chaotique pendant un moment. Le chef de secte Ning n'attendit pas que Xiao Ning lui apporte l'épée ; il croisa ses mains pour former un geste rituel et se préparer à combattre la morte-vivante. Il était cinq heures passées, en plein été, et nous nous trouvions en hauteur. Les premiers rayons de soleil surgirent par les fenêtres du couloir de l'hôtel, étincelants et se précipitant vers la chambre. Xiao Ning ne s'était pas attendu à ce que je me lève tandis qu'il reposait sur mes genoux, alors il fut complètement éjecté du canapé la tête la première. Qui plus est, sa nausée n'était pas encore passée, alors il resta au sol dans un état de confusion absolue.

Étant données les circonstances, je pris une décision rapide. Je laissai Xiao Ning par terre pour le moment. Il était déjà tombé, de toute façon. Si je l'aidais à se relever maintenant, cela n'arrangerait pas sa nausée.

La seule chose qui comptait, c'était Xiao Duan. Elle avait volontairement accepté un talisman sur elle la nuit dernière, ce qui avait affaibli sa vitalité, et le fait de renoncer à son obsession avait également contribué à diminuer sa force. Elle n'était pas en état de supporter le moindre rayon de soleil, et encore moins les sorts que le chef de secte Ning comptait lancer. Si elle se faisait attaquer des deux côtés, Xiao Duan pouvait oublier la réincarnation.

En tant que professeur, mon élève était ma priorité absolue. Je passai à la charge, saisis le chef de secte Ning par la taille, le poussai loin de la porte et appelai Xiao Duan :

« Entre, vite ! »

Elle accourut aussitôt. Les tentures étaient tirées dans la chambre. Elle éteignit la lumière et se cacha dans un coin, l'air paniquée.

« Chef de secte Ning, calmez-vous un peu. Xiao Duan est mon élève. Elle veut bien venir à la secte de Maoshan pour se transcender. C'est moi qui l'ai oubliée en bas, c'est pour ça qu'elle a dû monter et toquer à la porte. Tout est de ma faute ! » expliquai-je au chef de secte Ning en refermant la porte.

Coopérative, Xiao Duan acquiesça frénétiquement à l'intention du chef de secte Ning.

« Bonjour, chef de secte Ning. Je suis volontaire. Je ne veux plus rester dans le monde des humains, je vous supplie de me transcender le plus vite possible. Je ne veux plus du tout suivre les cours du professeur Shen ! »

Le chef de secte Ning se calma alors un peu et demanda à son disciple en chef :

« Tiance, c'est bien vrai? ? Tu as dissipé le ressentiment de cette morte-vivante la nuit dernière ? »

Xiao Ning me lança un regard furieux, se releva tout seul et fit d'un ton glacial :

« C'est exact. Quand nous l'avons retrouvée hier soir, elle souhaitait déjà se réincarner. C'était juste qu'elle n'arrivait pas à quitter son corps. Le professeur Shen a alors contacté la principale Zhang qui nous a parlé de la vie de Duan Youlian. Nous l'avons aidée à voir sa famille une dernière fois, c'est ce qui a dissipé son obsession, et à présent elle peut se transcender. »

Le chef de secte Ning poussa un soupir de soulagement et félicita d'un ton modéré :

« Beau travail. Je vais contacter la secte de Maoshan pour qu'on nous envoie un véhicule afin de transporter la morte-vivante. »

Il se tourna de nouveau vers Duan Youlian.

« Pour te transporter jusqu'à la secte de Maoshan, je vais devoir envelopper ton corps et réprimer ton énergie Yin au maximum. Cela te protégera aussi du soleil. Tu acceptes ?

– Tant que ça ne fait pas mal, fit Duan Youlian.

– Ne t'en fais pas, ce sera comme si tes cinq sens étaient scellés. Tu ne sentiras rien. Quand tu reprendras conscience, tu auras déjà quitté ce monde.

– Merci beaucoup, chef de secte Ning, » fit Duan Youlian d'un air serein.

Sur ce, Xiao Ning sortit une longue bande de tissus jaune d'une armoire et s'en servit pour envelopper le corps de Duan Youlian. Ensuite, le chef de secte Ning prit un pinceau et du cinabre et, tout en psalmodiant, il peignit sur le tissu jaune une série de dessins que je ne compris pas.

« L'affaire de la morte-vivante est réglée, fit le chef de secte Ning en soupirant. Quand nous avons accepté la requête de la principale Zhang, jamais nous n'aurions cru qu'il y aurait un monstre si terrifiant dans cette classe. Sinon, nous ne t'aurions jamais envoyé seul dans la ville de H.

– Cela ne m'a pas dérangé, fit Xiao Ning d'un ton très calme. Après tout, le professeur Shen était là. »

Embarrassé, je me grattai la joue et fis :

« Non, non, je n'ai fait que mon devoir en tant que professeur. »

À six heures du matin, nous commandâmes un petit-déjeuner copieux. C'est moi qui mangeai le plus, j'étais vraiment affamé.

Après le repas, Ning Tiance me prit à part :

« Je me doute que si j'essaie de te parler sérieusement tout de suite, tu vas t'endormir pendant, professeur Shen. Nous avons couru toute la nuit et nous sommes éreintés. Allons nous reposer. Ensuite, j'aurai quelque chose à te dire. Même s'il y a des moustiques, des mouches, des cafards, des fourmis, des souris ou d'autres nuisibles, même si une équipe de démolition défonce la porte, tu dois promettre de m'écouter jusqu'au bout ! »

Il grinça des dents tout en parlant, ce qui me fit me sentir étrangement coupable. Je rentrai la tête dans les épaules et acquiesçai docilement.

Xiao Ning sourit enfin légèrement et il caressa ma tête en disant :

« Tu as failli m'éjecter de mon corps. »

Je me rendis dans la chambre d'ami, morose, pour me coucher. L'alarme de mon portable sonna à huit heures du matin. Je me glissai hors de ma chambre et vis que Xiao Ning dormait encore, alors j'en profitai pour emmener le chef de secte Ning chez le kiné.

Il était onze heures du matin quand nous revînmes à l'hôtel après la séance de kiné. Je tombais littéralement de sommeil et m'endormis dès que je posai la tête sur l'oreiller. Depuis que j'avais commencé à travailler, j'avais passé beaucoup de temps à dormir pour récupérer. Je n'arrivais tout simplement pas à avoir mon quota d'heures de sommeil. Ah, c'était vraiment ce qu'on appelait brûler la chandelle par les deux bouts.

Je dormis comme une souche. Les tentures de l'hôtel étaient parfaits pour bloquer la lumière du jour. Quand j'ouvris de nouveau les yeux, je fus incapable de dire quelle heure il était. Je cherchai mon portable à tâtons mais rencontrai accidentellement une main.

J'allumai la lampe de chevet et vis Xiao Ning assis au bord du lit et qui me tenait fermement la main.

« Qu'est-ce que tu cherches, professeur Shen ? »

Dans la pénombre, Xiao Ning avait l'air très beau. Ses lèvres étaient moites, ce qui me rappela les deux baisers de la veille.

« Je cherche mon portable pour voir l'heure, répondis-je machinalement.

– Il est vingt heures, m'informa Xiao Ning. Tu as faim ? »

J'interrogeai mon estomac et acquiesçai docilement.

« Oui. »

Xiao Ning appela la réception pour commander le repas. Je me ruai dans la salle de bains pour me passer de l'eau sur le visage et me brosser les dents. En repensant à l'apparence de Xiao Ning à l'instant, je sentis les cheveux de ma nuque se hérisser.

Avant de manger, je demandai avec circonspection :

« Xiao Ning, de quoi tu veux me parler ?

– Mange d'abord, me répondit-il d'un ton léger. J'ai peur que tu ne t'étouffes au beau milieu de la conversation, et alors je ne pourrai pas finir. »

Après un repas rapide et après avoir tout rangé, Xiao Ning me conduisit à sa chambre, me fit signe de m'asseoir sur le lit et fit :

« La voiture de la secte de Maoshan est arrivée en ville cette après-midi. Pendant que tu dormais, mon Shifu a déjà emmené le corps de Xiao Duan. Il ne reste plus que nous deux à l'hôtel. Il est vingt-et-une heures alors la principale Zhang et tes élèves ne risquent pas de se manifester dans l'immédiat. J'ai éliminé tous les imprévus possibles. Maintenant, accorde-moi cinq minutes. Les cinq prochaines minutes, même si un chien venait à me mordre, pourrais-tu ne rien faire ? »

Je fus intimidé par les manières impérieuses de Xiao Ning. Dans un murmure, je fis :

« Mais d'où viendrait le chien... ? Laisse-tomber, vas-y, parle. Même si le président m'appelle, je ne décrocherai pas ! »

Je mis mon portable en mode silencieux et contemplai intensément les yeux profonds de Xiao Ning.

Il me prit la main. Sa voix était aussi douce que le clair de lune la veille.

« Professeur Shen, je t'aime vraiment beaucoup, et toi, tu m'aimes aussi... n'est-ce pas ? »

Il avait commencé à parler avec beaucoup d'assurance mais l'incertitude sur ces deniers mots révélait sa nervosité.

Heureusement, j'étais aussi très nerveux alors je ne m’appesantis pas sur ses propos. Je baissai la tête et fis simplement :

« Oui. »

Ne me regardez pas comme ça. Moi, Shen Jianguo, durant mes folles années universitaires, j'étais devenu bon ami avec nombres de filles et avait courageusement couru après un senior sur le terrain de basket. Mais en vérité, j'ignorais tout de l'amour et c'était bien la première fois que quelqu'un me disait en face qu'il m'aimait.

Xiao Ning s'approcha de moi prudemment, passa ses bras autour de ma taille et demanda doucement :

« Je peux t'embrasser à nouveau ? Cette fois, ne t'occupe pas des moustiques.

– Ouais, » acceptai-je d'une petite voix.

Le magnifique visage de Xiao Ning se rapprocha lentement. Ses lèvres recouvrirent les miennes. Confus, je ne pus m'empêcher de penser à une chose : comment ça se faisait que Xiao Ning était amoureux de moi ? Pourtant, ce n'était pas lui qui avait caressé mon torse l'autre jour, non ?

Je jetai un coup d'œil discret à mon portable. Les cinq minutes n'étaient pas encore écoulées. Bon, je lui poserais la question dans cinq minutes, quand on aurait fini de s'embrasser.

La parole à l'auteur :

Xiao Duan accourut aussitôt. Les tentures étaient tirées dans la chambre. Elle éteignit la lumière et se cacha dans un coin, l'air paniquée.

Professeur Shen : Regarde-toi un peu, une magnifique morte-vivante. La secte de Maoshan n'a plus qu'à t'enrouler !

—

Le voyage mental de Xiao Ning sera détaillé plus tard. Seigneur, c'est si triste !

Commentaires :